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Lutte sociale Hammam

Plainte Six employées du hammam se révoltent

«UNE OASIS au coeur de Paris » proclame le prospectus, pour vanter les atouts du Hammam Med Center, son sauna, ses massages, son centre de soins esthétiques, son espace de restauration... L'établissement du quartier Ourcq (XIX e ) peut même se targuer d'avoir accueilli les candidats de la « Star Academy » ou le tournage de l'émission « E = M 6 ». Pourtant, six employées de ce « lieu de rêve et de détente », âgées de 18 à 55 ans, viennent de se constituer en collectif : « Stop à l'exploitation des femmes ! Stop à l'arnaque des clients ! » Elles ont fait appel à un avocat et s'apprêtent à interpeller la mairie de Paris et le préfet de police.
Les six masseuses et les esthéticiennes du Hammam Med Center dénoncent en bloc une « hygiène douteuse », « des conditions de travail intolérables » (voir encadré) , des « licenciements abusifs » - deux d'entre elles, remerciées en mars et avril dernier, ont saisi les prud'hommes - ainsi que des « tromperies sur les produits ».
« Stop à l'exploitation des femmes ! Stop à l'arnaque des clients ! » Quelques exemples des approximations de la maison dénoncées par le collectif : le « gommage aux sels de la mer Morte », compris dans le « forfait thalassimo » à 155 € est effectué avec du... sel de table ! Idem pour les massages « aux huiles essentielles » : le hammam utilise de l'huile d'amande douce, achetée par bidons de cinq litres, bien plus économique... Sur ces deux points, Yacine Téraï, le gérant de l'établissement, ne nie pas. Mais la visite, vendredi 14 mai, de trois inspectrices de la Direction de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), l'a fait réfléchir : « Nous allons modifier notre grille de soins », assure le jeune patron de 25 ans. Mais le gérant réfute les propos de ses employées lorsqu'elles affirment que « certains produits de soins du visage sont périmés », qu'« un même gant de gommage sert pour plusieurs clientes », « qu'un jour, faute de produits de soin, le gommage a été fait avec de la graine de couscous ! » ou encore que, dans la cuisine du restaurant, « de la mort-aux-rats traîne à côté des pâtisseries orientales »... Au début du mois, Fatou, Sondess, Narjess, Zarha, Khadouj et Eissia se sont présentées à la mairie du XIX e arrondissement. « Quand elles sont venues demander de l'aide, elles avaient la peur au ventre », se souvient Mahor Chiche, conseiller d'arrondissement chargé des droits de l'homme. Inquiètes mais déterminées.
Johan Weisz
Le Parisien , vendredi 28 mai 2004



Pratiques embrumées au hammam

Lundi 21 juin 2004

« Une oasis au coeur de Paris », promettent la brochure, le site Internet et la vitrine du Hammam Medina Center. Pas exactement ce que raconte un collectif d’employées de cet établissement de la rue Petit (19e) fraîchement licenciées ou en cours de licenciement. La direction les accuse d’avoir nui à l’image de l’entreprise. Les salariées racontent les soins « au sel de la mer Morte » réalisés au sel de cuisine, les gommages aux grains de semoule, l’utilisation de lotions périmés... « On m’a forcée à faire un soin des yeux avec « ce que je trouvais » parce qu’il n’y avait plus de produit spécifique », témoigne Narjess, esthéticienne.

Les ex-employées poursuivent aussi la direction devant les prud’hommes pour avoir contraint masseuses ou chargées de soins à faire aussi bien la cuisine, le service au bar que le ménage. Conseiller municipal dans le 19e et membre de SOS Racisme, Mahor Chiche s’alarme « du manque d’hygiène, de démocratie sociale et du sexisme », dans ce hammam.

Par la voix de son attachée de presse, la direction souligne que ce type d’établissement est « très difficile à tenir parce qu’il n’y a que des femmes et qu’elles se crêpent le chignon. » Le gérant affirme que le service des fraudes « n’a dressé aucun procès verbal à l’encontre de la société ». Depuis le début de l’affaire, le hammam aurait toutefois fait le tri dans ses produits et pris soin d’acheter « 400 kg de vrai sel de la mer Morte », qui semblait bien faire défaut à ses réserves.
Grégory Magne

Fronde d'esthéticiennes dans un hammam parisien

Par Cécile DAUMAS
jeudi 10 juin 2004 (Liberation - 06:00)

Des salariées menacées de licenciement pour s'être plaintes de leurs conditions de travail.

Vapeur, massages, thé à la menthe : dans le XIXe arrondissement de Paris, le Hammam Med Center est un endroit prisé par les jeunes bobos de l'Est parisien. C'est aussi un lieu de travail où six femmes, sur une vingtaine d'employés, sont en train d'être mises à la porte ­ deux le sont déjà. Milieu féminin par excellence, ce hammam est dirigé par un jeune gérant, Yacine Téraï. «Il ne nous disait jamais bonjour le matin, c'était tout de suite "fais ci, fais ça", explique Narjess, en procédure de licenciement. Si on discutait un ordre, il nous menaçait.» Alors que Narjess est embauchée comme esthéticienne, elle fait aussi le ménage, sert le thé à la menthe, prépare les salades en cuisine ou exécute quelques gommages dans la vapeur du hammam. «Le gérant ne supportait pas qu'entre deux rendez-vous d'esthétique, on ne fasse rien, dit Fatou, également esthéticienne. Il nous disait : "Je ne te paie pas à rien foutre." On était toujours sous pression.» Bonnes à tout faire, disent-elles.

Culotté. Personne n'ose remettre en cause l'autorité du gérant. Sauf une masseuse, de 54 ans. «Elle était plus âgée que nous, dit Fatou, 19 ans, elle connaissait ses droits et a commencé à réclamer pour nous toutes.» Elle est licenciée en mars. Une femme de ménage de 56 ans est également remerciée. Depuis, quatre autres jeunes femmes sont en instance de licenciement. Elles ont parlé au journal le Parisien et ont manifesté devant le hammam fin mai... «Elles ont dénigré l'entreprise, estime le gérant. Elles ont manifesté un jour où elles devaient travailler. Elles reviennent le lendemain avec le sourire, c'est un peu culotté.»

Avec le soutien de la mairie du XIXe arrondissement et SOS-Racisme, les six salariées du hammam ont monté un collectif «Stop à l'exploitation des femmes ! Stop à l'arnaque des clients». Car, les employées dénoncent aussi des tromperies sur la marchandise. «Le gommage au sel de la mer Morte était exécuté avec du sel de cuisine, expliquent-elles, le massage aux huiles essentielles avec de l'huile d'amande douce, nettement moins chère...»

Décongelé. En cuisine, les salariées disent avoir vu des cartons de pâtisseries orientales traîner par terre. «Les plats de tajine étaient juste décongelés avant d'être servis.» La répression des fraudes est passée, le hammam a revu les intitulés : le gommage est désormais au sel, le massage à l'huile d'amande douce. «Mais, précise Yacine Téraï, la répression des fraudes ne nous a pas sanctionnés. Elle nous a juste rappelé la réglementation.» Pour les tajines congelés, ce sont «les salariés qui les ont mangés et ils se sont régalés». La boîte de gâteaux qui traînait, c'est, dit-il, le fait d'une salariée qui voulait nuire à l'entreprise. Jeune patron de 25 ans, il ne «comprend pas ce qui lui arrive». «Je ne suis jamais sur le dos de mes salariées. Je leur demande juste d'être investies dans l'entreprise. Qu'elles prennent des initiatives, comme par exemple servir un thé à une cliente qui attend.»

Il dit faire lui-même le nettoyage de son bureau. «Leur souci, c'est qu'elles n'aiment pas le travail, assure-t-il, elles veulent la vie facile. Elles s'insurgent contre la polyvalence alors que c'est la première exigence d'un employeur. C'est plus simple de se présenter comme victimes.»

















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