Liberation, Lundi 10 juillet 2006
Rassemblement ce soir à Paris pour le Darfour
Urgence Darfour souhaite briser le silence entourant «le premier génocide du XXIe siècle».
"En silence, chaque mois, des milliers d'innocents tombent au Darfour", souligne Mahor Chiche, vice-président de ce collectif crée début 2005 et comprenant aujourd'hui une centaine d'associations, dont plusieurs rwandaises.
Car Urgence Darfour, présidée par Jacky Mamou (ancien dirigeant de Médecins du Monde), fait le parallèle et les associations rwandaises "voient tout de suite le lien", relève M. Chiche. "Pour le Rwanda les gens ont dit +çà s'est passé en quatre mois, on savait pas+", ajoute-t-il. "Au Darfour, il y a plein de gens, plein d'ONG qui y sont allés et qui ont essayé de raconter ce qu'ils ont vu. Mais çà ne passe pas, l'indifférence demeure".
Pour lutter contre "le silence qui couvre la poursuite des massacres" et contre "l'inaction", Urgence Darfour organise lundi soir à 20H00 au Théatre de la Madeleine (8ème) un "meeting". Au programme, projections de clips et prises de paroles de personnalités signataires de son appel, de l'ancien ministre Jack Lang, à l'écrivain Bernard Henri-Lévy, en passant par le philosophe André Glucksmann, l'acteur Richard Berry, l'écrivain Marek Halter, le chanteur Youssou N'Dour. Des membres de l'équipe de France de football sont également attendus ainsi que beaucoup d'autres personnalités.
Le collectif, qui fait partie d'un réseau européen inspiré de l'initiative américain Save Darfur, souhaite "peser sur le gouvernement français avec trois objectifs.
Tout d'abord, l'augmentation "massive" de la contribution française au Programme alimentaire mondial (Pam) pour cette région de l'ouest du Soudan déchirée par une guerre civile opposant le régime islamiste de Khartoum allié à des milices arabes à des groupes rebelles issue de la population noire locale. Depuis février 2003, ce conflit "oublié" a fait de 180.000 à 300.000 morts, essentiellement des civils, et 2,5 millions de réfugiés et déplacés.
Mais Urgence Darfour demande également que la France fasse voter en urgence au Conseil de sécurité une nouvelle résolution, et mette ses troupes stationnées en Afrique "au service de la protection des civils du Darfour" dans le cadre d'une "intervention sous l'égide de l'Onu", farouchement rejetée par Khartoum.
Le vice-président du collectif estime que la communauté internationale doit passer outre le refus du régime "illégitime" de Khartoum (arrivé au pouvoir par un coup d'Etat) d'accueillir des Casques bleus et "cesser de se servir de la sémantique" (certains responsables notamment américains parlant de "génocide" d'autres récusant ce terme) comme "prétexte à la non-intervention".
"Il suffirait que deux avions (de la communauté internationale) décollent pour que cela cesse", affirme-t-il.
La mission de l'Union africaine (UA), qui doit se prolonger jusqu'à fin 2006, est "sous-payée", "sous équipée", et "dépourvue de mandat", estime Urgence Darfour, qui réclame également "des élections libres sous supervision de l'ONU".
"Elles seules permettront", selon M. Chiche, "un arrêt définitif des massacres qui se poursuivent malgré la trève conclue en septembre 2003 et confirmée en avril 2004 et l'accord de paix" d'Abuja, en mai dernier.
Il s'agit lundi pour Urgence Darfour de "briser le silence, pour ne pas être complice d'un autre génocide".
Brigitte VITAL-DURAND
Commentaires
bravo pour votre initiative du theatre de la Madeleine
j'ai du mal à comprendre que la mobilisation ne soit pas plus importante.
journalistes, diplomates, politiques, et citoyens mobilisez vous poru faire cesser ces massacres.