Une odeur de souffre plane sur le 19e arrondissement de Paris
Par Yoni Sarfati
pour Guysen International News
Les agressions antisémites commises dans le dix-neuvième arrondissement de Paris contre la communauté juive ne semblent pas s’estomper. Deux mois à peine après l’agression du jeune Rudy âgé de 17 ans qui avait plongé la communauté juive dans la perplexité et l’anxiété, une nouvelle agression ce samedi vient s’ajouter à ce triste palmarès.
Trois jeunes juifs qui portaient la kippa ont de nouveau été pris pour cible dans la même rue où s’était déroulée l’agression précédente (Rue Petit).
L’un des jeunes regagnait sa maison après Shabbat (jour de repos hebdomadaire observé par les juifs pratiquants) lorsqu’il a reçu un caillou sur la tête. «Il s'est alors retourné, a demandé aux cinq jeunes en face quel était le problème», raconte son père. C’est alors que le caïd de la bande d’agresseurs a proposé au jeune juif de descendre « pour aller se frapper dans le parking ».
Lorsque le jeune juif a décliné l’invitation il a alors reçu des coups, selon le père de la victime qui habite dans le quartier avec ses trois enfants depuis une douzaine d’années. Ses deux amis se sont également retrouvés à terre avant d’être roués de coup
Deux des victimes ont eu le nez fracturé et des contusions ont été constatées sur le corps d’une des victimes. Les trois adolescents ont par la suite été hospitalisés. Des témoins de la scène ont souligné « que cela aurait pu être bien plus grave si des passants n’étaient pas intervenus ».
Norbert.B a déclaré à la presse que la bande de voyous n’avait proféré « aucune insulte antisémite » mais a ajouté « qu’ils ne pouvaient ignorer la judaïté de leurs victimes ».
Une enquête a été diligentée avant même que les trois agressés ne déposent plainte au commissariat du quartier. Dès samedi soir le directeur de cabinet du préfet de police de Paris Christian Lambert s’est rendu sur les lieux de l’agression puis a rencontré les trois adolescents hospitalisés.
Le 19ième arrondissement abrite une importante communauté juive qui côtoie également une forte minorité musulmane. Les tensions entre les communautés sont légion. Les affrontements entre les deux communautés avaient connu une recrudescence dans les années 2000 durant la seconde Intifada et la police était souvent intervenue dans le parc des Buttes-Chaumont pour disperser les heurts qui se produisaient essentiellement le samedi alors que la jeunesse juive a l’habitude de flâner sur les pelouses du parc.
Dans le cas d’espèce le caractère antisémite n’a pas encore été retenu à l’encontre de la bande d’agresseurs mais si celui-ci devait être officiellement établi, les peines encourues devraient s’alourdir et la justice pourrait requérir trois ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amendes contre la bande de voyous.
Néanmoins, pour le président du CRIF (conseil représentatif des institutions juives de France) Richard Prasquier le caractère antisémite de l’agression ne fait aucun doute. Ce dernier s’est en effet déclaré « certain » de la nature de l’évènement.
Parmi, les trois garçons, deux sont lycéens en première et terminale S et le troisième bientôt à la faculté d'Assas mènent, selon Rafael Haddad de l'Union des étudiants juifs de France, une vie rangée, entre l'école juive, la synagogue et la maison.
Du côté des pouvoirs publics, la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie a condamné « avec la plus grande fermeté l’agression antisémite perpétrée contre trois jeunes qui se rendaient à la synagogue» tandis que le maire socialiste de la capitale Bertrand Delanoë a exprimé son désir « de voir les auteurs de cette attaque antisémite qui se situe aux antipodes des valeurs défendues par Paris » appréhendés dans les meilleurs délais.
Le climat qui règne aujourd’hui dans le quartier semble de plus en plus délétère à en croire les déclarations de certains politiques.
Le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis trouve que «ça commence à faire beaucoup» et qu’il faut «prendre des mesures pour que cette tension cesse» dans le quartier.
Le sénateur-maire du 19ième Roger Madec condamne «cet acte de violence inqualifiable» mais s’en remet «à la police et à la justice pour arrêter et punir les auteurs de cette agression», qu’il croit tout de même«antisémite, puisque ces jeunes portaient une kippa».
Enfin, Mahor Chiche élu du XIXème arrondissement et membre de SOS Racisme expliquait que « le samedi, c’était la guerre des bancs entre des jeunes juifs et des gars des cités environnantes ».