Le choix de l’efficacité
Habile et ayant tiré rapidement ses leçons du 21 avril, la droite passe à l’offensive sociale et idéologique. La nature de la politique conduite par le gouvernement Raffarin ne fait pas mystère : remise en cause des acquis sociaux de la législature, baisses d’impôts – inclus l’ISF, suppressions de postes dans la fonction publique, accent résolument répressif de la politique de lutte contre l’insécurité, tripatouillages des modes de scrutin, annonce de la réforme des retraites, sont autant de mauvaises nouvelles pour le salariat. Elles constituent de graves remises en causes des conquêtes, non seulement récentes, mais aussi plus anciennes comme les 37 annuités et demie dans la fonction publique.
Sur le plan idéologique, elle est par ailleurs en passe de réussir ce dont elle n’avait jamais osé rêver jusqu’ici : prendre sa revanche sur l’héritage idéologique et sociétal de mai 68.
Partout dans la société, les valeurs de l’argent roi, de la marchandisation, de la possession et du paraître, de l’individualisme et du communautarisme (qui ne sont contradictoires qu’en apparence) progressent au détriment de celles de la République, de la laïcité, du vivre ensemble, du métissage et de l’avenir commun.
Faut-il pour autant en conclure que les valeurs du libéralisme ont définitivement triomphé ? Non. Les succès rencontrés par les mouvements alter-mondialisatistes, la réaction massive de la jeunesse entre les deux tours des présidentielles, la formidable mobilisation en faveur de la paix ces dernières semaines, ou encore l’écho suscité par la marche des femmes contre les ghettos et pour l’égalité laissant entrevoir de nouvelles perspectives au féminisme, témoignent que les choses sont plus ambiguës qu’il n’y paraît.
La gauche, qui affrontera deux nouveaux rendez-vous électoraux dès 2004, doit retrouver son leadership idéologique, sociétal et culturel, afin d’éviter sa division entre deux pôles (gauche radicale d’une part, gauche gestionnaire de l’autre) qui la réduirait à l’impuissance.
C’est ce type de situation “ à l’italienne ” que nous avons vécue au second tour de l’élection présidentielle : une gauche potentiellement majoritaire en est réduite à arbitrer entre la droite et l’extrême droite. Empêcher qu’elle se reproduise, repartir de l’avant en s’appuyant sur le potentiel de mobilisation de la société : tel est l’objectif qui guide la Gauche socialiste depuis le 21 avril. Il passe par la reconstruction du Parti socialiste.
Qu’est-ce que la Gauche Socialiste ?
La Gauche socialiste n’est pas seulement un collectif de militants, ni même un simple “ courant ”du Parti socialiste. Occupant une place originale dans l’histoire du mouvement ouvrier de ces vingt dernières années, au regard de la crise actuelle de la social-démocratie européenne et française, la Gauche Socialiste représente beaucoup plus que cela. Allons à l’essentiel :
· Elle a permis, par la création de SOS-Racisme, de former plusieurs générations militantes.
· C’est le courant de la social-démocratie qui a refusé la mise en place du nouveau désordre mondial en votant contre la guerre du Golfe, en 1991.
· Elle a été à l’origine d’un réarmement idéologique du Parti socialiste ayant conduit à la victoire de la gauche aux élections de 1997, en défendant l’alliance rouge-rose-vert et les 35 heures par la loi sans perte de salaire.
· Elle a réussi à coordonner l’action des socialistes européens prônant la rupture avec le libéralisme et à l’articuler avec le mouvement alter-mondialiste, grâce à la République Sociale Européenne et à l’investissement dans les Forums sociaux et le combat pour la taxe Tobin.
Comment tout cela a-t-il été possible ? Non seulement en fonction de nos forces numériques, mais avant tout en nous appuyant sur des principes d’action forts :
· Le refus de l’avant-gardisme – souvent cache-sexe d’un élitisme antidémocratique – qui fait de nous des militants du Parti socialiste.
· Le lien constant entre action politique et investissement dans les mouvements sociaux.
· La recherche, à chaque étape, de la stratégie de rassemblement des forces de transformation sociale adaptée à la situation politique et au mouvement social.
· Une démarche inclusive, à vocation majoritaire au sein du PS, qui a permis la synergie entre les groupes ayant rejoint à différentes époques ce qui est devenu la Gauche socialiste. Cette démarche reposant sur une méthode : le débat démocratique.
Et pourtant, la Gauche socialiste a souffert d’une faiblesse qui explique, au-delà du rôle des individus et de l’impact du 21 avril, sa situation actuelle : l’incapacité à bien appréhender les contradictions induites par sa participation – ou sa non-participation - au gouvernement.
C’est au regard de ces éléments que doivent s’apprécier les événements survenus au sein du pays, du Parti socialiste, et de la Gauche socialiste depuis le 21 avril.
Que s’est-il passé le 21 avril ?
La défaite n’est pas un accident de l’histoire. Abstentionnisme, décrochage des couches populaires, vote protestataire avaient déjà entraîné une défaite aux municipales, masquée par les succès de Paris et Lyon. Une autre campagne électorale, sur la forme et surtout sur le fond, aurait peut-être pu éviter la catastrophe. En tout état de cause, le Parti socialiste s’est retrouvé derrière l’extrême droite. Si nous avons perdu, ce n’est certainement pas seulement de la faute… des autres !
Pourtant la gauche était fière de son bilan. Mais il y a eu deux périodes dans la dernière législature (1997-2000 / 2000-2002). Il y a le temps du volontarisme des conquêtes où la gauche maintient le cap, permettant d’asseoir la croissance économique. Puis, s’empêchant de redistribuer les fruits d’une croissance enfin retrouvée en augmentant les salaires et en réduisant la précarité, le gouvernement baissait les impôts et mettait l’accent sur la réduction des déficits publics. Les ambiguïtés initiales de l’orientation équilibrée du réalisme de gauche ont été ainsi levées de facto.
Cette défaite clôt en fait un cycle politique tout entier. Pour la troisième fois, la gauche a échoué après avoir gouverné. Après chacun de ces échecs, jamais une doctrine socialiste efficiente n’a été redéfinie. A présent, il faut en tirer toutes les leçons. Retenons les principales :
· une coupure avec les couches populaires et la société réelle, une incapacité à empêcher la progression des inégalités (ghettos, précarité, salaires) et un autisme politique face à la souffrance sociale (violence, pouvoir d’achat), renforcé par les théories sociales-libérales selon lesquelles les “ classes moyennes ” devenaient le nouveau cœur de l’électorat socialiste,
· une impuissance du politique face au capitalisme financier transnational (volontarisme de réforme borné par l’acceptation du pacte de stabilité et l’absence d’une véritable stratégie de construction politique de l’Europe pour lutter contre la mondialisation libérale),
· une crise de la démocratie, conséquence directe des deux premiers points.
· une défaite culturelle produite par l’absence de résistance et d’idéal collectif à opposer à la domination de l’idéologie libérale, voire une conversion au discours de l’adversaire induisant une délatéralisation,
· un échec stratégique : l’unité de la gauche a été compromise par l’inversion du calendrier, mais aussi par les limites intrinsèques de la gauche plurielle : pas de contrat de gouvernement, pas d’états généraux réguliers. Elles renvoient à une conception caduque du changement social aggravée par la pratique des institutions de la Vème République, coupant la gauche au pouvoir de sa base sociale.
Délaissant ceux qu’elle doit défendre, la gauche traverse une crise d’identité d’une très grande ampleur. Il en résulte à présent une coupure entre d’un côté une gauche “ officielle ” et gestionnaire, et de l’autre une gauche “ contestataire ” et radicale qui peut durablement éloigner toute perspective de reconquête.
Que va devenir le Parti Socialiste ? Quel PS voulons-nous ?
Le 21 avril ouvre une période radicalement nouvelle pour le PS qui demeure la colonne vertébrale de la gauche. Il se retrouve sans chef-candidat, sans majorité pré-établie tellement le choc est grand. Très vite, l’urgence du débat se fait sentir, les lignes bougent. A ce moment-là, tout est possible pour le congrès de Dijon : le pire comme le meilleur.
Le pire, c’est la prise de contrôle du PS par son aile libérale, sa “ SFIOïsation ”, le règne des chefs tribaux et des intérêts de wilayas, l’évitement du débat nécessaire et l’impuissance organisée. C’est l’opposition pour de longues années, avec un schisme profond entre deux gauches.
Le meilleur, c’est un PS de masse et populaire, qui se recompose et entame son travail de refondation politique, idéologique et militante. La reconstruction de la gauche c’est une évidence, ne pourra se faire selon le même schéma qui a prévalu depuis 30 ans. Elle doit être à l’image de la transformation sociale que nous voulons : à l’image d’une société mobilisée, d’une gauche idéologiquement armée et reposant sur un militantisme populaire. Il faut donc mettre en synergie la gauche syndicale, la gauche associative, la gauche alter mondialiste, la gauche sociétale, avec la gauche politique : comme toujours dans l’histoire de la gauche française, c’est la forme et le contenu du front unique qui déterminent le reste. A l’heure de la démocratie participative, c’est l’objectif de la coalition arc-en-ciel que nous proposons. Pour cela, nous avons besoin d’un PS fort et combatif, militant, fraternel, qui propose des perspectives militantes concrètes pour mobiliser autour de lui, se ressourcer et refonder son projet avec les siens et non pas à leur place, un PS efficace dès à présent dans l’opposition face à la droite.
Après le 21 avril, la spécificité de la GS nous place au centre du débat, c’est-à-dire en position de force pour agir. Solidement armée pour entrer dans cette nouvelle période, la GS est le collectif militant le mieux formé, le plus homogène, et disposant de l’acuité la plus grande sur les causes de l’échec de la gauche. Elle est en capacité de devenir le pivot de la refondation du Parti Socialiste. Notre objectif : que notre orientation soit majoritaire dans le parti et empêcher sa prise de contrôle par les “ sociaux-libéraux ”.
A cet égard, nous avons posé des premiers actes :
· Dès le 23 avril 2002, par une déclaration rendue publique, la GS appelait la gauche à tirer toutes les leçons de l’échec et le PS à une réorientation de son programme pour les législatives sur cinq points : refus de toute privatisation des services publics, refus de toute remise en cause des acquis de la retraite à 60 ans, défense du pouvoir d’achat et conférence salariale, politique d’envergure pour casser les ghettos, défense du pacte républicain et de la laïcité contre le communautarisme.
· Nous avons pesé sur le contenu de la nouvelle plate-forme socialiste pour les législatives, celle-ci marquant une inflexion très nette par rapport au projet de Lionel Jospin qui n’était “ pas socialiste ”.
· Après les législatives, nous avons suspendu notre participation au secrétariat national du PS pour refuser une réorganisation de la direction qui aurait traduit de facto un changement d’orientation du parti. Il devenait clair, à partir de ce premier succès, que nous devions nous situer au cœur du dispositif de reconstruction du Parti socialiste.
Pourquoi avons-nous refusé la fusion à marche forcée avec Henri Emmanuelli ?
Une alliance entre les motions 2 et 3 n’était pas la hauteur de l’enjeu. Argelès a montré clairement que cette démarche interdit d’elle-même les éventuelles autres étapes puisque la dénonciation agressive des errements de la direction du parti, prise comme un tout, n’a contribué qu’à ressouder la majorité. On peut par ailleurs s’étonner du “ flop ” de la contribution de Nouveau Monde, dont la phraséologie pseudo-révolutionnaire ne parvient pas à masquer la faiblesse des propositions.
Il ne s’agissait pas d’une stratégie de refondation politique, ni sur le fond, ni dans les méthodes employées en rupture avec la pratique du débat démocratique au sein de la GS. Nous avons donc refusé cette fusion avec la motion 3 : elle n’était pas à même d’offrir une voie efficace pour donner au PS une nouvelle majorité ancrée à gauche. Elle enfermait la GS dans un ghetto minoritaire et un rôle de témoignage. La Conférence nationale ouverte que nous avons alors proposé d’organiser, s’inscrivait dans une toute autre logique : la transcroissance.
Camper dans une minorité délimitée permet de se dire “ le PS va mal, mais moi je suis de gauche et je n’y suis pour rien ”. Mais précisément, si, un courant comme la GS y peut quelque chose, il a un grand rôle à jouer. La scission, dans ces conditions, est un acte criminel. Elle a brisé un collectif militant d’une rare valeur au moment où son utilité pour toute la gauche n’avait jamais été aussi cruciale. Elle a grandement obscurci les perspectives de voir le PS se doter d’une majorité ancrée à gauche. Peut-être a-t-on sous-estimé son incidence. Tous ensemble, nous aurions été plus forts. La GS scissionnée de force, la tâche devient plus dure et nous ne sommes pas sûr de réussir à la mener à bien, même si l’objectif ne varie pas d’un pouce.
Pourquoi avions-nous fondé le NPS et quelles sont les véritables raisons de l’excommunication de Julien Dray ?
Face au blocage de la situation après la scission de la GS, nous avons posé une première pierre en créant le NPS avec Vincent Peillon et Arnaud Montebourg, puis avec Nouvelle Gauche. Cette démarche correspondait à notre volonté exprimée à Nantes de jouer un rôle central dans la refondation du PS. L’effet a été immédiat chez les militants : NPS a suscité une dynamique qui correspondait aux attentes de renouveau et de recomposition. Nous en tirons 2 enseignements.
· La demande de débat est forte au sein du parti après le 21 avril et les militants veulent une refondation,
· les lignes commencent à bouger dans tout le parti et donc dans la majorité.
Le dépôt des contributions générales au congrès de Dijon a confirmé ce constat :
· le fait que 15 contributions générales issues de la seule majorité aient été déposées est une victoire de NPS. La création de NPS a largement contribué à cet émiettement.
· tous les observateurs ont noté les convergences sur un certain nombre de questions clés, y compris entre les trois contributions NPS-NM-Hollande.
Cependant, des difficultés politiques se sont posées au NPS dès la phase de la contribution :
· des problèmes de fond, notamment sur le financement de la sécurité sociale et sur les retraites, comme sur le choix d’un texte plus accessible, nous différenciant davantage des autres contributions grâce à une contribution incarnant en soi une rénovation des pratiques militantes. Cependant, ces divergences n’étaient pas anormales dans un processus rassemblant des militants venus d’horizons différents. Au final, notre contribution n’en est pas moins un texte de bonne qualité qui doit beaucoup à la GS.
· un désaccord sur le mode de fonctionnement du NPS, qui n’est ni démocratique ni même collectif quant à ses modes de décision et laisse une trop grande place à des logiques individuelles par rapport à l’expression collective des militants.
· une divergence stratégique similaire à celle rencontrée à Nantes. Nous n’avons pas refusé de fonder NM pour nous enfermer dans une logique minoritaire comparable. Le NPS n’est pas une fin en soi. Il n’a pas vocation à constituer une petite boutique de plus, ni une écurie présidentielle, mais bien à engager un processus pour faire bouger tout le parti. L’absence d’esprit d’ouverture à l’égard de ceux qui ont fait connaître leurs divergences au sein de la majorité, le refus de participer au débat d’idées avec l’ensemble des contributions générales déposées pour le congrès, dévoient la démarche de NPS.
Plutôt que d’accepter le nécessaire débat sur la stratégie et le fonctionnement de NPS, Vincent Peillon, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon ont préféré résoudre le problème en considérant que Julien Dray s’était mis “ de lui-même en dehors du NPS ” ( !). Qui peut croire dans ces conditions que le NPS pourrait incarner une rénovation des pratiques ? Mais il y a encore plus grave : cet acte traduit en fait un changement de stratégie. Désormais il s’agit d’organiser un front de motions aux positions disparates et antagonistes, d’Utopia à NM, en passant par Dolez et NPS, pour faire un putsch et renverser la direction du parti, faisant ainsi prévaloir la batailles pour les postes sur le débat d’idées.
Voilà la véritable raison de cette excommunication : ils voulaient faire prendre à NPS un tournant stratégique en rupture avec l’orientation majoritaire défendue dès le départ et dans laquelle nombre de militants du parti s’étaient engagés sincèrement. Sans la Gauche Socialiste, NPS change de nature et devient une écurie de plus.
Que peut-on attendre du congrès de Dijon ?
Le congrès de Dijon est depuis le début annoncé comme un moment essentiel où les socialistes devront tirer les conclusions du cycle politique commencé à Epinay en 1971, et qui vient de se clore le 21 Avril. Ce congrès aurait pour rôle d’une part d’assurer la nécessaire clarification idéologique et culturelle, et d’autre part de dessiner la stratégie et les repères politiques essentiels pour le cycle politique qui s’ouvre. Dans ce congrès, les “ sociaux-libéraux ”se compteraient et un vaste bloc de gauche prendrait la direction du parti : voilà pour le rêve.
Dans la réalité, à une exception près (qui n’est d’ailleurs pas le congrès d’Epinay) ce type de congrès n’a jamais existé au PS. Et surtout, les sociaux-libéraux, parce que minoritaires dans le parti ont d’emblée refusé de se compter. Fermez le ban !
Ne faisant pas de la lecture dans le marc de café un guide d’action politique, nous ignorons la forme exacte que prendra le congrès. Nous connaissons en revanche les scenarii possibles :
· Le scénario “ évitons le débat ” : la gueule de bois du Parti a pu servir de prétexte paradoxal à l’évitement du débat, présenté comme source de divisions et d’affaiblissement .Cela mène au statu quo. Pour les courants du socialisme libéral qui ne veulent pas – et pour cause – sortir du bois, cette dialectique est bien sûr opportune.
· Le scénario “ 1946 : sortons les sortants” : Ce fut le congrès de la SFIO qui vit Daniel Mayer - ami et proche d’un Léon Blum - se repositionnant nettement après guerre sur la droite du parti - être débarqué par un “ front de refus ” qui mit au pouvoir, gauche du parti en tête, un jeune inconnu nommé Guy Mollet. Les seules qualités de ce dernier ? : se retrouver à la tête d’une puissance fédération et de ne jamais se départir d’une vulgate marxiste parfaitement orthodoxe. Vingt ans de déclin et de honte pour la SFIO devaient s’en suivre.
· Le scénario congrès de Rennes : le PS n’est pas débarrassé des vieux démons de la Vème. La proximité politique des contributions générales en a surpris plus d’un, et risque de déplacer le débat vers l’affrontement cru des personnes et des ambitions.
La marge est étroite : il nous faudra imposer le débat, refuser le consensus. Toutes nos difficultés tiennent à l’analyse de l’étroitesse de cette marge, mais il n’est pas d’autre chemin pour rénover notre Parti et refonder le parti socialiste et la gauche. A cette étape, le congrès du Parti Socialiste ne sera pas l’aboutissement du combat contre les “ sociaux-libéraux ”. Il ne sera que son point de départ : à la GS de trouver le positionnement stratégique le plus efficace pour peser dessus et rénover le parti.
Pour prendre toute notre place au Parti socialiste, il nous faut :
· Refuser le putschisme et la constitution d’un cartel de motions sans base idéologique ni convergences réelles (un front Utopia-NM-NPS-Dolez n’a aucun cohérence de fond tant les idées défendues par ces contributions sont – sur bien des points – antagoniques). Il ne s’agirait donc plus d’une logique de refondation politique mais d’une révolution de palais. Forts de notre expérience à la direction du parti dans la période 1993-1995, nous savons que ce type de stratégie empêche en fait toute clarification de fond et affaiblit le PS. A terme, elle a conduit en Grande-Bretagne à la victoire de Tony Blair dans le Parti travailliste.
· Refuser la perpétuation du duo complice qu’offriraient une majorité sociale-libérale d’un côté et une minorité lyrique et impuissante de l’autre. Toute notre action depuis le 21 avril vise à éviter cette dynamique qui entérinerait le déclin du PS.
· Nous organiser pour peser efficacement sur l’avenir du PS. Le PS a besoin de la Gauche Socialiste a sa tête pour engager sa refondation, sauf à considérer que nous aurions moins de légitimité que les sociaux-libéraux pour le diriger. Notre place se trouve donc bien dans la majorité qui sera issue du congrès de Dijon. Nous n’avons pas vocation à y constituer une quelconque “ aile gauche ”, mais la colonne vertébrale idéologique : c’est dès la phase de rédaction de la motion du Premier secrétaire pour influer au maximum sur son orientation que nous serons présents et actifs.
Plus que jamais, donc, la Gauche Socialiste continue. Mais elle a tiré les leçons des cinq dernières années, et pris acte de la période qui s’ouvre avec la défaite du 21 avril. C’est désormais dans une fonction d’opérateur, à la tête du Parti socialiste, que doit se situer son action.