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  • L’impasse de Marine Lepen

     

    Marine Lepen est parvenue à être la troisième de cette course à la présidentielle 2012. Avec 17,9 % des suffrages, la candidate du Front national, a réalisé un score historique en dépassant celui de son père de 2002 de deux points.

    Le Front National devient ainsi la troisième force politique du pays, mais il convient d’en relativiser la portée.

    1-      L’extrême droite ne progresse pas

    Une fois la déception passée de voir le Front National toujours aussi fort dans les urnes qu’avant la campagne de 2007 où le FN avait fait son plus mauvais score ; il convient de constater avec lucidité que le score de Marine Lepen est égal à celui de Jean Marie Lepen et Bruno Mégret  de 2002 additionné.

    L’inquiétude réside dans le fait que malgré une participation importante le FN se situe à ce niveau électoral. Surtout, dans les régions françaises qui vont mal, le FN atteint des pics historiques.

    Dans les villes minières, à Florange, Gandrange ou Hayange, ainsi que dans les Alpes Maritimes (23.6%),  le vote FN est avant tout un vote sanction de Nicolas Sarkozy l’illusionniste.

    Ce vote FN de 2012 n’est pas un vote d’adhésion à l’idéologie raciste du parti, mais révèle le  souci de protection des millions de Français. Comme l’a expliqué Ramayade, « les français qui votent Marine Lepen en sont pas des racistes, ils veulent renverser la table ».

    Cette protestation de la France qui souffre a pris les couleurs de Marine Lepen elle aurait pu prendre celle du Front de gauche si jean Luc Mélenchon avait réussi à se libérer de l’image de candidat du « vieux » Parti Communiste Français.

    En France, le désespoir est si grand que les extrêmes sont à 30%.

     

    2-      La dédiabolisation du FN n’a pas fonctionné

    Marine Lepen voudrait être la « Gianfranco Fini » à la française la chef d’une formation d‘extrême droite capable de s’allier avec une partie de la droite républicaine et de gouverner.

    L’image policée du « Front National version MLP » est retombée ces derniers mois à plusieurs reprises.

    En premier lieu, de nombreux cadres et militants ont refusé cette mutation freinant ainsi l’élan voulu. L’extrême droite française ne s’est pas unie autour de Marine Lepen.

    En second lieu, Marine Lepen a refusé de condamner les propos terrifiant de son père sur la tuerie d'Oslo et d'Utoya. M. Le Pen avait fustigé la "naïveté" du gouvernement norvégien face au "danger" du "terrorisme" et de "l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier".

    Surtout, et c’est sans doute sa première faute politique personnelle, Marine Lepen s’est rendue à l'invitation du dirigeant du parti d'extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, à Vienne, à un bal organisé - le jour de la commémoration du 67ème  anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-  par des corporations d’extrêmes droites interdisant l’entrée aux juifs et aux femmes.

    Ce couac de la campagne l’a déstabilisé dans sa tentative de dédiabolisation. Pris dans son corpus idéologique, Marine Lepen n’a jamais réussi à expliquer pourquoi il était à ses yeux important de se rendre dans une telle soirée.

    Durant cette campagne, Marine Lepen a éludé l’histoire de son parti, de son père, de ses liens avec des racistes ; or, le nouveau populisme moderne ne peut pas prospérer sans la rupture réelle avec les tenants du nazisme, de la collaboration, de la colonisation, et de la priorité nationale.

    La dédiabolisation a séduit, mais en ayant raté la dédiabolisation de son parti, Marine Lepen se retrouve dans la situation de son père, et de celle de François Bayrou à savoir un positionnement les rendant incapables de peser sur le gouvernement de la France.

    L’appel au vote blanc ou à ne pas choisir prive durablement Marine Lepen et son parti d’une capacité à influer.

    Si Marine Lepen avait réussi la bataille de la crédibilité sur sa politique économique et sa dédiabolisation, elle aurait pu être au second tour ; ses ratés de sa campagne électorale expliquent sa troisième place qui au regard de la dynamique européenne des populismes et de la crise économique est un échec.

    3-      L’enjeu est la restauration du Cordon sanitaire républicain

    Je l’avais écris avant le résultat de Marine Lepen, l’enjeu aujourd’hui est de recréer un cordon sanitaire autour de Front National et de ses idées.

    L’affaiblissement des digues entre droite et extrêmes droites a pu se remarquer dans le  débat sur l’identité nationale, dans le Discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy ainsi que dans le refus du Premier Ministre François Fillon d’appeler lors des dernières cantonales à faire barrage au Front National.

    Seuls Nathalie Kosciusko-Morizet, Gérard Larcher et quelques élus républicains de droite avaient osé contester la stratégie de Nicolas Sarkozy de refuser le front républicain.

    Les campagnes de François Hollande et Nicolas Sarkozy n’auront pas convaincu les électeurs frontistes de leurs capacités à protéger les français des défis du 21ème siècle ; il reste quelques jours pour proposer aux Français un chemin de rassemblement

     

    La gauche et la droite républicaine ont une responsabilité historique protéger les Français de la crise économique, des discours de division, des solutions de facilité stigmatisant telle ou telle catégorie de la population, et défendre l’idéal européen.