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  • HANDICAP ET CITOYENNETE


    Ce premier débat s’intitulait L'accès aux droits civiques: S'informer - Participer – Décider ; avec la participation de Hamou BOUAKKAZ (conseiller de Bertrand DELANOE pour les personnes handicapées.) - les élus (Amadou BA et Mahor CHICHE) - le Pôle Handicap et Citoyenneté"


    Mesdames et Messieurs,

    Bonjour, et merci de votre présence aussi nombreuse pour discuter de l’accès aux Droits civiques.
    Geneviève vient de nous rappeler que la question du handicap est prioritaire, elle nous concerne tous : car, avec la vieillesse le handicap se développe.
    Comme vous le savez, cette journée s’intitule et à juste titre handicap et Citoyenneté, car notre désir n’est pas de stigmatiser une catégorie de personnes, un groupe, ou de faire une fois l’an une initiative en faveur des personnes handicapées. Parler de handicap c’est parler de problématiques bien diverses : il existe des handicaps plus ou moins légers ou plus ou moins lourds.

    L’objectif de cette journée est bien de favoriser la citoyenneté de tous, et ce quelque soit sa différence ; car dans notre République, ce qui fonde les Droits c’est l’appartenance à une communauté de destin. Il ne saurait-y’ avoir une catégorie de Citoyens de seconde zone !Certes, l’existence d’un handicap peut rendre pour des raisons pratiques la participation Citoyenne plus épineuse. Nous venons de le voir : l’accessibilité est un combat de tous les instants (l’ascenseur permettant l’accès à la salle des mariages ne fonctionnait pas). Encore que, parfois on trouve de formidables énergies. Mais j’y reviendrai.

    Pour lancer le débat, je ferai, pour ma part, un point sur le principe de non-discrimination et l’égalité des chances dans le champ du handicap à travers le Droit européen et le Droit français, et un second point sur la participation citoyenne.

    Si l’Europe apparaît souvent comme une simple zone de libre échange, il faut savoir que l'Union Européenne est aussi fondée sur les principes de la liberté, de la Démocratie, du respect des Droits de l'homme et de l'État de Droit, principes qui sont communs aux États membres.
    En particulier l’Union Européenne s’inscrit contre toutes les formes de discriminations.
    L’année 2003 est proclamée Année européenne des personnes handicapées. Cette année doit favoriser le progrès vers l'égalité des Droits pour les personnes handicapées. Aux quatre coins de l'Europe, des initiatives comme celle d’aujourd’hui sont organisées pour attirer l'attention sur les nombreux domaines de notre société où des barrières et des discriminations existent encore pour les 37 millions de personnes handicapées dans l’Union européenne, soit plus de 10 % d'Européens. Discriminations en matière de Logement, loisir emploi…

    En 1997, l'article 13 du Traité d’Amsterdam a renforcé les instruments juridiques nécessaires à la lutte contre les discriminations. Ainsi, le Conseil européen est désormais autorisé à prendre les mesures nécessaires en vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l'origine ethnique, la religion ou les convictions, un handicap, l'âge ou l'orientation sexuelle.

    Rapidement je vais vous définir la notion de Discrimination : en termes simples, la réalité de la discrimination recouvre une différence de traitement entre personnes similaires.

    De manière plus juridique on distingue deux types de discriminations : la discrimination directe et la discrimination indirecte.
    - Une discrimination directe se produit lorsque, sur la base d'un des motifs visés à l'article 13, une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été, ou ne le serait;
    - une discrimination indirecte se produit lorsqu'une disposition, un critère ou une pratique apparemment neutre est susceptible de produire un effet défavorable pour une ou des personnes auxquelles s'applique un des motifs visés à l'article 13.
    Par exemple, si pour être accessible un concours de police pose comme condition une taille minimum de 1,80 mètres, il s’agit d’une règle en théorie neutre, d’un critère objectif ; mais dans les faits au regard de la taille moyenne des femmes en Europe, bien des femmes seraient exclues.

    Que ces discriminations soient directes ou indirectes, elles constituent autant inégalités insupportables.

    Mais comme toute interdiction, cette seconde catégorie de discrimination a ses exceptions : les États membres peuvent prévoir qu'une différence de traitement fondée sur une caractéristique liée à un des motifs de discrimination visés à l'article 13 ne constitue pas une discrimination lorsque, en raison de la nature d'une activité professionnelle ou des conditions de son exercice, la caractéristique en cause constitue une exigence professionnelle essentielle, pour autant que l'objectif soit légitime et que l'exigence soit proportionnée.
    En bref, être discriminé, c’est être traité de manière inégalitaire.

    Si l’on doit regretter que l’article 13 demeure trop souvent une déclaration de principe et que les discriminations à l’égard des personnes handicapées demeurent ; on doit se féliciter de cette prise de conscience collective, en particulier que l’Europe s’intéresse aux Droits des Citoyens !
    Mais, vous l’avez compris, la question de l’effectivité de ces Droits et de leurs protections est posée. Malgré tout, ils existent, ils ont été reconnus ; Et force est de reconnaître que pour une fois l’Europe nous apparaît concrète et utile. A nous de savoir exploiter ces dispositions.
    Comme souvent c’est donc le Droit national, le Droit français qui est protecteur.
    Ainsi, depuis les années 70 le Conseil d’Etat condamne fermement la pratique des discriminations des pouvoirs publics.

    Récemment, on a vu la question de la charge de la preuve s’inversée en partie en matière d’emploi. Bref notre Droit évolue.

    Pour reprendre le titre de cette table ronde S'informer - Participer – Décider sont les premier pas pour faire reculer les discriminations ; car le seul moyen efficace en dehors des techniques purement juridiques pour combattre les discriminations : c’est la participation citoyenne, c’est que les handicapés défendent leurs Droits.
    Les personnes handicapées sont des Citoyens possédant les mêmes Droits que tout autre Citoyen. Ce sont des travailleurs, des consommateurs, des contribuables. Vous pouvez faire respecter vos Droits en jouant le rôle d’un groupe de pression.
    En sociologie, on dit que pour chaque Citoyen la reconnaissance de Droits constitue un besoin fondamental. Aujourd’hui le Citoyen doit devenir un acteur, on a vu des au niveau mondial des ONG (organisation non gouvernementale) avoir plus de poids que des Etats ; par exemple sur la question des médicaments génériques à destination de l’Afrique !
    Au niveau européen il existe le Forum européen des personnes handicapées (FEPH). A l’image de la Confédération Syndicale Européenne, il regroupe l’ensemble des structures nationales œuvrant pour améliorer le sort des handicapés.

    - Pour s’informer, Pour participer, Pour décider :

    L’Année européenne des personnes handicapées est une opportunité historique ; l’appel à projet est accueilli avec faveur. De même, l’ensemble des secteurs (entreprises, administrations…) sont sensibilisés à cette question, ce qui doit susciter un changement positif dans la manière dont nos sociétés intègrent les personnes handicapées.
    Il existe de nombreuses associations et un site Internet européen www.europa.ue.int ; et à notre échelon dans le 19ème il existe le pôle handicap, les instruments de Démocratie participative que sont les différents conseils : conseils de quartier, de la jeunesse… et bien sur l’ensemble des élus.
    Je veux insister sur l’importance de ces instruments de Démocratie participative, car c’est là que des décisions concrètes se prennent. Par exemple en matière de travaux ou de voirie. Ainsi, les places réservées sont le fruit de ce combat et de la forte volonté politique de Bertrand DELANOE.
    De même, le Conseil jeune a un rôle important : car lorsqu’on est jeune et handicapé, je dirai que l’on cumule les difficultés. L’accessibilité du lycée Henri Bergson et des autres lieux publics se réalise aussi grâce à la mobilisation de ces jeunes Citoyens.

    En somme, seule la mobilisation citoyenne, la prise de conscience, la lutte sur soi même contre la solitude et l’isolement feront que la condition des personnes handicapées en Europe soit améliorée !
    Espérons donc que cette année 2003 marquera le début d’une nouvelle ère, une nouvelle façon pour la société de considérer les personnes handicapées, à savoir les considérés comme des Citoyens égaux en Droits.

  • La Renovation du PS jusqu'au bout


    « Pour qu’une pensée change le monde,
    il faut d’abord qu’elle change la vie de celui qui la porte.
    Il faut qu’elle se change en exemple. »

    Albert CAMUS

    Nous sommes jeunes et socialistes jusqu’au bout des ongles. Pour nous, le
    mouvement social n’est pas une abstraction : il est notre berceau. Militants engagés
    depuis des années dans les organisations de jeunesse, le syndicalisme, les mobilisations
    pour l’école, l’antiracisme, le féminisme, la lutte contre le ghetto et pour l’égalité, les
    mouvements alter-mondialistes, nous savons pour qui et pour quoi nous militons. Nous
    savons aussi ce qu’il en coûte d’être fidèles à ces combats jusqu’au bout.
    Tirant les leçons du 21 avril, nous voulons que notre parti relève la tête. Il doit

    se rénover.
    Plutôt que de le claironner sans que l’on sache de quoi il s’agit
    pour « attirer » le chaland à la veille d’un congrès, nous disons clairement de
    quoi il en retourne, politiquement :
    Oui, un autre monde est possible et le PS doit s’engager dans le combat contre la
    mondialisation libérale et pour une véritable Europe politique fédérale.
    Oui, l’heure de la reconquête des couches populaires à sonné : le PS doit défendre
    les salariés et renouer avec la fraternité militante du combat contre les injustices et
    les inégalités.
    Oui, le PS doit mener une véritable bataille culturelle tous azimuts pour défendre un
    nouveau projet collectif face à l’individualisme dont nous abreuve l’idéologie libérale
    de l’argent roi.
    Oui, il n’y aura pas de changement possible sans une nouvelle conception de la
    transformation sociale fondée sur la société mobilisée, concrétisée par une grande
    coalition Arc-en-Ciel rassemblant toute la gauche.
    Oui, dorénavant, le vent de la démocratie participative de Porto Alegre doit souffler
    dans les rangs de notre parti, qu’il soit dans l’opposition comme au pouvoir.
    Voilà bien la volonté qui nous anime : rendre la gauche au peuple qui a besoin d’elle.
    Et tout de suite en s’opposant efficacement à la droite.
    C’est pourquoi, afin que tout
    ne continue pas comme avant, nous avions initié avec d’autres la démarche du
    Nouveau Parti Socialiste. Pour être utiles à notre parti.
    Nous sommes peut-être jeunes, mais lucides ! Depuis une semaine, à la lecture
    des gazettes, nous avons trop bien compris où certains voulaient nous conduire. Le
    scénario est limpide : plein de petites motions pactisant entre elles à Dijon pour
    arriver à la barre fatidique des 51%. Un putsch, c’est délicieusement viril n’est-ce
    pas ? C’était donc ça, la «rénovation » ? Une folle nuit à Dijon où les calculatrices
    remplacent le débat ?
    Les révolutions de palais, les vrais gens s’en foutent, et nous aussi : elles ne
    changent rien à rien. Sauf peut-être, à ajouter le déshonneur à la défaite. Après
    le coup de tonnerre de 2002, notre génération est en droit d’espérer une vraie
    rénovation.


    C’est pourquoi nous refusons clairement :
    - Que « la lutte des places » remplace la lutte pour les idées. Ce n’est pas en
    substituant une liste de noms par une autre dans la nuit d’un congrès que l’espoir
    des socialistes pourra renaître. Mettre en avant les questions de personne, c’est
    non seulement n’avoir tiré aucune leçon du 21 avril, mais c’est aussi empêcher
    toute refondation des idées et des pratiques au parti socialiste. Si c’est cela la 6ème
    République, vite, qu’on nous apporte la 7ème !
    -Que l’indispensable rénovation du PS devienne un fonds de commerce dévoyé
    au service de la constitution d’un cartel de boutiques. Là-dedans, il n’y a pas un
    gramme de fond ni de convergences politiques réelles, mais bien dix kilos de
    magouilles cyniques !
    - De devenir les petites mains de ceux qui pensent que le calendrier de leurs ambitions peut prévaloir sur l’intérêt du parti. Fidèles à la lettre au « ni Dieu, ni César, ni Tribun » de l’Internationale, nous ne nous rangerons pas derrière un chef, même s’il s’estime promis à un brillant destin. Le seul destin qui nous intéresse, c’est celui de la gauche.
    Signataires de la contribution générale « Pour un nouveau parti socialiste », c’est
    donc bien volontiers que nous «nous mettons de nous-mêmes en dehors » d’un
    «NPS » dont les pratiques excommunicatoires se révèlent bien pires que celles de
    « l’ancien » et dont les objectifs n’ont plus rien à voir avec ceux qui avaient présidé à
    sa fondation. La fin et les moyens, c’est kif-kif.
    Ce NPS-là a renoncé à incarner une
    quelconque rénovation. Nous n’en serons donc plus.
    Alors, maintenant, comment on rénove ? Nous, on continue. Nous sommes trop
    viscéralement attachés à nos idées et à nos espoirs pour les abandonner en chemin.
    Etre utiles à notre parti, c’est inventer une nouvelle gauche pour que de nouvelles

    conquêtes soient possibles. Dès aujourd’hui, nous voulons discuter et travailler
    avec toutes celles et ceux qui aimeraient, pour une fois après une défaite
    cuisante, qu’on ne se limite pas à changer les têtes au parti socialiste. Et qu’enfin le contenu des textes prévale sur les listes de signataires.

     
     

     

     
  • Pour des Etats généraux Européens

     

    Changer de cap

    Le 1er mai 2004 aura lieu l’élargissement à dix nouveaux Etats, le 13 juin se dérouleront les élections européennes et à une date désormais indéterminée une Constitution Européenne doit être adoptée. Autant d’étapes importantes et délicates pour l’avenir de la construction européenne.

    L’élargissement est une chance, c’est la réunification du Continent européen en marche, pourtant il fait peur au Citoyen et risque d’encourager la montée, des forces populistes, du nationalisme. Les élections européennes risquent de révéler une forte abstention, et la progression des souverainistes.
    Quant au travail des Conventionnels, le fameux projet de Constitution, son adoption est repoussée aux calanques grecques.
    L’Union Européenne garde pour mode de fonctionnement : l’opacité dans la prise de décision, et l’influence néfaste des groupes d’experts, de la comitologie, des groupes de pression…
    Le Citoyen européen laissé à l’écart du processus politique européen se vit désormais uniquement comme un consommateur européen !
    Le mauvais Traité de Nice régira donc les relations des vingt cinq Etats membres de la nouvelle Europe.
    La crise politique et institutionnelle européenne se creuse, et sa première cause demeure le déficit démocratique. Le Citoyen européen voyageant grâce à son passeport européen ne voit pas les effets positifs de la construction européenne ; au quotidien : médias et politiques lui explique que les délocalisations, la perte des acquis sociaux… sont dus à l’Europe.
    L’Union Européenne est devenue le bouc-émissaire de nos maux ; alors que nous devrions défendre avec force le projet européen, son dynamisme sa capacité à refaire du Continent européen un espace de prospérité et de modèle humaniste.

    Les socialistes peuvent faire de l’Europe libérale un espace de droits politiques et sociaux, un espace de fraternité.

    Lutter contre la montée de l’extrême droite en Europe : un programme fédéraliste au fort contenu social alliant un travail pédagogique sur l’utilité de l’Europe est le préalable au changement.

    Faire de l’identité socialiste, une des bases de l’identité européenne : le Parti Socialiste Européen se doit de devenir notre parti à tous ; d’un agrégat de partis différents doit naître ce nouvel instrument aux services des salariés et démunis d’Europe.
    N’est-il pas paradoxal de constater qu’au début du siècle nous étions capables de nous organiser en Internationale, et qu’aujourd’hui à l’heure de la mondialisation le PSE est une simple coquille vide ?

    Parce que nous sommes l’un des plus grands partis socialiste d’Europe nous devons prendre l’initiative : multiplier les rencontres plurinationales, organiser des états généraux européens sur les différents volets des politiques communautaires…
    La proposition de référendum sur le projet de constitution européenne garantit une meilleure implication des Citoyens, elle devra être respectée en son temps ; d’ici là l’ensemble des socialistes devraient se mobiliser pour changer le cap de l’Europe.

    Mahor CHICHE

     

    Le 1er mai 2004 aura lieu l’élargissement à dix nouveaux Etats, le 13 juin se dérouleront les élections européennes et à une date désormais indéterminée une Constitution Européenne doit être adoptée. Autant d’étapes importantes et délicates pour l’avenir de la construction européenne.L’élargissement est une chance, c’est la réunification du Continent européen en marche, pourtant il fait peur au Citoyen et risque d’encourager la montée, des forces populistes, du nationalisme. Les élections européennes risquent de révéler une forte abstention, et la progression des souverainistes.Quant au travail des Conventionnels, le fameux projet de Constitution, son adoption est repoussée aux calanques grecques. L’Union Européenne garde pour mode de fonctionnement : l’opacité dans la prise de décision, et l’influence néfaste des groupes d’experts, de la comitologie, des groupes de pression… Le Citoyen européen laissé à l’écart du processus politique européen se vit désormais uniquement comme un consommateur européen !Le mauvais Traité de Nice régira donc les relations des vingt cinq Etats membres de la nouvelle Europe. La crise politique et institutionnelle européenne se creuse, et sa première cause demeure le déficit démocratique. Le Citoyen européen voyageant grâce à son passeport européen ne voit pas les effets positifs de la construction européenne ; au quotidien : médias et politiques lui explique que les délocalisations, la perte des acquis sociaux… sont dus à l’Europe.L’Union Européenne est devenue le bouc-émissaire de nos maux ; alors que nous devrions défendre avec force le projet européen, son dynamisme sa capacité à refaire du Continent européen un espace de prospérité et de modèle humaniste. Les socialistes peuvent faire de l’Europe libérale un espace de droits politiques et sociaux, un espace de fraternité. Lutter contre la montée de l’extrême droite en Europe : un programme fédéraliste au fort contenu social alliant un travail pédagogique sur l’utilité de l’Europe est le préalable au changement.Parce que nous sommes l’un des plus grands partis socialiste d’Europe nous devons prendre l’initiative : multiplier les rencontres plurinationales, La proposition de référendum sur le projet de constitution européenne garantit une meilleure implication des Citoyens, elle devra être respectée en son temps ; d’ici là l’ensemble des socialistes devraient se mobiliser pour changer le cap de l’Europe.

    Article parut dans Paris Jaurès.


     

  • Répercussions en france de la Guerre du Golfe

    Les renseignements généraux se préparent en France aux conséquences possibles d'une guerre en Irak
    21 février 2003, Par Johan Weisz contact@proche-orient.info


    Bernard Squarcini, le directeur adjoint des RG, rappelait dans le « Journal du Dimanche » du 16 février que « chaque fois qu'il y a des tensions au Moyen-Orient, on note (…) des réflexes identitaires chez certains jeunes, qui entrent dans une logique d'écorché vif ». Le numéro 2 des RG s'attend donc à « une augmentation des actes de xénophobie et d'antisémitisme » en France. Il est vrai qu'à mesure que les caméras de télévision se tournent vers les Marines américains stationnés dans le Golfe, la température monte dans certains quartiers. À titre d'exemple, ce « jeûne en solidarité avec le peuple irakien » proclamé pour le 20 février par l'Union des Organisations Islamiques de France - organisation qui, bien que représentant un courant radical de l'islam, proche des Frères musulmans, est en passe de s'imposer dans la Consultation Française du Culte Musulman initiée par Nicolas Sarkozy. « Cette idée de jeûne est une connerie ! », s'énerve Faycal Menia, qui refuse de « céder aux discours de haine et d'importation d'un conflit qui n'est pas français ». Secrétaire général de l'Union des Associations musulmanes de Seine Saint-Denis, Faycal Menia a récemment dénoncé la tentative de prise de contrôle de la mosquée de Noisy-le-Sec par un groupe de salafistes, ces partisans d'un islam rigoriste. Il craint qu'avec une frappe contre l'Irak, « certains adeptes de la pensée radicale n'en profitent pour embrigader des jeunes "paumés socialement" dans leur diabolisation de l'Occident et de la communauté juive. Ils seraient tentés de mettre de l'huile sur le feu et de réaliser leurs visions violentes », ajoute-t-il. Si on laisse faire, même Chirac ne pourra plus rien
    Mais pour autant, il est hors de question d'éviter le sujet : Sébastien Pietrasanta est directeur d'Asnières Quartiers Libres, une maison de quartier au nord de Paris. Pour lui, le dossier irakien est loin d'être tabou, puisqu'il a monté un comité local contre la guerre en Irak. Il s'en explique : « Les gens suivent les informations, ils ont besoin de parler… Alors, oui on parle de l'Irak. La discussion, ça permet de poser les choses, d'apaiser les angoisses ». Yasmine raconte : « L'irak, on en parle tout le temps. Parfois, avec les femmes, on reste pour en parler des heures et des heures… ». L'actualité moyen-orientale, cette jeune habitante d'Asnières, la vit effectivement au quotidien : « Ici, tout le monde est contre la guerre, les juifs aussi sont contre la guerre » ; alors elle en veut à Bush et aux États-Unis qui se livrent à « une guerre pour rien ». Récurrent, l'antiaméricanisme se rencontre aussi dans la bouche de ce groupe de jeunes du 95 qui se retrouvent dans un fast-food des Halles, à Paris. Sous le regard attentif du maître des lieux, à savoir l'effigie de Ronald, ils nous expliquent que « si on réfléchit bien, si on laisse faire, l'Amérique va devenir la seule puissance du monde, et même Chirac ne pourra plus rien ». À Paris, tout le monde avait pu constater, lors de la grande manifestation contre la guerre en Irak, la présence importante de Français d'origine arabe. Tout le monde avait également remarqué ces nombreux manifestants qui s'en prenaient en même temps à George W. Bush, à Ariel Sharon, et à l'État d'Israël ; et souvent, les cortèges qui regroupaient beaucoup d'habitants des banlieues n'y allaient pas de main morte. « Ces amalgames me font très peur, de là à s'en prendre aux juifs, il n'y a qu'un pas », s'inquiète Mickaël, 18 ans de Montreuil (92). Malheureusement, ce pas a déjà été franchi. Cette enseignante juive d'un établissement public, insultée et poursuivie par des manifestants pro-palestiniens après un défilé l'an dernier, estime qu'aujourd'hui « la population juive est en danger en France ». Mickaël veut aussi dénoncer cet antisémitisme qu'il subit tous les jours, qui lui fait mal, cette banalisation de l'antisémitisme dans le vocabulaire : « Sale juif, c'est presque plus utilisé que sale con ! Mais qu'est ce que vous voulez qu'on fasse ? On encaisse et puis c'est tout ! » Des armes de poing ont déjà servi, mais que « le pire a pour l'instant été par miracle évité »

    Raphaël, qui assure le shabbat la sécurité devant sa synagogue à Val de Fontenay (92), a peur pour sa communauté. « Pendant Jénine, c'était chaud », se souvient le jeune homme. On peut craindre le pire. Sammy Ghozlan, ancien commissaire de police, en est presque convaincu : « Dès que la tension monte de l'autre côté de la Méditerranée, les juifs de France en paient le tribut », explique-t-il. En tant que président du Bureau de Vigilance contre l'Antisémitisme, il a recensé 232 actes antisémites en Ile de France dans les neuf derniers mois de 2002. Sammy Ghozlan a gardé en mémoire la première crise du Golfe : « Partout où il y avait des manifestations, il y avait des tags où des agressions antisémites ». Sa communauté, au Blanc Mesnil, n'avait pas été épargnée. Surtout, il n'a pas oublié ce qu'a déclaré, en septembre dernier, le directeur des RG pour la Seine Saint-Denis, à l'adresse des responsables de la communauté juive : si la guerre éclate, « vous serez en première ligne ». Si le dossier irakien est monté en épingle, Sammy Ghozlan envisage une nouvelle vague de violences antisémites de plus forte intensité que les précédentes. « J'ai peur qu'une femme se fasse poignarder alors qu'elle fait ses courses au marché. Je crains des ratonnades anti-juives », dit-il, en faisant remarquer que des armes de poing ont déjà servi, mais que « le pire a pour l'instant été par miracle évité ». Il conclut : « grâce au Bureau de Vigilance que nous avons créé, les victimes juives ont pu faire recenser leurs plaintes. Notre bureau est un catalyseur positif ; on aide les personnes dans leur démarche, elles nous racontent ce qu'elles ont subi, c'est un exutoire, et on prévient des mécanismes de vengeance privée ». « Le risque, c'est l'accentuation du communautarisme et des ghettos », pense de son côté Mahor Chiche, conseiller municipal (PS) du XIXème arrondissement. Et d'ajouter d'emblée : « Oui la communauté juive a tendance à se replier sur elle-même, mais il s'agit d'une conséquence. Affirmer que les juifs importent le conflit du Proche-Orient en France, c'est du terrorisme intellectuel ! ». Chargé des droits de l'homme et de la lutte contre les discriminations dans un arrondissement où les communautés musulmanes et juives sont très représentées, Mahor Chiche est là quand le ton monte entre les habitants. Il organise aussi des initiatives pour briser ce qu'il appelle « la logique de ghetto ». Repas de quartier, arbre de Noël pour les enfants, ou voyage de jeunes au Mémorial de Caen sont autant d'efforts pour « recréer l'intégration par les valeurs de la République ». Mais, l'élu soupire. L'esprit de Belleville, quartier métis par excellence, n'est plus tout à fait le même qu'avant : « Aujourd'hui, on s'achemine vers "chacun, juifs et musulmans, sur son trottoir", et c'est dommage ». « Le pouvoir cautionne l'opposition à la guerre, c'est plus qu'un signal pour certains jeunes des cités »
    « En refusant la guerre, Jacques Chirac agit en homme d'État », estime Fayçal Menia, le Secrétaire général de l'Union des Associations musulmanes de Seine Saint-Denis. Pour ce responsable musulman, « le geste de Chirac est celui d'un chef d'État qui veut préserver la paix sociale dans son pays ». La position du Président de la République française constitue-t-elle un rempart pour endiguer un embrasement des quartiers ? Philippe, fidèle d'une communauté juive au sud de Paris, résume le malaise que beaucoup ressentent aujourd'hui : « Chirac donne sa caution aux racailles pour passer à l'action », lâche-t-il. Et de critiquer les pouvoirs publics tous azimuts, comme la municipalité de Gentilly qui a organisé en début d'année une double exposition : « Gens d'Irak et Palestine 2001-2002 » : « Ils ne se contentent pas d'agiter le chiffon rouge du Proche-Orient, ils associent délibérément l'Irak et la Palestine. Dans l'exposition, on pouvait lire que les Israéliens se livraient à des "shooting d'enfants ! ». Chez beaucoup de juifs, l'opposion de la France à la guerre est souvent perçue comme un blanc seing pour les actes antisémites. « Le pouvoir cautionne l'opposition à la guerre, c'est plus qu'un signal pour certains jeunes des cités », analyse Raphaël. « Ici, il n'y a pas d'Américains à qui s'attaquer, ils vont faire l'amalgame Bush-Sharon-juifs, … et puis de toute façon, c'est toujours plus facile de s'en prendre aux juifs ! »

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