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Mahor CHICHE - Page 74

  • ETAT D’URGENCE SOCIALE – POUR UNE AUTRE COHERENCE

    Congrès de Brest - 23 novembre 1997
    La Gauche Socialiste vous présente sa motion


    La gauche doit réussir. Ce défi repose principalement sur nous, les socialistes, car notre parti assume la
    première place à gauche et au gouvernement. Nous connaissons notre responsabilité commune : vaincre le
    chômage de masse qui fait le lit de l'extrême droite. C'est cela le véritable enjeu de notre Congrès. Chaque vote
    est utile: nous allons faire un choix pour trois ans. Notre Congrès ne doit pas être réduit à un jeu de rôles ou de
    chaises musicales. La situation dans laquelle nous vivons confronte chaque socialiste à son devoir de sincérité et
    de responsabilité.

    l La défaite électorale que la droite vient de subir est avant tout la traduction de l'état d'urgence sociale dans
    laquelle se trouve le pays. Ni le retour de la gauche au pouvoir, ni les bons sondages du gouvernement n'ont
    transformé la France en une démocratie apaisée. Au contraire. L'attente sociale est plus forte que jamais. La
    pression des milieux financiers et patronaux est exacerbée par la peur des décisions de la majorité de gauche.
    L'influence du Front National s'étend sur une droite de plus en plus complaisante et, pour partie, prête à l'alliance.
    l Dans cette situation tout tient en un impératif : en finir d'urgence avec le chômage de masse. Le plan emploi
    jeunes suscite de grands espoirs dans les familles. L'augmentation de l'allocation de rentrée scolaire et les
    ouvertures de classes supplémentaires ont satisfait bien des parents et des enseignants. Mais les satisfecit
    doivent-ils empêcher de dire à haute voix que sur des questions essentielles les réponses qui ont été données
    ne sont pas à la hauteur des défis qui nous sont lancés ? En acceptant, à Amsterdam, l'Europe du pacte de
    stabilité, déclarant que 35 heures payées 39 n'aurait jamais été notre mot d'ordre, en continuant les privatisations
    prévues par la droite, en laissant fermer Vilvoorde, en refusant l'abrogation des lois Pasqua-Debré ou celle du
    plan Juppé sur la Sécurité Sociale en surfant sur le populisme contre les enseignants, nous ne créons pas le
    rapport de force dont un gouvernement de gauche a besoin pour affronter efficacement les exigences de la
    mondialisation libérale. Peut-on à la fois répondre à l'urgence sociale et accepter le carcan de l'Europe
    monétariste 7 Peut-on s'attaquer au chômage de masse et accepter le dogme de la baisse du coût du travail et
    de la flexibilité ? Peut-on vouloir peser sur le modèle de développement économique du pays et renoncer à la
    maîtrise publique des fleurons du secteur nationalisé ?
    l Certes, nous savons que pour réussir, une action gouvernementale demande de la durée. Mais cette durée
    doit être mise au service des changements de cap radicaux qu'il faut opérer dès maintenant. Différer c'est
    s'enliser. Nous ne disons pas "tout, tout de suite", nous disons "un tiens vaut mieux que deux tu l'auras": c'est en
    début de mandat qu'il faut ancrer les objectifs pour se donner les moyens de les atteindre dans la durée. Les
    concessions hâtives ne créent pas les compromis durables. Or, la réussite d'un gouvernement de gauche réside
    dans sa capacité à imposer un nouveau compromis social au patronat et au capital financier. Car la mondialisation
    libérale conduit une guerre sans relâche contre les salariés, leurs acquis sociaux et contre l'autorité des
    Etats-Nations qui régulent aujourd'hui les rapports sociaux. Une crise profonde est ainsi ouverte dans tous les
    pays. Peut-on l'ignorer ? Pense-t-on l'apaiser par des concessions ou doit-on assumer la confrontation ? Là est
    l'alternative, là est notre divergence.
    l Trop de responsables de la social-démocratie européenne conçoivent leur action comme un
    accompagnement social de la mondialisation libérale. La puissance du mouvement socialiste doit
    permettre autre chose. Nous pensons, pour notre part avec d'autres en Europe, que le rôle de la gauche est
    d'organiser la résistance et de réaliser de nouvelles conquêtes sociales. Cette résistance est à la fois
    idéologique, sociale et politique. Les dogmes des libéraux, flexibilité, libre concurrence, équité ne sont pas les
    nôtres. Nous refusons de soumettre la compatibilité des conquêtes sociales aux exigences économiques de la
    mondialisation libérale. Nous n'acceptons pas de troquer les principes de la République contre le modèle de
    société anglo-saxon. Nous en tenons bec et ongles pour une République sociale et européenne.

    l Nous devons assurer la réussite de la gauche car il y a urgence. Une course de vitesse est engagée. Il y a
    urgence parce que les diktats de la mondialisation libérale ont déjà désarticulé les acquis sociaux, culturels,
    économiques de dizaines de pays dans le monde. Il y a urgence, parce que si nous échouons, J'extrême droite
    se tient prête. Souvenons-nous que notre victoire électorale est fragile. La majorité de la gauche tient à trente
    sièges d'avance. Mais 23 d'entre eux ont été acquis dans un face à face avec le Front National et 32 avec moins
    de 45 % des voix dans des triangulaires. Voilà pourquoi ce congrès ne doit être ni une formalité statutaire ni une
    grand-messe unanimiste " Le congrès doit au contraire formuler un message clair. Il doit aussi relayer les
    demandes et les critiques du peuple de gauche qui doit pouvoir se reconnaître dans nos travaux. Il doit produire
    librement sa propre appréciation de la situation. On nous dit parfois qu'il serait "trop tôt pour exprimer des
    critiques et des alternatives". Le prochain congrès est dans trois ans. Il sera alors trop tard. Quand la gauche est
    au pouvoir, nous avons besoin d'un parti de débat capable d'assumer dans la sérénité ses divergences pour
    trouver les moyens de les dépasser. Car c'est de l'avenir concret de notre République dont il est question. La
    responsabilité de chacun des militants socialistes est donc engagée, dès maintenant.

    l Au cours des trois conventions, la Gauche Socialiste a exposé des analyses globales. Elles sont à présent
    connues. Certaines ont été largement reprises dans les textes définitifs du Parti. Ce n'est pas l'objet du congrès
    de reprendre ces débats. A cet instant nous rie cherchons pas à confronter des théories générales ni à présenter
    un programme complet, D'ailleurs les divergences ne concernent pas tous les sujets. Dans notre texte, nous
    partons des questions concrètes que l'actualité des premiers mois de la gauche au pouvoir a soulevées.
    l Souvenons-nous ! C'était hier. Les 35 heures hebdomadaires sans réduction de salaire : tous nos candidats
    s'y sont engagés. La rupture avec l'Europe libérale et les quatre conditions pour changer de cap européen : ce
    fut le coup d'envoi de la campagne législative par Lionel Jospin à l'émission «7 sur 7». L'arrêt des privatisations :
    nous l'avons proclamé publiquement pour affirmer notre volonté de défendre le secteur public. L'abrogation des
    lois Pasqua-Debré : nous l'avons voulue avec des centaines de milliers de jeunes et de citoyens. L'abrogation
    du Plan Juppé : 70 % de l'opinion soutenait la revendication de plus de deux millions de manifestants. C'était le
    premier coup porté par le mouvement social au gouvernement après la victoire de Chirac. Ces thèmes de
    campagne, nous en avons débattus dans nos trois conventions. Nous les avons portés haut et clair : nous
    savions que les Français attendaient de la gauche qu'elle affiche franchement sa volonté de rompre avec le
    libéralisme.
    l La gauche aurait-elle été victorieuse si nous nous étions présentés devant les citoyens en leur expliquant
    que les 35 heures payées 39 n'étaient pas notre mot d'ordre, que les privatisations sont une exigence de la
    compétitivité internationale, que l'Europe libérale est intangible, que l'abrogation des lois Pasqua-Debré relève
    de la sémantique, que nous serions fidèles au Plan Juppé et que Vilvoorde serait fermé ? On peut en douter,
    L'exigence que nous ne fassions pas «la même politique que les autres», et que nous ne soyons pas «comme
    avant » a fixé les termes du contrat que nous avons conclu avec le pays.
    l C'est pourquoi les réponses proposées dans cette motion dessinent une autre cohérence d'action que celle
    qui est à l'oeuvre. Nous l'assumons. Pour la gauche française et européenne, il y a bien deux cohérences
    possibles: l'accompagnement social de la mondialisation libérale ou l'action pour inverser la tendance. Ce débat
    a déjà lieu dans tous les partis de la social-démocratie européenne. En France aussi, les socialistes doivent en
    débattre et choisir.

    1. Oui il faut les 35 heures hebdomadaires tout de suite, sans perte de salaire.
    l La France compte cinq millions de chômeurs et deux millions de précaires. Là est l'origine du ma qui mine
    tous les rapports sociaux. Plus de trois millions de personnes ne perçoivent pour vivre que des revenus e
    minima sociaux compris entre 1.311 F. et 3.433 F. mensuels. Avec leurs familles, six millions de personnes,
    adultes et enfants, sont enfermées dans la misère au coeur d'un pays qui n'a jamais été aussi riche de toute son
    histoire. Le chômage ne nuit pas qu'aux chômeurs. Il nuit aussi à l'école, à la sécurité sociale, à nos quartiers. Il
    produit misère, trafic de drogue, ghettos, racisme et xénophobie. Des millions de gens souffrent durement,
    chaque jour.
    l Nous n'acceptons donc pas le discours fataliste de certains de nos responsables. Faudrait-il, a l'instar du
    ministre de l'Economie, se résigner à constater que le chômage se situera, "à la fin de ce cycle, à un niveau
    supérieur à celui qu'il avait atteint à la fin du cycle précédent', soit un peu moins de 12 % ? S'adapter à ses
    pseudo contraintes c'est s'enfoncer toujours plus dans la société des ghettos, des violences, de la vie au rabais.

    l A crise exceptionnelle, il faut une réponse exceptionnelle qui provoque un choc et renversé la tendance. Il
    ne suffira pas d'attendre la croissance américaine, de parier sur l'évolution des taux de change ou d'en appeler à
    la bonne volonté des chefs d'entreprise. L'Etat doit prendre toutes ses responsabilités. L'urgence sociale est
    aussi une urgence politique- La République se meurt lorsqu'elle renonce à s'attaquer de front à "l'horreur
    économique" qui prive de ses droits élémentaires une part aussi importante de la population. Les socialistes ont
    dit et répété que la diminution massive du temps de travail sans perte de salaire était la réponse essentielle et
    durable au défi du chômage de masse. Ils l'ont promis dans leur programme. Les électeurs se sont prononcés,
    C'est donc au gouvernement d'engager par la loi la réduction de la durée du travail à 35 h. hebdomadaires, pour
    tous, tout de suite, sans perte de salaire. Ici, chaque mot compte.

    l 1,4 millions d'emplois sont créés si les 35 h. légales sont mises en oeuvre rapidement, c'est ce qu'affirme
    l'O. F.C.E et il faudrait y ajouter les 680.000 emplois aujourd'hui occupés en heures supplémentaires. Si, au
    contraire, le passage aux 35 heures est étalé dans le temps, gains de productivité et réorganisations du travail
    limiteront les effets en embauche. La loi doit être d'application immédiate pour imposer et fixer le cadre des
    négociations. Ces dernières ne doivent porter que sur la mise en application de la loi et non sur son contenu Car
    les durées du travail sont une règle essentielle de la concurrence. Une règle d'ordre public ne peut être laissée à
    l'appréciation des branches et des entreprises. L'Etat doit en être le garant. Mais c'est aussi un ensemble global
    de décisions qui doivent être prises en même temps pour que la réduction de la durée légale du travail soit
    totalement efficace. Ainsi par exemple la loi doit fixer, non seulement les durées légales à 35 h. hebdomadaires
    et 8 h. quotidiennes mais aussi les durées maxima hebdomadaires à 40 h. et quotidiennes à 9 h. (elles sont
    aujourd'hui de 48 h. et 10 h.). Les heures supplémentaires doivent être contingentées fermement à 5 h. maxima
    par semaine et 100 h. maxima dans l'année. Elles doivent être rendues plus coûteuses que l'embauche (200 %
    dès la première heure supplémentaire).

    l C'est à l'Etat d'aider les entreprises pour que cette formidable réduction du temps de travail soit pleinement
    créatrice d'emplois. Les aides doivent être différenciées selon les seuils sociaux, plus fortes pour les petites
    que pour les moyennes entreprises. Ces aides doivent être strictement contrôlées, et absolument
    subordonnées au respect du Code du travail. Un grand service public unique de l'emploi contribuera à mettre en
    oeuvre ce grand chantier, notamment pour le million d'entreprises de moins de 10 salariés et pour les 150 000
    entreprises de 11 à 49 salariés qui font déjà travailler la moitié du salariat du privé. Une régie nationale du travail,
    intégrée dans ce service public, prendra en charge la gestion et le placement des embauches donnant lieu à
    exonération de cotisations sociales ou à subvention.
    Le financement de ces aides nécessite une redistribution fiscale. On peut y faire face en portant à 50 % le taux
    d'imposition sur les sociétés qui a été réduit à 33 % et en mutualisant ces recettes nouvelles pour les emplois
    nouveaux. L'engagement de notre programme d'asseoir les cotisations sociales patronales sur la valeur ajoutée
    et de modifier aussi dans ce sens l'assiette de la taxe professionnelle doit ici venir compléter ce dispositif et
    aider les P.M.E. et les entreprises de main d'oeuvre à faire face.
    Cet ensemble de mesures forme un tout cohérent et indissociable autour des 35 heures hebdomadaires sans
    perte de salaire.

    l Nous alertons : les conditions d'un marchandage inacceptable entre les salaires et l'emploi sont mises en
    place dès lors que l'on met en débat dans une même conférence ces deux questions et celle de la réduction du
    temps de travail. On sait d'avance de quel côté le patronat voit les "coins de ciel bleu". On sait quelles
    résistances acharnées il organise. On connaît la menace : l'exigence d'annualisation et de flexibilité du temps de
    travail est déjà annoncée par le patronat. L'annualisation du temps de travail doit être clairement repoussée. Car
    l'annualisation c’est pour les salariés une vie totalement soumise aux besoins de l'entreprise. Pour nous, chaque
    être humain a droit à un repos quotidien et hebdomadaire, à organiser sa vie, à pouvoir exercer ses
    responsabilités de parent et son engagement dans la cité. Seules les durées légales, quotidiennes et
    hebdomadaires, du travail garantissent ces droits fondamentaux. L'annualisation du temps de travail est un piège
    pour les salariés. L'annualisation c'est de la flexibilité, qui sert à faire travailler les gens tantôt 32 h. tantôt 48 h. et à
    rendre ainsi les heures supplémentaires invisibles et impayées. Elle pressure ainsi davantage les salariés et
    permet d'éviter les embauches.

    l La flexibilité crée du chômage. La réglementation crée de l'emploi, quand elle protège les droits des
    salariés. C'est pourquoi elle doit garantir sans faille le droit pour chaque salarié à deux jours de repos
    consécutifs. Elle doit encadrer strictement le travail posté qu'il soit de nuit, du dimanche ou en équipe. Elle doit
    permettre de stopper l'hémorragie des licenciements de masse : un nouveau contrôle administratif sur les
    licenciements doit être immédiatement mis en place. La démocratie sociale doit s'exercer pleinement et
    disposer des moyens de se faire respecter. C'est pourquoi notamment la loi doit élargir les droits des élus du
    personnel et renforcer les moyens de l'inspection du travail. Il y a tant d'injustices à faire cesser ! Un exemple,
    parmi cent, qui dure contre toute logique - est-il admissible que 2/3 des minima conventionnels soient inférieurs
    au SMIC alors qu'ils devraient être automatiquement alignés sur lui par la loi ? Restaurer le droit du travail, c'est
    bien restaurer le droit au travail pour tous. N'est-ce pas ce que des millions de salariés et de chômeurs attendent
    en priorité et en urgence de la gauche ? Différer, étaler, ce serait de nouveau s'enliser dans le "traitement social
    du chômage" sans s'attaquer à ses racines.

    l Le passage aux 35 heures, la perspective des 32 heures (comme convenu dans notre accord avec les
    verts), c'est tout un choix de société. Il n'est pas plus "anti-économique" que les congés payés ou le droit à la
    retraite. Au contraire. Il débouche sur une relance de l'activité économique par l'augmentation de la masse
    salariale et l'ouverture de nouveaux champs d'activités liés au temps libre. Car le temps libéré produira de
    nouvelles demandes, de nouvelles normes de consommation. Il ouvrira un espace nouveau à l'initiative privée
    comme à celle de la puissance publique pour proposer d'autres biens et services et donc de l'activité et de
    l'emploi supplémentaires. Et cela c'est aussi de nouvelles recettes pour la sécurité sociale et pour le budget de
    l'Etat.
    Dans l'entreprise la baisse massive du temps de travail oblige à repenser l'organisation de la vie au travail. De
    l'utilisation des machines en passant par la définition des objectifs de production, tout doit être redéfini. Face à
    ces défis, les relations sociales dans l'entreprise, le dialogue et la concertation deviendront un enjeu immédiat
    du développement de chaque société. D'autant que l'évolution technique promet de nouveaux gains
    considérables de productivité et d'accroissement des capacités de création de richesse. D'ici la fin du siècle de
    nouvelles mutations sont annoncées qui vont approfondir cette tendance dans des proportions aujourd'hui
    presque inimaginables. Dès lors le plein emploi serait définitivement impossible si on en reste aux conditions
    actuelles de répartition du temps de travail. Il s'agit donc bel et bien de refuser un modèle de société
    durablement clivée entre exclus et intégrés. Les socialistes doivent alors porter clairement leur choix. Ils doivent
    prouver qu'on peut saisir la chance qui se présente de vivre autrement, avec moins de temps contraint.
    Davantage de temps libre choisi permet d'inventer une autre manière de vivre. C'est ainsi créer l'environnement
    pour un authentique modèle de développement humain propice à la créativité de chacun qui est la force d'une
    société moderne. Réduire le temps de travail massivement, et pour tous, est aussi un bon moyen de lutter contre
    les tentatives actuelles de renvoyer les femmes à la maison. Car le temps libre ainsi dégagé permettra une
    meilleure conciliation de la vie familiale, de la vie professionnelle et de la vie sociale. Il rend possible un partage
    plus égalitaire des tâches et des responsabilités familiales, une participation plus active à la vie civique.
    La réduction massive du temps de travail sans perte de salaire, c'est techniquement et politiquement la seule
    solution qui n'ait pas été essayée, qui n'ait jamais été mise en oeuvre. Ceux qui la critiquent et prétendent qu'elle
    n'est pas possible, sont aussi ceux qui défendent des formules qui ont déjà toutes échoué.
    2 . Oui il faut rompre avec la construction libérale de l'Europe, scellée à Dublin et Amsterdam
    A Amsterdam, une étape décisive de la mise en place de l'Europe libérale a été franchie avec l'accord du
    gouvernement de gauche français. Le pacte de stabilité signé à Dublin et dénoncé à l'époque par Lionel Jospin
    comme un "super-Maastricht" a été ratifié.

    l Le Pacte de stabilité oblige à rester ficelé pour toujours dans le corset des critères de Maastricht qui ont eu
    largement le temps de prouver combien ils sont antisociaux et anti-croissance. Ce Pacte impose de poursuivre
    de façon encore plus drastique (il y aura des amendes pour les contrevenants...) leur mise en oeuvre, après la
    mise en place de l'Euro. Pourtant, au moment de sa signature en décembre 1996 à Dublin, les socialistes avaient
    dit du Pacte de stabilité qu'il était incompatible avec le programme de relance sociale et de redistribution qu'ils
    venaient d'adopter. On ne voit pas par quel effet magique il serait devenu plus compatible maintenant que la
    gauche est au pouvoir.
    Le gouvernement français a donc accepté cette Europe fonctionnant, sous pilotage libéral automatique,
    comme une vaste zone de libre échange. Les gouvernements nationaux y sont définitivement dépossédés de
    toute marge budgétaire tandis que la monnaie est gérée par une banque centrale totalement indépendante.
    Aucune norme sociale européenne contraignante n'est mise en place concernant les salaires minimums, la
    réduction du temps de travail, la démocratie sociale et les droits des travailleurs dans l'entreprise.
    On nous dit que la résolution "Emploi, compétitivité et croissance" adoptée à Amsterdam est censée
    contrebalancer le Pacte de stabilité. Pourtant, elle fixe ouvertement l'objectif d'améliorer « employabilité », de
    rendre la main-d’oeuvre plus "adaptable", de baisser la fiscalité et les cotisations liées à la protection sociale,
    d'encourager au développement du temps partiel. Ce n'est pas pour ça que les députés de gauche ont été élus.

    l C'est la fin de toutes les illusions. L'échec du pari de Maastricht est complet Pour certains, Maastricht ne
    devait être qu'une contrainte passagère, un compromis conjoncturel. En contrepartie il y aurait une coordination
    des politiques économiques, l'avancée dans l'intégration politique et de grands travaux d'infrastructure pour la
    relance et l'emploi. De contreparties il n'est plus question. Avec la ratification du Pacte et le traité d'Amsterdam,
    on est passé à un véritable modèle permanent de société libérale. D'ailleurs, après la signature d'Amsterdam, les
    ministres européens de l'économie et des finances réunis le 13 septembre dernier ont mis la touche finale au
    verrouillage libéral de la construction européenne. A cette occasion le gouvernement français a renoncé de fait à
    deux des quatre conditions posées pour le passage à la monnaie unique. Il n'y aura pas de "gouvernement
    économique". Pas même un « pôle économique ». Tout juste une concertation épisodique, sans calendrier fixe,
    des seuls ministres des finances pour dialoguer sans obligation de décision. De plus la fixation du taux de
    change de l'Euro ne sera plus décidée par les politiques comme l'exigeait la quatrième condition que posait le
    programme des socialistes. C'est la banque centrale indépendante qui en jugera. La France gouvernée à gauche
    a donc renoncé à établir une autorité politique contrebalançant celle de la toute puissante banque centrale
    "indépendante". Elle a accepté de renforcer le pouvoir de celle-ci. Ainsi, les libéraux seront parvenus à imposer
    l'un de leurs objectifs principaux : débarrasser l'économie de toute intervention politique des citoyens et de toute
    garantie sociale. Ils ont réussi à créer les conditions d'une économie où les hommes doivent "s'adapter". Ceux-ci
    sont alors voués à n'être plus que les pièces jetables mises à la disposition de la fameuse main invisible de
    l'économie de marché.
    l Les conséquences de ce dispositif sont claires. A l'échelle d'un Etat ou au niveau de l'Union européenne,
    quand un gouvernement ne peut plus décider ni de son budget ni de sa monnaie, il ne peut pas conduire une
    véritable politique de régulation. Il ne peut décider ni relance ni investissements sociaux et publics dans les
    secteurs stratégiques au service de la croissance et de l'emploi.
    Dans ces conditions, la politique budgétaire se limite à des redéploiements dans une enveloppe de plus en plus
    restreinte. Et par conséquent la flexibilité du travail devient la principale variable d'ajustement. Dans de telles
    contraintes budgétaires, les efforts de redistribution et les mesures de fiscalité du capital ne contribuent pas à
    financer la relance ou l'emploi mais à combler le déficit. Les 22 milliards prélevés par l'augmentation de l'impôt
    sur les sociétés pour boucher les trous interdits par le pacte de stabilité financeraient pourtant 220 000 emplois
    jeunes ! Dans ces conditions, la politique de redistribution se réduit à reporter toujours plus sur les salariés le
    coût social de l'exclusion, sans ponctionner le capital qui, parce qu'il est mobile et volatil serait intouchable. Tout
    se tient. Ainsi, même si officiellement le produit des privatisations n'est pas censé entrer dans la comptabilité
    des critères de convergence, dans le cadre des contraintes budgétaires imposées par le Pacte de stabilité, on
    ne peut que privatiser France Telecom pour viser les 3,0 % en 1998 et on ne peut que privatiser Thomson et Air
    France en contrepartie de leurs recapitalisations.

    l De même, a moment ou l’on a besoin de services publics de qualité et des investissements nécessaires à
    leur modernisation, ceux-ci sont contraints de réduire leur champ d'intervention, diminuer leurs prestations,
    précariser leurs personnels, ouvrir le capital, privatiser. Ainsi, c'est mettre sous critère de rentabilité marchande la
    satisfaction de besoins individuels et collectifs qui devraient être accessibles à tous : éducation, garde des
    enfants, logement, énergie, santé, culture, transport en commun de qualité, accès aux télécommunications
    modernes.
    Que ces services publics relèvent de l'administration ou des grandes entreprises du secteur public, ce sont leurs
    principes les plus essentiels qui sont en cause à partir du moment où les créneaux rentables sont repris par le
    marché. L'égalité d'accès, la péréquation tarifaire sociale et géographique, l'aménagement du territoire, les
    investissements de long terme en fonction des intérêts de la Nation et non de la rentabilité immédiate, rien de
    tout cela ne sera plus vraiment la norme.

    l En agriculture aussi, les contraintes imposées par le pacte de stabilité, le blocage politique des institutions
    européennes, l'élargissement aux pays de l'Est tel qu'il s'initie et le projet de démantèlement de la politique
    agricole commune constituent les facettes d'une même politique.
    La production agricole et les milieux ruraux ont besoin d'une autre politique opposée à la logique libérale
    de démantèlement des mécanismes européens de gestion des marchés et d'alignement des prix sur les prix
    mondiaux, telle qu'elle est mise en oeuvre notamment par la commission européenne sous la pression des
    Etats-Unis, en vue des prochaines négociations de l'O.M.C. La politique de prix agricoles doit refléter le choix de
    la collectivité de garantir à ses agriculteurs un certain niveau de rémunération du travail
    Dans ce contexte, la politique européenne favorise quelques dizaines de milliers de grandes
    exploitations alors qu'un actif agricole non salarié sur deux a un revenu inférieur au SMIC et que des zones
    entières se désertifient entraînant une remise en cause des services publics. La chute de l'emploi agricole de
    trois à un million d'actifs en vingt ans est liée à une politique d'aides publiques injuste (20 % des agriculteurs
    reçoivent 80 % des aides).
    Mais, l'Europe doit aussi cesser ses politiques de subventions aux exportations et de dumping sur les
    marchés mondiaux : dans de nombreux pays du Tiers-Monde soumis aux diktats du FMI et à la libéralisation des
    échanges, l'affaiblissement des cours mondiaux lamine les sociétés rurales et bloque leur développement. Où
    sont les accords de partenariat qui devraient être négocies avec ces pays, dans le cadre d'une politique de
    coopération rénovée ? C'est au contraire les accords de Lomé qui risquent de ne pas être reconduits, c'est
    l'O.M.C. qui impose un alignement sur les exigences américaines comme on vient de le voir pour le commerce
    de la banane.
    Une politique alternative impliquerait de réaliser une redistribution massive des aides publiques au profit
    des exploitations et des régions les plus fragiles grâce à un plafonnement des aides tenant compte de
    l'occupation du territoire et du nombre d'actifs . Dès aujourd'hui, le ministère de l'agriculture devrait maintenir son
    projet de rendement de référence unique pour les aides céréalières. Mais comment promouvoir une agriculture
    au service de la collectivité, c'est-à-dire innovante et peuplante, fondée sur des productions de qualité, la mise en
    valeur de l'espace et la coopération s'il n'existe aucune puissance publique européenne ?
    l Voilà le bilan. L'Europe devait être le cadre permettant d'imposer un nouveau modèle social face à la
    mondialisation libérale. Elle devient au contraire l'instrument qui permet de lever les dernières résistances
    persistant au niveau national. Désormais tout sera réversible et éphémère: des statuts professionnels bidons, de
    moins en moins de protection sociale obligatoire et de service public.
    l Lionel Jospin nous a interrogés lors du Conseil national du Parti socialiste du 5 juillet dernier : "Fallait-il
    ouvrir une crise institutionnelle, européenne et monétaire dès la naissance du gouvernement de la gauche
    plurielle ?". Il nous a encouragés à mener le débat d'idées jusqu'au bout : "il ne suffit pas de critiquer, il faut
    expliquer ce qu'il aurait fallu faire, ce qu'il faudrait faire". Notre réponse est "Oui, il faut faire face à cette crise".
    Car elle serait salutaire. Mieux vaut une crise maîtrisée avec une perspective européenne claire qu'une crise
    larvée comme celle que nous subissons et qui fait le lit des nationalismes et de l'extrême droite partout en
    Europe. Il faut en passer par là pour sauver l'Europe, pour la construire sur de nouvelles bases qui répondent aux
    aspirations des peuples qui la composent et pas seulement aux exigences des financiers. C'est là notre "choix
    de civilisation", pour reprendre une excellente expression de notre campagne électorale.
    Oui, car au nom du chantage aux risques que nous ferait courir une crise, cela fait trop longtemps qu'on nous fait
    avaler les couleuvres de l'Europe libérale. A présent, c'est la couleuvre qui nous avale. Oui, enfin, car le débat
    est ouvert partout en Europe. Particulièrement par la gauche allemande à propos du respect ou non des critères
    de convergence. Et il ne se limite pas comme certains veulent le faire croire à la défense fétichiste du
    Deutschemark. Il porte bel et bien sur la défense du modèle social conquis depuis la fin de la deuxième guerre.
    Les peuples européens ont tourné les yeux vers le nouveau gouvernement français. Ils espèrent qu'il aidera à
    desserrer l'étau d'austérité et à repousser le credo libéral qui les accablent. La gauche française n'est pas seule
    dans ce bras de fer. Il est encore temps, avant le sommet européen pour l'emploi, avant le passage à l'Euro de
    faire émerger un cours nouveau. Cela dépend de nous.
    Au parlement, les députés de gauche ne doivent pas ratifier le pacte de Dublin accepté à Amsterdam.

    3 Oui il faut l'Europe politique des citoyens !
    l A Amsterdam, le gouvernement français a aussi accepté les conclusions de la Conférence
    Intergouvernementale (C.I.G.) qui devait proposer de nouvelles institutions européennes avant l'élargissement
    de la communauté. En fait, c'est le vide. L'Europe reste sans institutions politiques démocratiques, capables
    d'exprimer la volonté de ses peuples. Le capital financier peut imposer ses conditions, personne n'est en état de
    les encadrer. Pour nous, il est clair que l'échec politique de l'Europe est contenu dans les choix libéraux - le
    pacte d'austérité scellé à Dublin débouche naturellement sur l'absence d'institutions citoyennes. S'il y en avait, le
    pacte pourrait être remis en cause par le vote des peuples. C'est une illustration très claire de ce que nous avons
    analysé à l'occasion de la Convention socialiste sur la mondialisation : dans le nouvel âge du capitalisme
    l'intégration économique ne produit plus d'intégration politique. Au contraire.
    l Pour nous, le moment est venu de dire que les Français n'acceptent plus aucun élargissement de la
    Communauté, aucun transfert de souveraineté tant qu'une constitution européenne n'est pas débattue et
    adoptée par les peuples de l'Union. Il n'est plus acceptable que le droit communautaire étende continuellement
    son emprise dans tous les domaines sans qu'il trouve sa source dans le suffrage universel direct qu'expriment
    les parlementaires européens. Pour les européens, l'exigence de citoyenneté, de transparence, de contrôle n'a
    jamais été aussi forte. Pourtant, chaque jour directives et règlements façonnent le profil de l'Europe sans que les
    citoyens, les associations, les syndicats n'aient voix au chapitre. Les lobbies, eux, sont tout puissants. Le
    libéralisme a inventé son Big Brother pour faire respecter sa loi.
    l L'Europe politique et le pouvoir du parlement européen sont les seuls moyens institutionnels qui peuvent
    permettre de construire démocratiquement l'Europe des droits sociaux. Faire passer l'objectif des Etats-Unis
    d'Europe du stade des voeux pieux à celui de la réalité exige que la France propose une alternative à cette
    situation.
    l Il faut donc changer de stratégie de construction européenne. Commençons par nous rappeler pourquoi
    nous voulons faire l'Europe. Nous la voulons pour garantir la paix sur le vieux continent, pour protéger et
    développer le modèle social et politique que nos peuples ont conquis de haute lutte, pour offrir au monde un
    point d'appui et un modèle alternatif à celui qu'imposent et dominent sans partage les Etats-Unis. d'Amérique.
    Notre choix est donc d'abord politique. C'est un choix de gauche. C'est avec les moyens de la politique que
    nous pourrons le faire triompher.

    Sans Europe politique, l'Europe n'est rien. Sinon le cheval de Troie de la mondialisation libérale. Pourtant nous
    ne manquons pas d'atouts pour ouvrir une alternative. L'Europe politique est possible. Comme l'Europe du
    marché commun, elle peut commencer par un premier cercle qui va de l'avant pour entraîner les autres. Dans la
    zone de libre-échange qu'est l'Europe actuelle il y a place pour un noyau fédéral intégré. En Allemagne comme
    en France nombreux sont les responsables politiques de tous bords qui y sont prêts. Il y a fort à parier que si la
    proposition en était clairement faite, c'est une majorité de pays qui voudraient y répondre positivement- C'est à la
    France gouvernée à gauche de proposer cette alternative.

    l C'est à elle encore de faire vivre l'objectif de l'Europe sociale. A Amsterdam, le principe d'un sommet
    européen pour la croissance et l'emploi a été fixé à sa demande. Mais la résolution qui l'annonce fixe comme
    perspective "l'amélioration de l'employabilité" et de "l'adaptabilité des salaires", la "baisse des coûts de travail" et
    la "modernisation de la protection sociale"... On sait ce que ces mots veulent dire en langue normale : flexibilité,
    précarité et réduction de la protection sociale. A la France gouvernée à gauche de mener la contre-offensive.
    Encore faut-il que les objectifs soient sans ambiguï té. A nous de porter l'exigence des critères de convergence
    sociale pour répondre à la menace de dumping social qui pèsera toujours plus fort dès lors que dans le marché
    unique il y aura monnaie unique !
    Ici, la première des exigences pour répondre à ce défi, pour garantir à la fois l'emploi, les acquis sociaux et la
    loyauté des règles de la concurrence est l'instauration d'un salaire minimum européen (le SMIC européen à
    1.000 Euros).
    Et la bataille pour la réduction du temps de travail doit aussi être portée au niveau européen. Les représentants
    du gouvernement français doivent donner un débouché politique aux mobilisations des syndicats européens sur
    ce thème. Sinon, comment répondre pleinement aux questions que pose sur le plan de la concurrence le
    passage aux 35 heures en France ?
    Enfin l'harmonisation fiscale européenne ne doit plus être un souci réservé aux questions concernant le capital.
    Elle doit profiter aux salariés dans leur vie quotidienne.
    Quatre sujets au moins sont concernés :
    - la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité (voire l'instauration d'un taux zéro)
    - la baisse de la TVA dans les secteurs d'activité très créateurs d'emplois (bâtiments, travaux publics,
    etc.)
    - la taxation des mouvements de capitaux et des placements financiers à l'intérieur de l'Union pour limiter
    des dérives spéculatives.
    - l'instauration d'éco-taxes et de socio-taxes aux frontières de l'Union face aux productions ne respectant
    pas les normes sociales du BIT ou les normes écologiques de l'Union, pour assurer la loyauté de la
    concurrence et pousser à l'ajustement par le haut des normes sociales dans le monde.

    l Pour atteindre nos objectifs, il faut obtenir des institutions qui permettent l'exercice de la souveraineté
    populaire par l'intermédiaire des députés européens. Et cela signifie la tenue d'une Assemblée Constituante
    européenne. Il faut sauver l'Europe. Au parlement, il ne faut pas ratifier les conclusions de la C.I.G. La France
    doit proposer à tous ses partenaires un mémorandum portant de nouvelles propositions pour allez vers l'Europe
    politique et sociale.

    4. Oui il faut cesser de privatiser à tout va et faire vivre une vraie politique industrielle
    l Coup sur coup tous les processus de privatisation décidés sous le gouvernement Juppé viennent d'être
    confirmés par le gouvernement de gauche. France Telecom et Air France voient leur capital ouvert au privé. Les
    derniers morceaux du secteur public bancaire sont vendus. D'autres branches d'activités vont suivre. La réforme
    de la SNCF préparant la privatisation potentielle de l'exploitation des lignes est confirmée. Ces décisions
    contredisent totalement les engagements de la campagne électorale, les combats des députés et sénateurs de
    gauche, les résultats des mobilisations incessantes menées par les syndicats, le travail de tous les groupes
    d'entreprises du parti. C'est une situation démoralisante pour des milliers de salariés à qui de surcroît aucune
    explication n'a été donnée. Elle l'est aussi pour tous ceux qui n'ont jamais accepté le "bla-bla" libéral. C'est
    surtout une situation lourde de dangers pour l'avenir : la logique du profit va dominer, entre autres, les secteurs
    des transports ou des télécommunications, aux dépens des exigences d'aménagement du territoire ou d'égalité
    d'accès aux biens et services. Point n'est besoin de développer. Chaque militant n'a qu'à se reporter à ce que
    tout le parti et tous nos parlementaires expliquaient il y a six mois ! Le gâchis est durable. Il s'agit d'une
    concession à l'idéologie libérale sans justification économique. Il s'agit aussi d'une remise en cause non dite
    d'une affirmation centrale de la pensée socialiste de notre époque face à l'économie capitaliste.

    l En effet, notre parti est passé de la doctrine de la propriété collective des moyens de production au
    système de l'économie mixte pour définir de quelle façon le socialisme pense pouvoir soumettre le
    développement économique aux objectifs du progrès collectif. Dans l'économie mixte, la propriété sociale de la
    Nation se donne les moyens d'orienter le développement. Entreprises publiques et entreprises privées y
    concourent. Pour être efficace, ce système demande à la fois de la souplesse, de la volonté et des moyens
    d'anticipation et d'orientation de la demande.. C'est pourquoi nous avons toujours critiqué la doctrine du "ni-ni"
    qui voulait figer les contours et les objectifs du secteur public dans les frontières prévues par le programme
    commun de 1972... inspiré par une autre logique. Nous avons toujours expliqué qu'il fallait pouvoir à la fois et
    privatiser et nationaliser pour faire vivre un système d'économie mixte entreprenant, performant et novateur.
    Certains découvrent aujourd'hui les vertus du "et-et'. Mais pour eux cette formule n'a qu'un sens : et privatiser et
    privatiser encore. Pour nous il s'agit de maintenir au coeur de la production, de l'échange et des services un pôle
    public fort et innovant. C'est à cette condition qu'il peut influencer profondément re modèle de développement et
    être assez attractif pour entraîner les entreprises privées dans son sillage. C'est exactement ce que faisait
    l'opérateur public de télécommunication vis-à-vis de dizaines d'entreprises privées. Ces dernières se sont ainsi
    élevées jusqu'aux premiers rangs mondiaux dans leurs spécialités pendant que France Telecom lui-même
    devenait le quatrième opérateur mondial de la branche.

    l L'affirmation selon laquelle introduire du capital privé dans une entreprise publique ce n'est pas privatiser
    c'était déjà l'argument de la droite qui prétendait ne faire que "sociétiser" quand elle a décidé d'ouvrir le capital de
    France Telecom. D'ailleurs, le Premier Ministre n'a pas caché dans son entretien au journal "Le Monde" qu'en
    cas de nouvelles recapitalisations, il ne s'opposerait pas toujours à ce que l'Etat devienne "arithmétiquement
    minoritaire". Quoi qu'il en soit, dès que le capital privé met le pied dans une entreprise publique c'est pour y faire
    du profit car c'est sa raison d'être. Pour que ce capital investi le demeure, la priorité va à sa rémunération. Tout le
    reste passe après. Et surtout les objectifs du service public. Et aussi le souci du long terme que tuera l'exigence
    de profit immédiat propre aux placements financiers privés. Nous sommes donc totalement opposés à ces
    privatisations et à la logique qu'elles impliquent.
    Nous demandons au contraire que le Plan soit rétabli dans toute sa force pour permettre de définir les objectifs
    de développement du pays. C'est le moyen de rendre à l'action publique le soin d'organiser les synergies entre
    le secteur public et privé. C'est la meilleure méthode pour pouvoir fondé sur le copinage. L'audiovisuel,
    l'armement et le secteur décider où il faut privatiser et où il faut nationaliser, non des eaux constituent à cet égard
    autant d'exemples pour boucler les fins de mois du budget ou pour faire des évocateurs... gesticulations
    idéologiques mais pour maîtriser l'avenir que nous voulons. Sinon qu'est-ce que le modèle socialiste en
    économie ?
    l La nécessité d'une politique industrielle concerne tous les pays de l'Union européenne. Mais, au regard des
    exigences qu'impose la mondialisation libérale, la simple juxtaposition des termes de "politique industrielle" et
    "d'Union Européenne" est paradoxale.
    Surtout depuis la mise en place des cadenas économiques européens de Dublin, Amsterdam et du Conseil
    Ecofin.
    En effet, la mondialisation économique et financière se construit sur la base du démantèlement des capacités
    d'intervention et de régulation des Etats-Nations. Or, la définition et la conduite d'une politique industrielle
    volontaire nécessitent l'élaboration de stratégies de long terme que seul l'Etat est capable de mettre en place.
    l C'est cette contradiction qu'il nous faut résoudre. Et les options pour y parvenir ne sont pas nombreuses.
    Soit on s'attache à remettre l'Etat au coeur des politiques industrielles, soit on considère que l'Etat doit rester
    absent de ce domaine. Mais même dans le second cas, il ne faut pas imaginer que les pouvoirs publics ne
    seront pas sollicités. Comme d'habitude, les fonds publics seront appelés à la rescousse pour panser les
    conséquences sociales des échecs industriels engendrés par la stricte vision de court terme qui caractérise,
    dans bien des cas, l'actionnariat privé. Aussi, il est indispensable de redonner à l'Etat la place qui lui revient. Il
    n'est pas ici question de reproduire le modèle d'intervention étatique qui prévaut encore trop souvent et qui
    consiste à élaborer un jeu complexe de mécano industriel fondé sur le copinage. L’audiovisuel , l’armement et le
    secteur des eaux constituent à cet égard autant d’exemples évocateurs...

    l Au contraire, redonner à l'Etat toute sa place, c'est lui permettre de disposer de l'autorité et des moyens
    nécessaires pour élaborer une politique industrielle volontaire, cohérente et continue, Les exemples de réussite
    que cette méthode a déjà permis dans le passé ne manquent pas. Pour les plus récents, les succès
    d'Ariane-Espace et Airbus-Industrie en témoignent. Au niveau européen, le traité CECA a permis une
    intervention publique créative dans des secteurs qui étaient vitaux à leur époque. Certes la réorganisation dans
    ces domaines a été très dure pour nombre de salariés et de régions. Mais des outils et des fonds d'intervention
    ont permis d'accompagner la mutation. Au début du siècle, abandonnée à la main invisible du marché, ce type de
    situation provoquait une guerre...
    Le besoin d'intervention de la puissance publique nationale et européenne n'est pas moindre aujourd'hui.
    L'exemple de la situation de l'industrie automobile est significatif. Il s'agit de répondre au défi de la compétition
    mondiale. Mais il faut aussi répondre à l'impératif écologique et donc fixer des normes pour lutter contre cette
    source majeure de pollution urbaine. Le marché seul est incapable de répondre à ces objectifs. Au contraire,
    avec l'accord d'ouverture totale du marché à l'automobile asiatique (moins chère) nous aurons bientôt davantage
    de pollution et de chômage. On ne passera pas en Europe à la voiture propre et sûre sans plan de
    développement ni sans investissements massifs garantis par la protection et la parole de l'Etat. Et c'est à cette
    condition que peuvent émerger de nouvelles techniques, un nouveau maillage d'entreprises innovantes, donc de
    nouveaux emplois.

    5. Oui il faut abroger le plan Juppé
    l Les partisans de la mondialisation libérale ont au moins deux bonnes raisons de vouloir le démantèlement
    des systèmes de Sécurité Sociale.
    L'une s'inscrit dans leur acharnement à baisser le coût global de la rémunération du travail et les budgets sociaux
    des Etats. L'autre vise à récupérer la masse financière de la protection sociale et à transférer le "marché" de la
    santé et de la retraite dans le secteur privé, lucratif et concurrentiel. Pour s'en convaincre, il suffit de voir
    comment les compagnies d'assurances, dont le groupe AXA est le porte-parole le plus offensif, se préparent à
    prendre le relais de la Sécurité Sociale !
    En matière de retraites, au système de répartition, on substitue progressivement et par le biais des fonds de
    pension un système de capitalisation. En matière de santé, on envisage une protection sociale à la carte, réduite à
    un socle de couverture sociale minimum, nommée «régime universel» par Bruxelles. Mais la part la plus
    importante des dépenses sera gérée par les compagnies d'assurance. Demain, vous pourriez avoir le choix de
    vous assurer comme votre voiture : "tous risques" ou "au tiers". Et comme c'est déjà la règle dans le monde de
    l'assurance, le montant des cotisations et le niveau des prestations seront déterminés selon le principe de la
    sélection des risques. Tel est l'avenir de notre système de protection sociale que trace la Commission
    Européenne. En effet elle a imposé par les directives relatives à l'assurance l'obligation pour les Etats membres
    d'organiser la libre concurrence entre tous les organismes agissant dans le champ de la santé et de la retraite.
    C'est la mort programmée à court terme de notre système mutualiste qui sera écrasé par la force de frappe
    financière des assurances privées. C'est la fin des principes de notre système de sécurité sociale universel et
    égalitaire qui assure aujourd'hui à tous une couverture sociale identique à laquelle chacun contribue en fonction
    de ses moyens.
    Déjà, l'égalité d'accès aux soins a été amoindrie par les augmentations successives du ticket modérateur.
    Demain, elle pourrait totalement disparaître si la santé ou la retraite devaient passer sous le contrôle du secteur
    privé et devenir un enjeu de profit pour ceux qui les gèrent.

    l C'est dans cette perspective que s'est inscrit le plan Juppé. Il a d'abord confisqué aux partenaires sociaux la
    gestion de la protection sociale, en transférant le financement sur la fiscalité et en donnant au Parlement le
    contrôle du budget. Chaque année, tant que le chômage de masse régnera (un million de chômeurs, c'est 50
    milliards de manque à gagner), il devra constater que les dépenses de santé sont supérieures aux recettes. On
    adaptera alors les dépenses aux recettes, en baissant le niveau de couverture sociale obligatoire. Les assurés
    auront donc une part croissante des dépenses à leur charge. Pour ceux qui en ont les moyens, les compagnies
    d'assurance seront là. Pour les autres...
    Dans la société du chômage, adapter les dépenses aux recettes tout en maintenant un niveau élevé de
    protection sociale est impossible. C'est la raison pour laquelle, comme deux grandes Confédérations
    syndicales, nous n'avons jamais accepté la C.S.G. C'est à nos yeux le moyen de la fiscalisation de la sécurité
    sociale. Et c'est aussi le transfert de gestion d'un acquis social des salariés vers des assemblées ou des
    majorités politiques, qui peuvent n'avoir de cesse que d'en finir avec la sécurité sociale. Bien sûr, il faut plus
    justement mobiliser les revenus qui ne proviennent pas du travail en direction du financement de la Sécurité
    Sociale. Mais c'est le rôle de 1,impôt. Rien n'empêche l'Etat d'abonder le budget de la protection sociale et de
    prélever à cette fin un impôt supplémentaire sur les revenus du capital. L'argument principal en faveur de la
    C.S.G. est de taxer les revenus du capital. Mais n'oublions pas que même avec la C.S.G., 85 % des recettes
    continueront de provenir des revenus du travail. Cette modification marginale de la répartition de la charge entre
    capital et travail valait-elle la peine qu'on en finisse avec un système qui a fait ses preuves ? On peut donc
    légitimement s'interroger sur le point de savoir si le but poursuivi par la mise en place de la C.S.G. est bien le but
    qui sera atteint.
    Les socialistes se sont prononcés pour un paritarisme rénové. La formule portait à interrogations. Mais nous voilà
    maintenant en situation de faire ce que nous avons dit. Quel "paritarisme rénové" entendons-nous mettre en
    place dans le cadre du plan Juppé qui a mis fin au paritarisme ? Nous proposons pour notre part de restituer aux
    partenaires sociaux la gestion de la Sécurité Sociale. Le Parti Socialiste se réclame souvent du courant
    social-démocrate. Cela devrait impliquer une certaine approche des rôles respectifs des pouvoirs publics et des
    syndicats. Il n'est pas très cohérent d'en appeler d'une part à une plus grande cogestion, de former le voeu de
    syndicats forts et de leur retirer d'autre part ce qui, en France, depuis 1945, est leur responsabilité et leur
    fonction de cogestion : la gestion paritaire de la sécurité sociale. Quoi de plus socialdémocrate en effet que le
    mode d'administration de la Sécurité Sociale issu du Conseil National de la Résistance ? Tant qu'à être de bons
    sociaux-démocrates rendons aux partenaires sociaux la gestion de la sécurité sociale!

    Le plan Juppé est aussi et surtout l'un des instruments des libéraux pour parvenir à une baisse drastique du
    niveau de protection sociale obligatoire. Sous couvert de maîtrise médicalisée des dépenses de santé, le plan
    Juppé a ouvert de nombreuses brèches dans le système par le biais des filières de soins. Celles-ci permettent
    en effet à tout organisme de déroger aux règles en vigueur pour amener le patient à dépenser moins. Ainsi les
    compagnies d'assurance proposent aujourd'hui de se substituer aux caisses de Sécurité Sociale pour contrôler
    les dépenses des assurés en organisant leur propre offre de soins. C'est le système qui prévaut aux Etats-Unis.
    Il permet à l'assureur d'évaluer les soins auxquels un patient a droit, non pas en fonction de son état de santé,
    mais en fonction du niveau de sa couverture sociale. Cette couverture peut, selon les ressources du patient,
    inclure ou non l'hospitalisation, le scanner ou autre thérapie coûteuse.
    l Le plan Juppé, c'est enfin la poursuite de la remise en cause de retraite à 60 ans commencée sous Balladur.
    Nous devons ramener à 37,5 annuités la durée de la cotisation pour tous. Comment se priver d'une telle mesure
    quand on a pour priorité de lutter contre le chômage ?
    l L'avenir de l'hôpital public est tout autant menacé. Les fermetures et les regroupements d'unités se
    multiplient. La citoyenneté sanitaire, le droit égal d'accès aux soins reculent devant les exigences comptables.
    Comme nous l'avions prévu quand nous avons dénoncé le plan Juppé, les directeurs des agences hospitalières
    se comportent comme des préfets de la santé appliquant avant toute autre considération des consignes
    d'économie à tout va. Peu à peu dans les hôpitaux, toutes les activités qui ne sont pas directement médicales
    sont sous-traitées par des entreprises privées : entretien, blanchisserie, restauration. Il y a même des grands
    hôpitaux dans lesquels le malade doit apporter son thermomètre, son papier hygiénique, sa bouteille d'eau !
    Pendant ce temps, le développement du réseau privé continue de s'étendre et de prospérer. Il bénéficie
    souvent d'autorisations de lits ou d'ouvertures d'équipements qui sont refusées au service public du même
    secteur. Celui-ci par contre voit ses structures fusionnées et ses capacités d'accueil réduites. Les services
    d'urgences de l'hôpital public s'engorgent de tous les laissés pour compte de l'inégalité sanitaire et sociale. Aux
    portes des cliniques privées on demande d'abord la carte de crédit. Les fermetures d'unités entament à la fois
    l'égalité d'accès aux soins et l'aménagement du territoire. Car localement, l'hôpital, c'est aussi de l'emploi et de
    la qualité de vie qui ne sont jamais remplacés.
    Des millions de salariés ont refusé en décembre 1995 le plan Juppé. Ils ne se sont pas trompés. Le plan Juppé,
    c'est le cadre durable du démantèlement progressif de notre système de protection sociale. Voilà pourquoi il faut
    l'abroger.

    6 . Oui il faut abroger les lois Pasqua-Debré
    l L'immigration est-elle la cause du chômage ? L'immigration est-elle responsable de l'insécurité ?
    L'immigration est-elle capable de creuser les déficits sociaux ? L'immigration remet-elle en cause l'identité
    française ? Ces questions sont devenues pour beaucoup des affirmations sous l'influence du poison distillé par
    l'extrême droite dans notre pays. Les socialistes, eux, répondent par la négative. Pour notre part, nous
    contestons aussi l'idée convenue selon laquelle l'immigration doit être stoppée pour pouvoir intégrer les
    étrangers vivant déjà en France. Nous récusons ce lien entre crise économique et immigration, parce que cette
    logique conduit dans les textes de loi comme dans les pratiques administratives au soupçon à l'égard de tous les
    étrangers.

    l De ce point de vue nous ne contestons pas simplement tel ou tel dispositif des lois Pasqua-Debré mais leur
    fondement même rendu célèbre par la formule "Immigration Zéro". Pour maîtriser les flux migratoires et les
    organiser dans un cadre légal il faut commencer par reconnaître l'existence des différentes formes de
    l'immigration. D'abord celle du droit d'asile bien sûr. Puis celle du regroupement familial et du droit de vivre en
    famille, celle des étudiants, des chercheurs et des travailleurs qualifiés. Mais il y a aussi l'existence d'une
    immigration économique. On ne la fera pas disparaître simplement en la niant ou en la condamnant à vivre dans
    la clandestinité des sans-papiers. C'est pourquoi les socialistes s'étaient engagés à une refonte complète de la
    politique d'immigration. Nous voulions la lier à une nouvelle politique de coopération d'une part et d'intégration
    d'autre part. L'année dernière, des centaines de milliers de citoyens ont signé les pétitions et défilé dans les rues
    de France. Eux non plus, n'ont pas combattu simplement telle ou telle mesure de la loi Debré. Ils ont refusé la
    lente dérive qui de lois en lois a restreint chaque fois un peu plus les libertés et les droits des étrangers et
    finalement ceux de tous les citoyens. Cette révolte citoyenne contre une droite qui chassait sur les terres de
    l'extrême droite, était aussi une interpellation à l'égard de la gauche et des socialistes. Elle exprimait l'exigence
    que nous, socialistes, affirmions avec force nos valeurs et les principes de l'égalité des droits et de l'intégration
    républicaine. Aujourd'hui encore, la France des Droits de l'Homme n'attend pas d'un gouvernement de gauche
    un traitement simplement plus humanisé des lois Pasqua-Debré. Elle attend une autre logique qui garantisse
    pleinement les droits et libertés des étrangers vivant en France, qui instaure de nouvelles relations avec les pays
    du Sud et une nouvelle politique de co-développement.

    l Pour cela il faut réaffirmer sans complexe que l'immigration n'est pas un danger pour notre pays et montrer
    au contraire combien elle reste, aujourd'hui comme hier, une chance et une richesse pour la France. Il faut donc
    reconnaître l'existence d'une immigration économique et lui fournir un cadre légal transparent. Entre le
    démagogue "des papiers pour tous", qui déboucherait sur une immigration livrée sans protection à l'exploitation
    économique et au contournement généralisé du droit du travail d'une part, et le non moins démagogue
    "Immigration Zéro" d'autre part, les socialistes doivent ouvrir une nouvelle voie vers une immigration régulée. Elle
    doit être conçue comme un des instruments d'une nouvelle politique de coopération avec les pays du Sud. Cette
    nouvelle politique de coopération doit tourner le dos à l'échange inégal qui saigne l'économie du tiers-monde, et à
    l'alibi humanitaire qui cache de plus en plus mal la démission des Etats des pays riches face à l'enfer du
    sous-développement.
    Cette nouvelle politique passe aussi chez nous par la relance d'une vraie politique d'intégration républicaine qui
    refuse la logique des ghettos dans laquelle on enferme des millions d'habitants de nos banlieues.
    Le droit du sol doit s'appliquer pleinement dès la naissance. Car la France républicaine ne saurait accepter de
    distinction entre les enfants nés en France qui soit fondée sur le sang, l'éthnicité, les différences d'origine ou de
    confessions. Faire vivre la République et ses valeurs dans l'esprit de ses enfants, c'est rétablir les fondements
    de la Nation citoyenne, c'est accueillir dans la communauté nationale tous ceux qui naissent et vivent en France.
    Au-delà même du rétablissement du droit du sol, l'accès à la nationalité française doit encore être encouragé, les
    naturalisations facilitées, les tracasseries administratives supprimées, pour tous ceux qui vivent depuis de si
    longues années dans notre pays et dont l'avenir et celui de leur famille est de toute évidence en France. Voilà
    pourquoi l'abrogation des lois Pasqua-Debré et Méhaignerie n'est pas qu'un débat sémantique ou la
    revendication de "moines copistes", mais la condition sine qua non pour engager une nouvelle politique. En
    refusant d'abroger ces lois, on ne prend pas simplement le risque de décevoir un large secteur du mouvement
    social, de blesser des centaines de milliers de consciences, de maintenir dans l'insécurité les immigrés, et de
    repousser celles et ceux qui attendaient cet acte fort de la gauche. On prend surtout le risque de laisser la voie
    libre au Front National.
    En droit, supprimer c'est abroger. &e contenter d'aménager sans abroger le reste des dispositions des lois
    antérieures c'est les proroger.
    Dans ce domaine comme dans d'autres, la recherche du consensus à tout prix sur le terrain de
    l'adversaire et la demi-mesure se paieront de leur lot d'expulsions, d'injustices, d'atteintes à la dignité pour des
    milliers d'hommes et de femmes qui vivent dans notre pays. Pour chaque socialiste, ce serait renoncer à une part
    de ce qui est au coeur de son engagement, c'est-à-dire à une certaine idée de la République, des droits de
    l'homme et du citoyen. Il faut abroger les lois Pasqua-Debré.

    7 . Oui il faut le modèle républicain qui est l'identité de la France
    l A quoi sert de voter si les parlementaires ne peuvent rien contre la toute puissance des marchés ? La
    démocratie meurt à petit feu parce que cette question reste sans réponse. Puisque tout devient marchandise, le
    citoyen cède progressivement le premier rôle au client.
    En France, la crise de la démocratie devient une crise de l'identité nationale. Car la citoyenneté est bien
    la base de notre identité. La Nation française contrairement à nombre d'autres n'est cimentée ni par une religion,
    ni par une ethnie dominante, ni même par une langue. Elle résulte d'un long effort réalisé pour dépasser tous les
    humus qui la composent et former une communauté légale laï que. Chez nous, c'est bien la République qui
    fonde la Nation et non l'inverse. C'est de cette façon notamment que nous sommes en mesure de garantir des
    capacités d'intégration indispensables dans un pays où un habitant sur quatre compte au moins un grand parent
    étranger. C'est aussi pourquoi, au fil de son histoire, la République française a progressivement affirmé dans
    ses Constitutions qu'aucun domaine et notamment celui de l'économie n'échappait à ses délibérations. Et c'est
    encore parce que la communauté légale est la seule référence normative que notre identité nationale se
    construit autour de droits, garantis par la loi, dont chacun peut être bénéficiaire à égalité. C'est tout cela qui est en
    jeu aujourd'hui.

    l Les institutions sous lesquelles nous vivons aggravent le dépérissement de la démocratie. La Vê-e
    République organise méthodiquement le contournement de la délibération citoyenne. En concentrant l'essentiel
    du pouvoir réel sur le Président de la République, elle a anémié toute capacité d'intervention concrète et efficace
    des citoyens et d'abord de leurs représentants au parlement. Elle a aussi, en trente ans, diffusé dans tous les
    compartiments de la vie publique une culture d'autorité et de déresponsabilisation. Elle contribue grandement à
    affaiblir l'esprit civique pourtant décisif quand une démocratie doit affronter des défis comme ceux qui nous sont
    lancés aujourd'hui. Ainsi ont été progressivement asphyxiés tous les contre-pouvoirs citoyens. Enfin la rencontre
    de la présidentialisation de nos institutions avec l'hyper-médiatisation de notre époque a aggravé la
    personnalisation de tous les débats de fond. Elle les a vidés de leur contenu réel au profit d'une compétition
    dérisoire des techniques d'apparence et de petites phrases.

    Concentrée au sommet, cette organisation du pouvoir était déjà limitée dans son action par le cadre européen
    d'un côté et par la décentralisation de l'autre. Elle l'est encore plus à présent parce qu'elle est prise à revers.
    Avec les cohabitations à répétition, les stratégies d'empêchement dominent le haut de la pyramide du pouvoir. Le
    conflit de légitimité tend à devenir permanent. Le système perd alors la substance même de l'efficacité qu'il
    prétendait incarner. En mars 1998, sur une décennie, sept années auront eu lieu en régime de cohabitation !
    Dans cette situation et face à la mondialisation

  • Retraites 37.5 annuités pour tous

    CONTRIBUTION THEMATIQUE POUR LE CONGRÈS DU PS
    37,5 annuités pour une retraite...


    La question des retraites est devenue l'une des questions centrales de notre société. Elle est au cœur de notre modèle social et des préoccupations de dizaines de millions de salariés.

    Après avoir obtenu un nouveau partage de la valeur ajoutée en faveur des profits et aux dépens des salaires (la part des salaires est passée de 69 % à 61 %), l'objectif du Medef est de poursuivre dans cette voie en faisant main basse sur une partie des salaires indirects, des cotisations sociales.
    Contrairement à ce que prétendent le Medef et la droite, il n'y a pas de vrai problème de financement des retraites. Il y a seulement la question habituelle, constitutive du système de répartition : devant l'évolution démographique, faisons-nous bouger le niveau des pensions reversées ou faisons-nous bouger le taux de cotisation versée ?
    Nous répondons sans hésitation : « conformément au principe de solidarité intergénérationnelle. Nous augmentons le taux de cotisation pour maintenir exactement le niveau des pensions ».
    Quant au Medef, son objectif n'est pas d'assurer le financement des caisses de retraites. Son but est de faire baisser le taux de remplacement, égal à 78 % du salaire, au milieu des années 1990, pour l'amener à moins de 60 % et obliger les salariés à épargner auprès d'un fonds de pension pour tenter de maintenir leur pouvoir d'achat de futurs retraités.
    Pour atteindre ce but, la droite utilise tous les moyens qui concourent à réduire le financement des caisses de retraites et à diminuer les droits acquis :
    - Bloquer le taux de cotisation des retraites par répartition afin que les ressources des caisses ne puissent pas suivre l'évolution démographique,
    - Empêcher les cotisants d'atteindre le nombre d'annuités qui donne droit au taux plein, en décidant en 1993 de porter ce nombre à 40 annuités pour le privé et maintenant à 42 ou 43 annuités, ce qui nécessite que le secteur public passe d'abord à 40 annuités,
    - Diminuer les droits des cotisants en basant le calcul sur les 25 meilleures années (et non les 10 meilleures) et en indexant les retraites sur les prix (et non sur les salaires), comme l'a fait Edouard Balladur en 1993.
    Par ailleurs, le matraquage de l'opinion sert à créer un réflexe de peur. L'annonce d'un « choc » démographique surévalue l'impact du doublement du nombre de retraités en 40 ans, en passant sous silence le fait essentiel que, dans le même temps, la richesse de notre pays doublera elle aussi. L'objectif est de détruire la confiance dans la capacité des retraites par répartition à maintenir le montant des pensions. Le programme de la gauche doit faire le choix de la solidarité intergénérationnelle, de l'augmentation adéquate du taux de cotisation retraite (en priorité des cotisations patronales) et de l'abrogation des mesures de dégradation des retraites prises par la droite en revenant, dans le secteur privé, aux 37,5 annuités, aux calcul sur les 10 meilleures années, à l'indexation sur les salaires. En faisant, également, le choix de la réduction de la durée effective de la semaine de travail pour créer les emplois qui fondent les droits de la protection sociale.

    Allonger la durée de cotisation ?
    MM. Balladur et le Medef viennent d'annoncer la couleur : 40 ans pour les fonctionnaires de façon à « réduire l'écart avec le privé » qui serait porté aussitôt à 42 ou 43, puis à 45 annuités.
    Cet allongement toucherait, bien évidemment, tous les salariés qui, à 60 ans, n'auraient pas cotisé le nombre de trimestres suffisant pour bénéficier d'une retraite à taux plein et qui, dans leur grande majorité, subiraient une diminution du montant de leur retraite. La « liberté de travailler plus longtemps » dont se gargarise la droite n'a, en effet, strictement aucun sens lorsque, comme aujourd'hui, les 2/3 des salariés qui arrivent à l'âge de la retraite ne sont déjà plus au travail. Ils sont au chômage (conséquence des plans sociaux et de la politique patronale de se débarrasser au plus vite des salariés de plus de 55 ans), en invalidité, en longue maladie ou en préretraite. Si le nombre de trimestres nécessaires à une retraite à taux plein augmentait, ce serait les 3/4 des salariés arrivant à l'âge de la retraite qui ne seraient plus au travail.
    Parmi ces salariés âgés, les femmes seraient les premières touchées. Déjà, avec 40 annuités de cotisation, 23 % des femmes selon le COR (le Conseil d'orientation des retraites mis en place par Lionel Jospin) n'ont pas, aujourd'hui, à 65 ans, le nombre de trimestres nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein. Tout allongement de la durée de cotisation les frapperait donc de plein fouet. Pourtant, la plupart du temps, il s'agit de femmes qui ont élevé seules un ou plusieurs enfants, subi des périodes de chômage et de temps partiel imposé. Seul, le retour aux 37,5 annuités pourrait améliorer leur situation.
    Cet allongement toucherait, tout aussi brutalement, tous les salariés qui auraient subi des périodes de chômage, de travail précaire n'ayant pas permis de percevoir d'allocations chômage et donc de cotiser pour leur retraite ou qui, en raison de la durée de leurs études ou de l'état du marché du travail, n'auraient pu accéder à l'emploi avant 24 ou 25 ans. Et nous savons que pour les générations nées après 1980, ce cas de figure sera de plus en plus fréquent. Cet allongement toucherait bien évidemment aussi les jeunes qui, dans la mesure où tous les salariés âgés ne seraient pas éjectés des entreprises, ne pourraient les remplacer et resteraient sans emploi.

    Oui, il faut l'équité entre les salariés du privé et ceux du public
    Pour la droite, la différence de situation entre les salariés du privé et ceux du public est scandaleuse. Sans doute a-t-elle oublié que c'était elle qui était à la racine de cette iniquité lorsqu'elle avait décrété en plein été 1993. La contre-réforme Balladur du régime de base du secteur privé ? Avant la loi de 1993, il fallait, en effet, 37,5 annuités dans le privé comme dans le public pour bénéficier d'une retraite à taux plein, la retraite des salariés du privé était calculée sur les 10 meilleures années (ce qui dans le privé est plus sûr que sur les 6 derniers mois car les fins de carrière sont parfois difficiles...) ; l'indexation des retraites du privé sur les prix et non plus sur les salaires n'était qu'une pratique et n'avait pas encore force de loi. Selon le COR. Lorsqu’elle aura pleinement donné ses effets, cette réforme se traduira par une baisse de 12 points du taux de remplacement des salaires par les retraites. En 1994. La retraite nette moyenne était égale à 78 % du salaire, elle ne représentera plus, en 2010, que 66 % du salaire net. Cela signifie que pour un salaire net de 8 000 F, la retraite nette qui était égale à 6 240 F ne sera plus que de 5 280 F (en Francs constants 1994) !
    Encore faut-il ajouter aux effets de cette « réforme » ceux de la « réforme » des régimes complémentaires de retraites (Arrco et Agirc) entre 1994 et 1996. Une « réforme » qui va dans le même sens que celle du régime général et qui devrait se traduire par une baisse de 6 à 8 points supplémentaires du taux de remplacement de nos retraites en 2030, toujours selon le COR. Quant au secteur public, il est étonnant que la droite qui ne veut pas remplacer les fonctionnaires qui partent à la retraite puisse trouver dans l'allongement du temps de travail des fonctionnaires une quelconque source d'économie. C'est l'inverse qui, dans ce cas-là, serait vrai. En effet, allonger de 2,5 annuités le temps de travail des fonctionnaires ne pourrait, alors, que signifier une dépense accrue pour le budget de l'Etat. En effet, qu'un fonctionnaire soit en activité ou à la retraite, son salaire ou sa pension est toujours financé par le budget de l'Etat. Or, un fonctionnaire à la retraite revient moins cher au budget de l'Etat qu'un fonctionnaire actif...
    Le coût du retour aux 37,5 annuités dans le privé serait négligeable : le COR l'a chiffré à 0,3 % du PIB annuel en 2040 !
    La raison de l'obstination de la droite et du Medef à vouloir imposer l'allongement de la durée de cotisation des salariés du secteur public se situe donc ailleurs. Il s'agit pour eux de faire sauter le verrou qui bloque aujourd'hui la possibilité d'augmenter la durée de cotisation dans le privé. Ce n'est, en effet, que lorsque les salariés du public seront à 40 annuités qu'il sera possible à la droite de faire passer ceux du privé à 42 ou 45 annuités (tout dépendra du rapport de force, le patronat européen, l'Unice, milite pour la retraite à 65 ans...). Et demain, Balladur (ou un autre...) trouvera scandaleux que les salariés du public aient à cotiser 40 ans alors que 42 ou 45 ans seront nécessaires à ceux du privé...
    L'équité entre les salariés du public et ceux du privé est nécessaire. Mais cette équité doit se réaliser par le haut : le retour, dans le secteur privé, aux 37,5 annuités, au calcul de la retraite sur les 10 meilleures années et à l'indexation sur les salaires des retraites et des salaires pris en compte pour le calcul de la retraite.
    En 1993, notre Parti avait condamné le coup de force de Balladur. En 1995, il avait appuyé les salariés du secteur public - d'ailleurs largement soutenus par le privé - qui se mobilisaient en masse pour défendre les 37,5 annuités et leurs régimes de retraite. Le plan Juppé avait été déclaré « inacceptable » par Lionel Jospin. Nous n'avons, aujourd'hui, aucune raison de changer de position alors que la droite et le Medef préparent la plus redoutable des attaques contre notre régime de retraite par répartition.

    Lever le tabou des « prélèvements obligatoires »
    Pour la droite et le Medef, l'augmentation généralisée des cotisations sociales pour financer les retraites doit être écartée. Pourquoi ? Parce qu'elles alourdiraient les « prélèvements obligatoires ».
    Cet argument d'autorité n'est pourtant d'aucun poids. Cette notion de « prélèvements obligatoires » a été inventée de toutes pièces par les libéraux. Elle leur permet de ne pas dire crûment qu'il faut baisser les impôts des riches et les salaires indirects (les cotisations sociales). Mais les prélèvements sous forme de cotisations sociales, de salaires indirects, sont des prélèvements pour lesquels les salariés se sont battus pendant des décennies avant d'obtenir, à la Libération, qu'ils deviennent obligatoires. Afin, d'obtenir, aussi, qu'ils ne soient pas mélangés à l'impôt. Car l'impôt n'est pas « pré affecté » à une dépense précise tandis que les cotisations sociales le sont : cette séparation interdit de se servir des cotisations sociales pour autre chose que la protection sociale. Mais, si l'on veut garder le même niveau de retraite (ce que prétendent Chirac comme Raffarin) il faudra bien financer ce maintien par une hausse des « prélèvements » qu'ils soient publics ou privés. Le Medef et tous ceux qui, à droite, préconisent des fonds de pension d'entreprise le reconnaissent d'ailleurs implicitement. En effet, ces fonds de pension d'entreprise ne se financeront pas tout seuls. Pourquoi les sommes destinées à alimenter ces fonds de pension n'alimenteraient-elles pas plutôt les retraites par répartition ? La droite comme le Medef se gardent bien de répondre à cette question et même de la poser.
    Aux Etats-Unis le poids des dépenses de santé représente 14 % du PIB contre 9 %, environ, en France. La différence est qu'aux USA, la plus grande partie des dépenses de santé est privée. Les libéraux sont donc satisfaits : le montant des « prélèvements obligatoires » publics est plus bas qu'en France. Même si le montant total des « prélèvements » publics et privés destinés à financer la santé est plus élevé. Le résultat est édifiant : des inégalités criantes devant la maladie et une situation sanitaire déplorable de la population du pays le plus riche du monde : au 22e rang dans le classement de l'Oms ! C'est la même calamité qui guette nos retraites si nous ne parvenons pas à lever le tabou des « prélèvements obligatoires ».
    Il faut d'ailleurs tirer toutes les conséquences de ce tabou des « prélèvements obligatoires » pour les salariés âgés. Si les prélèvements obligatoires liés à la retraite par répartition cessent d'augmenter : quelle sera la situation des salariés de plus de 60 ans licenciés et qui n'auront pas les 42 ou 45 années de cotisation exigées par la droite ? Pourront-ils continuer à percevoir les mêmes allocations de l'assurance-chômage jusqu'à ce qu'ils puissent bénéficier d'une retraite à taux plein ? Rien n'est moins sûr car cela ferait augmenter d'autres « prélèvements obligatoires », ceux de l'Unedic. Ils ne resteraient plus, alors, que deux solutions à ces salariés âgés : accepter l'un des « emplois vieux » sous qualifié et sous-paye dont la droite prépare activement la mise en place ou prendre sa retraite avec des droits réduits.

    Il faudra de toute façon entre 18,5 et 20 pour_cent du PIB pour financer les retraites en 2040
    II faudra, dans tous les cas, augmenter de 6 à 8 points la part du PIB destinée à financer nos retraites en 2040.
    Une telle augmentation n'est pas disproportionnée puisque entre 2000 et 2040, le nombre de retraités doublera dans notre pays. Il est tout à fait étonnant, d'ailleurs, que la droite qui insiste beaucoup sur ce doublement du nombre de retraités n'en tire pas toutes les conséquences quant à l'augmentation de la part du PIB destinée à financer les retraites.
    Cette augmentation est tout à fait possible. Une augmentation de 8 points de la part du PIB destinée à financer les retraites a déjà eu lieu de 1960 à 2000 (de 4,5 % à 12,5 % aujourd'hui). Pourquoi ce qui a été fait au cours des 40 années précédentes ne serait-il plus possible, au cours des 40 prochaines années ?
    D'autant que les besoins de financement des retraites par répartition connaîtront un pic en 2036-2040 lorsque toute la génération du baby-boom (née entre 1946 et 1976) sera arrivée à l'âge de la retraite. Le nombre de nouveaux retraités diminuera alors brusquement, malgré l'allongement de l'espérance de vie après 60 ans. D'autant qu'en 40 ans, avec un taux moyen de croissance annuel de 1,75 % (taux retenu aussi bien par le rapport Charpin que par le COR et qui n'est pas vraiment optimiste) la richesse de notre pays aura doublé entre temps et que son PIB sera passé de 9 500 milliards de Francs (1450 milliards d'euros) à 19 000 milliards de Francs (constants 2001) (2 900 milliards d'euros).
    Il serait donc tout à fait possible à la fois, d'augmenter les salaires directs et indirects (les cotisations sociales et notamment les cotisations retraites), de réduire le temps de travail et de faire progresser l'investissement productif. À une condition : que les profits des actionnaires d'entreprises n'accaparent pas la plus grande partie de cette augmentation de richesse ! Or, tel est bien le but du Medef (et donc de la droite) : il veut geler la part de notre PIB destiné à financer les retraites par répartition aux environs de 12 à 13 %. Il ferait ainsi d'une pierre deux coups. Les cotisations retraites patronales n'augmenteraient pas et laisseraient les profits des entreprises accaparer une grande partie des nouvelles richesses. Le recul des retraites par répartition ferait une place de plus en plus large aux fonds de pension, permettant ainsi aux banques et aux compagnies d'assurance de mettre en valeur d'énormes capitaux.
    De toute façon, donc, en 2040, la part du PIB destiné à financer les retraites sera de l'ordre de 18,5 à 20 %. Tout le problème est de savoir si ces sommes seront destinées en totalité aux retraites par répartition ou si ces 6 à 8 points supplémentaires de PIB iront financer les fonds de pension avec leur cortège de risques et d'inégalités.

    Partager autrement les richesses produites chaque année
    Entre 1980 et 1997, la part des profits dans le partage de la valeur ajoutée des entreprises (la richesse créée par les entreprises) a augmenté d'environ 8 points, aux dépens des salaires, directs et indirects. L'économie globale s'en est-elle pour autant mieux portée ? Non, au contraire. Qui, aujourd'hui, oserait affirmer, comme au début des années 1980 que « les profits d'aujourd'hui sont les investissements de demain et les emplois d'après-demain » ? Rares sont ceux qui n'ont comme dans le public ! pas observé qu'une bonne partie des profits réalisés par les entreprises n'est pas destinée à l'investissement productif mais à la spéculation boursière. Or, nous voyons aujourd'hui les résultats d'une telle situation : les cours boursiers s'effondrent régulièrement, fragilisant ainsi l'économie tout entière. Qui peut encore douter qu'un rééquilibrage du partage de la valeur ajoutée au profit des salaires serait bénéfique à l'économie globale en assurant une croissance régulière de la demande ?
    L'augmentation des cotisations retraites patronales serait un moyen privilégié de commencer à rétablir cet équilibre. Elle permettrait, en même temps, de combler les besoins de financement de notre système de retraite par répartition.
    Le rapport Charpin, comme le COR, estiment que l'augmentation des cotisations retraites nécessaire à l'équilibre des régimes de retraite par répartition en 2040 devrait être de l'ordre de 15 points. Il ne s'agit pas de n'importe quel équilibre puisque ces 15 points permettraient de maintenir la parité de niveau de vie entre retraités et actifs c'est-à-dire de stabiliser à 78 % le taux moyen de remplacement du salaire moyen net par la retraite moyenne nette.
    Mais le fonds de réserve devrait permettre de prendre en charge 20 % des besoins de financement (50 % des besoins de financement du régime général selon le COR) soit l'équivalent de 3 points de cotisations retraites. Il ne resterait donc plus que 12 points d'augmentation des cotisations retraite à effectuer progressivement à raison de 0,30 point par an pendant 40 ans. En augmentant les cotisations patronales de 0,20 point et les cotisations salariales de 0,10 point chaque année, un partage des richesses plus favorable aux salariés (actifs et retraités) commencerait à s'instaurer, tout en préservant l'investissement productif puisque serait ainsi uniquement ponctionnée la part des profits destinée à alimenter la spéculation boursière.
    Est-ce vraiment insupportable, comme nous l'affirme la droite ?
    Pour répondre à cette question, il faut tenir compte des calculs effectués par le COR : Selon le COR, en effet, si les cotisations sociales n'augmentent pas et que l'âge de la retraite n'est pas différé : le montant de la retraite ne sera plus que de 43 % du salaire net en 2040 (2 600 F de retraites, en francs constants 2001, pour un salaire de 6 000 F) ! Ne vaut-il pas mieux augmenter les cotisations dans les proportions proposées ?
    Toujours selon le COR, si les cotisations sociales n'augmentent pas et que le montant des retraites nettes est maintenu (78 % du salaire net) : le recul de l'âge nécessaire est de 9 ans ! Là encore ne vaut-il pas mieux augmenter les cotisations dans les proportions proposées ?
    La question des régimes spéciaux n'est pas un problème de financement, mais un problème d'acquis, de négociation, de nouveaux progrès : il y a des métiers pénibles physiquement et mentalement où il n'est pas même concevable de travailler jusqu'à 60 ans : les métiers de la santé, par exemple, n'ont-ils pas le droit à une vraie retraite à partir de 55 ans ? N'en est-il pas de même, dans le secteur privé pour les ouvriers du bâtiment, les chauffeurs routiers, les travailleurs et les travailleuses de nuit, pour tous ceux et toutes celles qui ont commencé à travailler très jeunes ? D'autant qu'il y a des inégalités d'espérances de vie. Tout cela peut et doit s'étudier et se négocier, évoluer : mais à condition que ce soit dans le cadre d'un ordre public social commun à tous. Confirmons, protégeons d'abord le cadre collectif commun : droit à 60 ans à une retraite à taux plein pour tous, dès 37,5 annuités de cotisation.

    La « retraite à la carte » peut paraître séduisante mais, en vérité, elle est cruelle et inégalitaire : c'est le choix individuel entre « s'user davantage ou vivre moins bien le reste de son âge ». On vous donne un faux choix, partir tout de suite mais vivre assez misérablement, ou travailler plus longtemps pour plus d'argent, mais raccourcir votre vie (car les « tables de mortalité sont là pour vous indiquer que lorsque vous dépassez les 60 ans, chaque année de travail abrège d'autant vos jours...). Cette « retraite à la carte » a, d'ailleurs, toutes les chances de n'être qu'un leurre : les salariés de plus de 55 ans, de plus en plus nombreux à être licenciés n'auront le choix, en réalité, qu'entre le chômage et une retraite à taux réduit. Or, le patronat n'a pas du tout l'intention de changer sa politique à l'égard des salariés âgés. Pour s'en convaincre, il suffit d'observer qu'au moment même où l'Unedic aggravait les conditions d'indemnisation des chômeurs âgés, le Medef écrivait à Fillon pour lui demander de baisser la « contribution Delà-lande » et donc d'assouplir les possibilités de licenciement de ces mêmes travailleurs âgés. De toute façon, ce serait malheur que de perdre un droit d'ordre public social commun à tous, repérable et défendable, pour le leurre d'un choix individuel ou modulé par métier, branche, avec des critères discutables à perte de vue.

    Ne pas laisser de place aux fonds de pension
    Le Medef et une partie de la droite (Balladur...) affichent clairement leur volonté de généraliser les fonds de pension, dans le privé comme dans le public.
    Leur argument décisif est de nous dire qu'on ne peut pas faire autrement parce qu'ils existent partout ailleurs. C'est un argument « boomerang ». En effet, chacun connaît les « bienfaits » des fonds de pension au Royaume-uni puisque les salariés britanniques devront bientôt attendre 70 ans pour profiter de leur retraite.
    Encore faudrait-il préciser que 50 % seulement des salariés sont titulaires d'un fonds de pension (ceux qui peuvent épargner tous les mois) et que les autres disposent uniquement d'une retraite publique égale à 32 % de leur salaire ! C'est sans doute ce qui explique le faible poids des ' prélèvements obligatoires » au Royaume-uni. C'est aussi ce qui plaide pour leur alourdissement si nous voulons préserver nos retraites.
    Les fonds de pension sont risqués. Cela n'est plus à démontrer, tout le monde a compris qu'il s'agissait de jouer sa retraite en bourse.
    Les fonds de pension sont inégalitaires. Ils sont basés sur la capacité d'épargne (qui va de 1 à 24 en moyenne) alors que les retraites par répartition sont proportionnelles aux salaires (qui, pour l'essentiel, ne connaissent un écart que de là 4). Les fonds de pension ne sont pas des compléments mais des concurrents dangereux des régimes par répartition. Le « troisième étage » de nos retraites, vanté par le Medef serait un troisième étage en trompe-l'œil : la hauteur totale de l'immeuble des retraites ne varierait pas. Simplement, ce troisième étage, celui des fonds de pension, siphonnerait les ressources du régime de base et des régimes complémentaires au profit des seuls salariés capables d'épargner et donc aux dépens de tous les autres. Il siphonnerait les ressources futures des retraites par répartition : le Medef déclare qu'il n'y a pas d'argent pour les retraites par répartition mais il se dit prêt à mettre sur la table 8 % des salaires bruts pour financer les fonds de pension d'entreprise... Il siphonnerait les ressources actuelles des retraites par répartition en rognant l'assiette des cotisations retraites puisque les sommes épargnées sur les fonds de pension d'entreprise seraient exonérées de cotisations sociales et donc de cotisations retraites.
    Massivement, aujourd'hui, les salariés de notre pays se détournent des fonds de pension. Ils ont raison d'être échaudés par l'aventure d'Enron, de Worldcom ou de l'immobilier japonais... Un système comme la « Préfon » a échoué, depuis trente ans, à faire cotiser plus de 250 000 cotisants sur 5,5 millions de fonctionnaires et assimilés. Mais, si la retraite par répartition continuait à perdre du terrain (par l'allongement de la durée de cotisation et la baisse du niveau des pensions) les salariés qui ont les moyens d'épargner (les cadres et certains salariés stables des grandes entreprises) seraient de plus en plus nombreux à demander la mise en place de fonds de pension d'entreprise. Le Medef ayant déjà donné son accord à leur financement, II ne suffirait plus à la droite qu'à faire passer à 20 ou 30 ans la durée maximale du Ppesv (Plan partenarial d'épargne salariale volontaire), mis en place par le gouvernement de la gauche plurielle.
    Il ne suffit donc pas d'affirmer que l'on ne cherche pas à introduire des fonds de pension d'entreprise dans notre pays. Encore faut-il maintenir le niveau des retraites par répartition. Autrement, ils se feront inéluctablement une place, aux dépens des retraites par répartition. Le salariat sera alors divisé entre ceux qui au-çient les yeux rivés sur leur fiche de paye et ceux qui, titulaires de fonds de pension, auraient les leurs fixés sur la valeur de l'action de la société. Le rapport de forces basculerait encore plus en faveur du patronat et des marchés financiers. La généralisation des retraites par répartition avait, en moins de cinquante ans, banni la pauvreté chez la très grande majorité des personnes âgées. Le recul des retraites par répartition ferait que pour de très nombreux salariés, misère et vieillesse redeviendraient synonymes.

    L'emploi, la réduction du temps de travail, les retraites et la Sécu
    Toute notre orientation de réduction du temps de travail - et notamment les 35 h - serait battue en brèche par la hausse des annuités de cotisation. Faire travailler 5,5 millions de fonc- tionnaires et assimilés 36 mois de plus, même à 151,66 h par mois, cela représente 30,5 milliards d'heures de travail que les jeunes n'auront pas... L'allongement sera supérieur sur la vie à la réduction qui s'est peu ou prou effectuée sur la semaine. Et si le privé passe à 42 ans, puis davantage, les effets emplois seront catastrophiques. Le chômage de masse, déjà croissant avec les premières mesures Fillon-Raffarin, progressera... et le montant global des cotisations retraites baissera d'autant ! C'est une spirale infernale : moins de pouvoir d'achat, moins de consommation, l'économie se portera plus mal, et notre protection sociale reculera - y compris la Sécurité sociale, l'assurance maladie, dont les « trous » réapparaîtront. Le gouvernement utilisera le même raisonnement que sur les retraites pour diminuer les prestations santé puis pour privatiser la « Sécu », encourageant les assurances privées.

    NOTRE PROTECTION SOCIALE COLLECTIVE EST CE QU'IL Y A DE PLUS BEAU, DE PLUS SOCIALISTE EN FRANCE. NOUS AVONS DONC, EN TANT QUE SOCIALISTES, UN CHOIX DE SOCIÉTÉ FONDAMENTAL À FAIRE.

    Soit nous contre attaquons, défendons les principes de la solidarité, de la répartition, ne cédons pas au chantage initié par Balladur. Nous abrogeons ses mesures de 1993 et nous re-créons de l'égalité par le haut. En réduisant à nouveau à 37,5 annuités le nombre d'années nécessaires pour une retraite à taux plein, nous encourageons le plein emploi. Soit nous reculons : nous descendrons alors les marches une à une et laisseront les libéraux mettre à mal notre idéal, nos droits, nos conquêtes. Les salariés de notre pays ont su massivement faire reculer les projets d'Alain Juppé en novembre-décembre 95, nous devons être avec eux pour faire reculer ceux de Jean-Pierre Raffarin en 2003.
    JEAN-JACQUES CHAVÏGNÉ (MEMBRE DU BUREAU FÉDÉRAL DE LA SOMME) GÉRARD FlLOCHE (MEMBRE DU BUREAU NATIONAL)

    Liste des 535 premiers socialistes signataires dans 63 départements 02 : Claude Brocheton, Laurent Brocheton. Paolo de Souza. 05 : Gérard Fromm. Eliane Gaillard. René Garcïn, Christian Graglia, Jacques Guérin, Nicole Guérin. Claude Rarain. Danielle Tuillière. Francine Vigneul. 08 : Claude Christian. Pierre Ledemé. 09 : Sylvain Gravaillac. 10 : Myara Jaim. 11 : Paul André, Robert Bonnet, Jean Debruère. Paul Esquieu, Paulette Esquieu. Henri Molla. Franck Quintero. Didier Reverdy, Gilbert Rivère. Marie-Antoinette Rivère. André Sanz. Raymond Soler, Robert Vachot. 12 : Gérard Orliac.Christiane Orliac. 13 : Pierre Autran. Jean-Luc Berthon. Alain Barlatier, Jean-Pierre Carlon. Claude Forgnon, Esther Fouchier, Jean Goffredo, Didier Hacquart, Patrick Lacoste, Patrick Menucci. Liliane Maurel, Jean-Paul Nail. Jeanne Nobile, Robert Pedevilla. François Touchardjhierry Scholler. Nathanaé'l Uhl. 14 : Cirino Di Bianca. Réjane Di Bianca. Jean-Charles Le Poultier. Armand Lemoine. Josette Lemoine, Denis Touraine, 16 : Brigitte Bonneau. Michel Gourinchas, Gilles Le Moine. Jacques Mesnard. Jean-Michel Nivet. Jacques Petit. 17 : Michaël Thouvemn. Thierry Le Pesant, 18 : Alain Baudon, Yann Galut, Marcel Mazenoux, Jean-Jacques Rousseau, Bernard Richardiére. Yvonne Richardiére. 19 : Jean Bachèlerie. Roland Brajoux. Louis Chastrusse. Carole Da Rocha. 22 : Pierre Crolais. 23 : David Gipoulou. 24 : Cécile Labarthe. 25 : Alain Genot. Eliane Menegain, Dominique Menegain. 26 : Alain Bellier. Nathalie Deloche. Brigitte Descormes. Michel Descormes. Jean-Michel Laveaud. Jean-Claude May, Alain Pairon, Patrick Sansano, Annick Timmermans. Patrice Vial, 30 : Michel Paillot, 31 : Marianne Araujo. Jean-Louis At. Noëlle At. Moussa Bechefrif, Christian Bélinguier, Jean-Pierre Cadiot, François Carbonnel, Thomas Chavigné, Christiane Desplats-Fonvieille, Christian Desprez, Jean-Claude Fernandez, Gilbert Garda, Jacques Girma. Jean-Luc Lacambra. Monique Lopez. Christine Pluta, Guy Pluta. Raymond Rieupeyroux. Marie Rosé Rieupeyroux, Christine Ruiz-Bauza, Marie-Claude Setau, Annick Tessier. Pierre Timsit. Nicolas Tissot, Claude Touchefeu. Joël Trottard. Miloud Zaater. 33 : Julien Baudry. Daniel Fruguier. Françoise Fruguier, Pierre Maréchal. 35 : Vincent Baudoin. Alain Boudard. Sébastien Cadieu. Marc Claudot, Anne-Laure Langlais. Patrick Leborgne. Robert Le Brett, Jean-Luc Lefeuvre. Rodolphe Llavori. Emilie Masclet. Frédéric Mathieu. Patrick Soulier. 37 : Stéphane Corbia 38 : Linda El Haddad. Amar Thioune. 39 : Pierre Bidault, Pierre Cailliez, Olivier Cavallin. Jean-Louis Duprcz. Albert Franco. Christiane Franco. Hélène Franco, Lucette Frichet, Benjamin Gaillard. Louis Gibert. Georges Marie, Annette Martel St Paul, Marie-Claire Rufenacht. M-Thérèse Vannier-Simon. Charles Vi-prey, Jean-Claude Viprey. 40 : Roland Ramis, 41 : Magali Audebert. 43 : Pierre Bouchet, Jean-Yves Derigon. Annick Faisandier, Gérard Fraquier, Julien Guérin. Luc Jouve. Franck Masclaux. Patrick Masclaux. Bernadette Pichot, Martine Pierron, Gérard Rouleau, Jacques Rouvière, Catherine Teysonnière, Michel Thibault, Raymond Vacheron, Paul Valette. 44 : Gilles Berthier, Lucien Bertin. Gérard Bourdu, Janick Fabregues. Claudine Langlois. Anne Lefèvre, Clélia Marcbesi. Henri Moutault. Philippe Renaudineau, Jean-Bernard Saxel, René Seiller, Joëlle Tartrou, Michel Tartrou, Françoise Thibaud. Eric Thouzeau. Catherine Touchefeu, Yves Trihoreau. Anne Vincent, Bernard Vincent. 51 : Mêtossi Ahoussou-Fleury, Kamel Ait Ammar, Jean-Pierre Bartholome, Nelly Beaufort, Yves Belaich, Gérard Berthiot, Albane Boudjadi. Philippe Boud-jadi. Monique Bourachot. Nathalie Dahm. Claudine Desplan. Jean-Marie Desplan, Ronan Fleury, Dominique Fourestier, Marie-Jo Garido, Aline Geeraerts, Nicolas Jarosz, Didier Lassauzay. Elisabeth Lemaçon. René Lemaçon. Mélanie Lesueur. André Lorentz. Homad Messaoudi. Chantai Millet. Renaud Mimin Régine Pillière, Jean-Claude Rouffignac, Gérard Sigal. Jean-Michel Sol. François-Florent Théry. Jean-Louis Thibout, Marc Thomas. 54 : Patricia Baci-Chiquart, Alain Berniquet. Denis Bravetti, Mounir El Harradi, Emmanuel Girod, Stéphane Hablot, Georges Komorowski. Stéphane Nicot, Rosé Nobile. Luc Perrin, Jean-Philippe Thanry. 55 : Bruno Boschiero,. Roger Carré. Frédéric Favier, Pascal Haros. Jean-Bernard Haros, Samuel Hazard, André Henquinet, Roland Jehannin, Christian Laurent, Serge Silvetti. Jean-François Thomas. 59 : Jean-Pierre Meausoone.Patrick Thiery-Cerezo. 60 : Hervé Le Fiblec. Laurence Rossignol. 62 : Louis Hautier. Nathalie Samadi. 63 : René de Froment. Nadine Déat..64 : Michel Bernadicou. Anne Bernard, Gérard Boudet. Bertrand Bousseau, Jean-Michel Cazalet. Pierre Cbéret. Elisabeth Dubois. Paul Duchamp. Rémy Fauthoux, Roger Feugas, Magali Flaœlière. Natalie Francq. J-Claude Gracia, Corinne Julien, Jacqueline Labat. Jean-Louis Labatut, Bernard Lajus, Jean-Yves Lalanne, Guy Mondorge. Alain Monnin, Jean-Philippe Nassieu. Dominique Piron. Benoît Proto, Carlos Ramalho, Félicien Rigaud, Pierre Ruscassie. Christophe Schupp. Pascal Torchala. 65 : Christel Andro, Francis Esquerré, Julien Gaillard, Philippe Lassalle. Vincent Ricarrère, Gérard Suzanne. 66 : Michel Bouvier. 67 : Syamak Aghababai, Gianfranco Alberelli. Jean-Claude Al-brecht, Joël Allain, Henri Dreyfus, Dina Fréani. Anita Grasset, Gérard Marino, Serge Oelher, Anne Redondo. David Romieux. Laurent Rosart, Annick Tessier Jean-Charles Vescovo. Roland Wehrling. 69 : Daniel Baiguini, Jacques Demonet, Emmanuel Dupuis, Joseph Dussel, Georges Farge, Alain Girardot. Stéphane Gomez. Benjamin Grandener. Jean-Vincent Jehanno. Jean-Philippe Jouvenel, Marie-Christine Mabboux, Renaud Moisson. Henri Paraton. Gilles Vergnon. 72 : Guy Beauné. Jean-Philippe Boidé. 73 : Vincent Jullien, Camille Depoire.74 : Laure Herbert. Marvin Mandell. Jean-Paul Moille, Valéry Pratt. Betty Reed-Man-dell.Colette Zory. Frédéric Zory. 75 : Sarah Bénichou. Nicolas Biren. Prunelle Bloch, Colombe Brossel, Mahor Chiche. Hervé Donnard, Jean-Paul Dorier. Sybille Fasse, Germain Filoche.Nathalie Fortis. Mainadoii Gaye, Charlotte Girard. Martine Guillaume. Tristan Klein. Charlotte Le Provost. Nicolas Nordman, Gilles Orzoni, Françoise Rambaud, Emmanuel Reich, Jérémy Robine. Flora Saladin, Aimé Skoutelski, Denise Skou-telski, Jean-Patrice Solari, Dominique Sopo, Dominique Tricaud, Didier Tzwangue. Boris Vassaux, 76 : Eliane Colombel. Jean-Marc Pruvost, Christiane Savignard, 77 : Jean-Claude Beauvironnet. Abdel Ben Tayel). Dominique Binet, Didier Dague, Michel Dupuy. Gérard Filoche, Corinne Julliard, Alain Leroy. Michèle Loiseau, Nathalie Loiseau, Jean-Claude Marchese, Laurent Marcille, Benoît Martin. Richard Offerte, Franck Payonne. Patrick Prigent, Richard Taillefer, Jacob-Voglozin, Alain Wallon, Geneviève Wortham. 78 : Jérôme Cachait, Jean Chaudieu, Jacques Chesnais, Muriel Condolf, François Guérout, Jean-Louis Heguy, Jean-Louis Hernando, Raymond Launay. Robert Oliver, Michel Poirot. 79 : Christine Antoine. Michel Léaument, 80 : Azelarab Amor, Daniel AndréSerge Aubel, Thierry Aubel, Christian Bachy, Franck Barot, Jean-Louis Béhague, Martine Bonnay, Xavier Bonnay, Emmanuelle Bouchaal, Icham Bouchaal, Moncef Bouchaal, Nordine Bouchaal, Mohamed Boulafrad, Michel Boulogne, Albert Cardon, Didier Cardon, Gilles Caron, Philippe Casier. Thierry Cazy, Valérie Chabaudie, Jean-Jacques Chavigné, Leïla Chavigné, Claude Clercq, Georges Coppé. Raoul Coquet, Régis Darras, Eisa Delignières. Josianne Dufresne, Josiane Dupuis, Claudia Faucon, Jacques Fleury, Christian François. Anne Haberer. Jacques Hamelin, Serge Hombert, Jean-Marie Laout. Pascal Lethelliez, Sandrine Liégaux, Olivier Linéatle, J-François Liquier, Michel Mairesse, Christian Margrit. Isabelle Masson, Eric Mehimmedetsi, Ariette Merlin, Gregory Messier, Magali Monticelli, Jacqueline Pasquier, Micheline Patte, Jean-Louis Piot, Thierry Plé, René Prévéral, Edgar Rigaut, Paulette Rigaut, Sandrine Salard, Philippe Sannier, Didier Thuillait, Martine ThuillattMichel Toxe, Michèle Toxe, Philippe Verdier.. 81 : Bruno Antonini, Linda Bessières, David-Olivier Carlier, Christine Faral, Philippe Guérineau, Christian Michel. 83 : Alain Barkate, Dominique Barkate, Jean-Pierre Carlon, Alain Fortuit, Denis Leclerc, Jean-Claude Macé, Bruno Maranzana, Isabelle Nunez, Marie-Jo Routens, Françoise Tahiti, Sadeck Tahiri, 84: Philippe Batoux, Jean-Marc Pelenc, 85 : Sylviane Bulteau. Jacques Kalbach, 87 : William Colas, 88 : Stéphane Viry, 89 : Jacques Babel, Michel Cretot, 91 : Delphine Batho, Eric Benzékri, Jean-Louis Berland, Marie-Christine Carvalho, José Castrojacaques Champemont,Brigitte Fichaux, Brigitte DelairJean-Pierre Flinois,Patrick Grand, Régis Lagrifoul, Jacques Lericollais, Loubna Méliane, Guillaume Morice, Frédérique Petitta, Roselyne Roussel, Nassera Si Ali, Arnold Stassinet, Patricia Thépault, Samuel Thomas, 92 : Michel Bousquet, Richard Clua, Monique Deslandes, Patrick Deslandes, David Dierricks, Hermann Ebonguejean-Michel Gaignard, Jean-Marc Gaudefroy, Monique Godfrey, Jean-Paul Merlen, René Palmieri, Sébastien Pietrasanta, Laurence Salvat, Jean-Michel Tanin, 93 : Olivier Cessot, Thibaud Cotta, Harlem Désir, Samia El Mars, Assane Fall, Natacha Gorchon. Christophe Piercy, Ingrid Renaudin, 94 : Thierry Atlan, Jean Brett, Annie Brewee, Vincent Chariot, André Grimaldi, Sylvie Lefur, Danièle Schley, Robert Schley, Cécile Soltani, Michel Talon, 95 : Michel Van Rensbergen, FFE : Jean Gernigon.Philippe Marlière, Valérie Picquet, Christian Toillier, Armelle Weill.... Signez, faites signer : on va vers mille signataires.

  • Rompre avec la Vème République !!!

    « La Constitution était dangereuse avant moi,
    elle le redeviendra après moi ».

    François MITTERRAND.



    Ce texte est une contribution pour comprendre l’échec de la gauche au premier tour de l’élection présidentielle et reconstruire une gauche unie dans le mouvement social et le champ politique. C’est dans ces périodes de crises que l’analyse, les discussions entre Citoyens… doivent nourrir la réflexion politique.

    Le dimanche 21 avril 2002, la gauche a dramatiquement réalisé que les Institutions de la Vème République et son scrutin majoritaire fourvoient son avenir et son accession au pouvoir.
    En 1958, Michel DEBRE rédigea pour son « Maître », le Général De GAULLE, la Constitution de la Vème République. L’objectif de cette Droite fut de garantir que la gauche ne puisse jamais accéder à la Direction suprême du Pays. De 1958 à 1981 elle y parvint.

    Quarante quatre ans plus tard, le temps n’a pas rendu les Institutions de la Vème République plus démocratiques ! Elles ne sont ni adaptables, ni ajustables, ni acceptables. Pire, le quinquennat associé à l’inversion du calendrier électoral n’aura qu’accentué le caractère présidentialiste du régime. L’élection présidentielle au suffrage universel direct n’est pas faite pour la gauche.

    . Gauche et Droite n’ont pas la même culture militante :

    - Au sein de la Droite française, et on devrait plutôt dire dans les Droites, le choix du César, du Chef, est un préalable.
    Toutes les écoles de pensées, l’ensemble des traditions, tous les intérêts divergents se rejoignent sur un point : le leader est intouchable. Ensuite, le projet politique peut s’élaborer et les lieutenants se déchirer dans l’attente des « miettes du pouvoir ».
    A ce titre la Dissolution de 1997 est exemplaire, elle avait crée une crise politique interne aux forces de Droites sans précédent. CHIRAC conservait-il le leadership dans son camp ? La Droite était au bord du gouffre…

    - Au sein de la gauche française, une autre culture militante prévaut.
    Nous croyons aux débats d’idées, nous sommes intimement convaincus que l’émancipation individuelle passe par l’émancipation collective, que c’est le projet qui détermine celles et ceux qui en seront les portes-drapeaux et non l’inverse.
    La conséquence institutionnelle directe de ces deux cultures profondément opposées est sans appel : le leader de la Droite ne peut pas être mis en cause personnellement, alors que les candidats de gauche sont soumis à une critique permanente de leur propre camp.

    La présidence de François MITTERRAND aura été l’exception qui confirme la règle : la Vème République et son régime présidentiel remplissent leur mission assignée dès leur origine, la confiscation du pouvoir.

    En tant que socialistes et militants de gauche nous en appelons à l’établissement d’une VIème République. Seul un régime parlementaire permettra de rapprocher la Démocratie du Citoyen et servira de base à la société mobilisée pour assurer la transformation sociale.

    Face à l’Extrême Droite et pour reconstruire la Gauche, l’unité est une condition impérieuse. Au-delà d’un simple mot d’ordre unitaire la VIème République, permettra le rassemblement et la mobilisation de l’ensemble des forces de la gauche plurielle et radicale.


    CALENDRIER

    La refondation de la gauche est possible, mais à court terme nous devrons réussir 3 étapes :

    - Le 1 Mai 2002 nous descendrons dans la rue défendre les valeurs républicaines et dire NON à l’extrême Droite (RDV à 13h00 Bd de la villette devant la CFDT, métro Belleville).

    - Le 5 Mai 2002 nous irons voter sans aucun état d’âme pour le candidat républicain.

    - Dés le 5 mai 2002 au soir, nous préparerons les élections législatives pour construire la France solidaire et bâtir un monde meilleur.


    Mahor CHICHE

    Sidoine DESROUSSEAUX













  • CONTRE LE FN

    VOTONS POUR LA REPUBLIQUE !
    APPEL AU VOTE
    Le 5 mai dites : NON à l'extrême droite !

    Nous, Citoyens, responsables associatifs, conseillers de quartiers, élus du 19ème arrondissement de Paris, appelons solennellement les électeurs à se mobiliser massivement le 5 mai, lors du second tour de l'élection présidentielle pour faire barrage au Front National.

    Nous savons que le candidat RPR est notre adversaire dans le cercle de la Démocratie. Nous savons qu'il a souvent manqué à l'honneur de ses mandats, notamment à Paris, où nous continuons à combattre son "système".

    Mais nous savons aussi que Jean Marie LE PEN est un danger pour la République.

    Comme il l'a toujours fait, le camp du progrès social sait prendre ses responsabilités quand la situation l'exige.

    Contre le fatalisme et la peur, nous restons mobilisés plus que jamais pour la démocratie et une France juste.

    Nous, Citoyens, responsables associatifs, conseillers de quartiers, élus du 19ème arrondissement de Paris, appelons solennellement les électeurs à se mobiliser massivement le 5 mai, lors du second tour de l'élection présidentielle pour faire barrage au Front National.Nous savons que le candidat RPR est notre adversaire dans le cercle de la Démocratie. Nous savons qu'il a souvent manqué à l'honneur de ses mandats, notamment à Paris, où nous continuons à combattre son "système".Mais nous savons aussi que Jean Marie LE PEN est un danger pour la République. Comme il l'a toujours fait, le camp du progrès social sait prendre ses responsabilités quand la situation l'exige.


    Jean Christophe CAMBADELIS, Député de Paris
    Roger MADEC Maire du 19ème arrondissement de Paris
    Daniel MARCOVITCH, Député de Paris
    Mahor CHICHE Conseiller d'arrondissement


    Des dizaines de personnes ont d'ores et déjà signé cet appel