Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Le PSG face à un défi historique : sa survie

    Sport et violence, un sujet classique de philosophie. L’actualité récente de l’équipe de France et du Paris Saint Germain (PSG) montre à quel point le sport suscite la passion des masses. « Les Dieux du stade » sont souvent les représentants d’une ville, d’une nation, et d’espoir d’un monde meilleur ; parfois ils sont ridicules.

    Les supporters sont quant à eux souvent caricaturés, mais sont souvent de « braves types » cherchant seulement à vivre leur passion du sport et la transmettre. Malheureusement, depuis plusieurs années le football français est confronté à une montée de la violence et de l’intolérance dans les stades et à l’extérieur. Nos stades ne sont plus des sanctuaires.

    « Le bon père de famille » ne peut plus sans risque penser emmener son enfant assister à un match de football, partager un hot dog et boire une boisson gazeuse comme s’il se rendait au cinéma. Malgré la présence de stadiers, malgré les impressionnants dispositifs de police, l’insécurité règne.

    Par son absence de volontarisme, la Fédération Française de Football (FFF) et l’insuffisance des moyens de prévention a laissé la situation se dégrader. Football amateur ou football professionnel, l’arbitre n’est plus respecté, les insultes fusent, et la violence gangrène. Marseillaise sifflée, rixes entre supporteurs, dégradations de biens publics, violence à l’égard des forces de police… autant de manifestations de haine.

    Le club de la capitale, le Paris Saint Germain, PSG, est évidemment confronté lui aussi à ce type de difficultés, d’autant que l’antagonisme classique Capitale/Province perdure.

    Le PSG est divisé en deux virages hostiles : « les ultras » de la tribune d’Auteuil plutôt cosmopolite et antiraciste contre une partie du « kop de Boulogne » qui se revendique blanche et plutôt d'extrême droite. En février dernier, lors d’un match PSG-OM, un spectateur de la tribune Boulogne est frappé à mort par des supporteurs de la tribune Auteuil. De la banderole déployée " Pédophiles, chômeurs, consanguins, Bienvenue chez les Ch'tis " lors de la finale de la Coupe de France de 2008, aux incidents entre supporters, aux multiples affrontements avec la police la situation est devenue inacceptable et intenable pour le club et les pouvoirs publics.

    Cinq groupes de supporteurs du PSG ont été dissous pour violences. Il s'agit notamment de "Commando Loubard" et "Milice Paris" de la tribune de Boulogne, et des associations "Supras Auteuil 1991", "Paris 1970 la Grinta" et "les Authentiks" de la tribune d'Auteuil.

    Depuis, le PSG tente d’endiguer la violence et de changer d’image, pourtant rien n’y fait. Les insultes et saluts nazis restent légions. Lors de la première journée de L1 contre Saint-Etienne 249 supporteurs ont été interpellés aux abords du stade.

    Force est de constater que la police a souvent laissé faire et que le Club a tardé à prendre des mesures énergiques. Le Président Robin LEPROUX a décidé de prendre les choses en main en prenant des mesures sans précédant.

    Le PSG a instauré un plan anti-violence visant à faire disparaître les antagonismes entre les tribunes rivales en mélangeant les supporteurs des deux groupes lors des matchs. Pour réussir cet objectif, plusieurs mesures ont été adoptées tels le placement aléatoire des supporteurs, la disparition "temporaire" des abonnements, la création d’une tribune spéciale familles.

    La saison 2010-2011 sera inédite et permettra de juger rapidement du sérieux de l’engagement du Club et de l’efficacité du travail mis en œuvre.

    Pour l’heure la situation entre la Direction du club et ses associations de supporters demeure tendue comme l’a parfaitement illustré le match d’Europa League opposant le PSG au Maccabi Tel-Aviv.

    Sportivement, le Paris SG a pris une belle option sur la qualification à la phase de poules de l'Europa League en battant 2-0 (buts de Luyindula à la 3e minute et Hoarau à la 60e) l’équipe du Maccabi Tel-Aviv en barrages aller.
    Ce soir là, le stade est rempli d’à peine 10.000 spectateurs, un stade vide où même la sono du club bug, le Parc des Princes apparaît sans âme. Les gradins vides rendent l’ambiance morne.
    Le millier de supporters du Maccabi fait même au début du match plus de bruit que les supporters du club parisien.

    - L’interdiction des drapeaux


    L'élimination face au Maccabi Haïfa en 1998 (1-1 et 2-3) et surtout la défaite au PSG contre l'Hapoël Tel-Aviv (2-4) en 2006 suivie de la mort de Julien Quemener provoquée par des affrontements avec la police, et le lourd contexte international ont incité la Préfecture de police de Paris et le PSG à adopter pour le match PSG-Maccabi Tel-Aviv des mesures d’exception.

    Jean-Louis Fiamenghi, directeur de cabinet du préfet de police de Paris, avait prévenu: « On dit : Attention, vous venez assister à un match, supporteurs israéliens comme supporteurs du PSG, n’amenez pas de drapeaux de pays israéliens, palestiniens, etc… Parce que ça on ne le laissera pas passer ». Tous les drapeaux furent interdits pendant le match.

    La Préfecture de Paris avait déjà interdit les drapeaux tibétains lors du passage de la Flamme olympique en France et l’appel au boycott des jeux olympiques de Pékin.

    Lors de ce match : banderoles, drapeaux, appareils photos furent interdits. Ces mesures qui se banalisent sont pourtant manifestement attentatoires à nos libertés publiques. Elles constituent une véritable atteinte aux droits du supporter.

    - Le boycott du Parc


    Touché massivement pas des vagues massives d'interpellations depuis plusieurs mois, les principaux groupes de supporteurs parisiens ont renoncé à venir encourager leur équipe."On ne sera pas au stade, prévient-on à Auteuil. Il n'y a rien de prévu, pas de mouvement de contestation. En plus, ça maintient la pression sur le club qui ne sait pas quand on reviendra".

    La grogne des supporters a fait régner un silence de plomb dans un stade qui n'avait sans doute jamais été aussi vide.
    Un match sans intérêt et sans incident. L’ambiance coutumière du stade avec ses tambours, fumigènes et chants n’était pas là.

    Le club qui souhaite redorer son image n’est pas prêt de voir le bout du tunnel. La grève des supporters est sans précédant. Les deux virages rivaux qui, unis, ont recommencé à se parler, entendent bien s’unir contre le plan LEPROUX.

    Concertation dialogue, médiation et répression semblent insuffisants pour ramener la sérénité pour convaincre les Parisiens de retourner au stade en famille.

    L’équipe de Monsieur LEPROUX semble être déterminée à endiguer la violence et ramener le respect, la question est de combien de temps disposeront-ils ? Le PSG ne peut pas se permettre longtemps de jouer à domicile comme s’il jouait à l’extérieur ou à huit clos.

    Le club doit s’ouvrir à la société civile et réfléchir à une nouvelle stratégie en améliorant le « fan coaching » (pratique qui consiste à encadrer les supporters avec des gens connaissant le football et pas seulement des policiers) et en diversifiant son public. Il doit surtout participer à l’éducation des plus jeunes en multipliant les classes pilotes et initiatives en faveur des quartiers.

    Sans un tel changement des mentalités et pratiques, le PSG pourrait bien disparaître où se voir concurrencer par un nouveau club. La plupart des grandes villes européennes ont deux équipes (Espagne, Italie) et aujourd’hui certains espèrent l’émergence d’un second Club parisien qui pourrait jouer au stade France (à un moment l’entrepreneur Bernard Tapie a envisagé de s’investir dans une telle aventure). L’éditorialiste Christophe BARBIER soutient, quant à lui, l’idée de la suppression du club parisien et d’un changement de nom pour la création d’un Club du « grand Paris ».

    Cette année le PSG devra marquer des buts et gagner les cœurs des franciliens en changeant d’image. La survie du PSG est en jeu.

  • Le jour où Facebook m'a banni

    Débat › Le monde contemporain


    Facebook a atteint, le 21juillet, les 500 millions d'utilisateurs, record battu faisant de ce réseau social un fait historique dans l'ère numérique. Un demi-milliard de citoyens, près de 8 % de la population mondiale, bénéficie du progrès informatique pour échanger. La mondialisation montre en l'espèce ses aspects positifs.


    Ce succès planétaire ne doit pas faire oublier les dangers de ce type de plates-formes communautaires et l'absence de droits pour les utilisateurs. Le président américain, Barack Obama, a mis en garde l'opinion américaine sur ces dangers : "En premier lieu, je veux vous dire qu'il faut être très prudent sur ce que vous publiez sur Facebook, car en cette période de YouTube et autres sites communautaires, tout ce que vous y mettrez pourra être présenté contre vous tout au long de votre vie. Quand on est jeune, on a tendance à faire des choses stupides. J'ai entendu de nombreuses histoires de jeunes personnes qui ont publié des choses sur Facebook qui leur ont porté préjudice notamment pour leur recherche d'emploi".


    Aujourd'hui, près de la moitié des patrons effectuent des recherches sur leurs candidats, ils les "googlisent", avant de les embaucher. Bien entendu la vie sans Facebook est possible, mais il faut reconnaître que cette plate-forme facilite la communication avec ses amis, ses communautés et élargit les horizons de rencontres. Le Net qui déshumanisait il y a peu et rendait antisocial "les addicts" permet, grâce à Facebook, l'éclosion de nouvelles relations sociales. Superficielles ou sincères, celles-ci ne sont finalement pas si différentes de celles de la vraie vie.


    Facebook est au coeur de la vie du Net, une sorte de "second life" qui a touché les coeurs par sa facilité d'utilisation et ses "flux d'actualité" permettant une vraie interactivité. Facebook est un réseau qui vous relie à ceux qui comptent pour vous.
    Pourtant, Facebook reste une zone de non-droit en particulier pour ses utilisateurs. J'ai pu constater à quel point il méprise les principes juridiques fondamentaux tels que la notion d'abus de droit. Le 22 juillet, j'ai essayé de me connecter sur mon profil comme chaque matin ; catastrophe : mon compte a été brutalement désactivé.


    Plus moyen d'accéder à ma liste d'amis, mes albums photos, mes publications, ou encore le "chat on line", je me suis retrouvé par la décision d'un administrateur coupé de ma communauté et privé de mon moyen de communication privilégié. Sans aucune mise en demeure préalable, sans aucun avertissement, et surtout sans aucun motif réel et sérieux, mon compte Facebook que j'ai alimenté depuis des années et qui comptait mes 887 amis a été désactivé.

    Trop de pokes (taquineries) et de demandes d'amis, trop d'articles mis en ligne, peut-être. Facebook n'aime pas les activistes. Facebook préfère prévenir toute violation des droits d'auteurs en désactivant des comptes de manière préventive sans prendre le soin de vérifier et de contrôler la réalité des éventuelles violations commises. D'autant, qu'a contrario, Facebook reste timoré vis-à-vis de la protection de la vie privée.


    La désactivation d'un compte Facebook équivaut au bannissement ; en théorie le compte n'est pas supprimé et peut être réactivé, mais aucun bouton ne le permet automatiquement. Les administrateurs Facebook envoient quant à eux des messages types affirmant sans preuve que la Déclaration des droits a été violée et que leur décision de désactivation est irrévocable. Périple qui arrive à trop de citoyens "facebookiens" démunis face à ce fameux message "votre compte a été désactivé. Si vous avez des questions ou des interrogations, vous pouvez visiter notre page des questions/réponses".


    La relation entre le citoyen "facebookien" et la société Facebook se limite à accepter ou non leur politique, leur Déclaration des droits et responsabilités révisée le 22 avril après une levée de boucliers contre la politique de licence universelle que Facebook voulait imposer. Cette licence rendait Facebook propriétaire des images et des contenus de ses utilisateurs.
    Le réseau Facebook est encore en construction, il doit s'améliorer dans la protection de la vie privée, la lutte contre la pédophilie, ou encore les groupes racistes ; une prise en compte de ces impératifs moraux est essentielle. En Angleterre, les jeunes de 13 à 18 ans auront la possibilité d'installer sur leur profil un bouton "clic CEOP" dispositif permettant de signaler tout adulte qui serait soupçonné de vouloir entrer en contact avec des mineurs.


    Facebook a renforcé sa politique en permettant à ses utilisateurs de limiter la consultation de ses données en se rendant dans "paramètres puis confidentialité". Facebook doit permettre la réactivation des comptes désactivés à tort sans que le "facebookien" doive passer par le tribunal de Santa Clara (Californie).


    En effet, l'article 16 de ces conditions générales indique : "Vous porterez toute plainte afférente à cette Déclaration ou à Facebook exclusivement devant les tribunaux d'Etat et fédéraux sis dans le comté de Santa Clara, en Californie. Le droit de l'Etat de Californie est le droit appliqué à cette Déclaration, de même que toute action entre vous et nous, sans égard aux principes de conflit de lois. Vous acceptez de respecter la juridiction des tribunaux du comté de Santa Clara, en Californie, dans le cadre de telles actions."


    Les utilisateurs de Facebook disposent d'un seul recours juridique ouvert, mais celui-ci est si compliqué et onéreux que beaucoup y renoncent. Nous sommes tous citoyens du monde Facebook jusqu'à ce qu'un robot ou un administrateur "facebookien" décide d'en disposer autrement. Facebook fait régner ses conditions sans armée juste par son monopole.


    Bien entendu, il est toujours possible de recréer un compte, mais cette procédure est fastidieuse et ne prémunit pas d'une nouvelle désactivation. En l'état actuel, il semble que cette procédure est la plus rapide et efficace.


    Mark Zuckerberg, gouverneur suprême du réseau social, doit prendre en compte cet abus de droit qu'exercent les administrateurs de Facebook et tout faire pour réactiver les comptes des "facebookiens" désactivés et bannis par erreur.

    Il est temps que Mark Zuckerberg respecte les utilisateurs de son invention, et il y a urgence.


    Mahor Chiche

    Avocat au barreau de Paris

    Article paru dans l'édition Le Monde du 15.08.10