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QUESTIONS INTERNATIONALES - Page 15

  • Les parrains de l'évacuation d'enfants du Tchad accusent Paris d'inconséquence


    Les parrains de l'évacuation avortée du Tchad vers la France d'enfants censés venir du Darfour reprochent au gouvernement de n'avoir jamais clairement interdit l'opération tout en adoptant sur ce conflit un discours alarmant qui leur paraissait légitimer leur action.

    «J'aurais pu comprendre que les autorités nous disent : "Non, on fera tout pour vous empêcher de mener à bien cette mission parce qu'elle n'est pas légale". Mais on nous a laissé faire jusqu'à la fin, et maintenant on nous dit "non, ce n'est pas légal"», s'est insurgé Christophe Letien, un responsable de l'association L'Arche de Zoé.

    En août, le président, Eric Breteau, arrêté jeudi au Tchad, «a été convoqué à la brigade des mineurs et au ministère des Affaires étrangères pour connaître le projet de cette association», a précisé M. Letien à l'AFP.

    «En aucun cas», la police et le Quai d'Orsay «ne lui ont dit +vous n'avez pas le droit de faire ça, c'est interdit, on fera tout ce qui est en notre pouvoir pour vous bloquer+, a-t-il ajouté. «Loin de là, puisque les opérations se sont poursuivies et ont pu être engagées directement sur le terrain».

    Plusieurs membres de l'opération ont même été transportés à l'intérieur du Tchad par des avions de l'armée française.

    Les autorités ont exprimé leur réticence, notamment par plusieurs communiqués du Quai d'Orsay, mais n'ont jamais mis un coup d'arrêt à l'opération, selon M. Letien.

    Depuis l'entrée en fonction du président Nicolas Sarkozy, la France affiche une ligne volontariste sur le Darfour, une crise pour laquelle elle a organisé une conférence internationale à Paris en juin.

    «Nous, on a essayé de faire quelque chose en essayent de sauver ces enfants parce que c'étaient les personnes les plus vulnérables sur ce territoire. Si M. Sarkozy veut faire quelque chose, qu'ils nous appuie dans notre cause», a lancé M. Letien.

    La secrétaire d'État aux Affaires étrangères et aux droits de l'Homme Rama Yade a qualifié ce projet d'«illégal et irresponsable», dans un entretien publié par Le Parisien vendredi.

    «Quand Rama Yade dit que 75 enfants meurent chaque jour au Darfour, c'est une réalité indéniable», a répliqué le président de l'association Sauver Le Darfour, Mahor Chiche, en référence à des déclarations de la secrétaire d'État à son retour du Soudan cette semaine.

    «De la part du ministère, ça fait un peu +on est offusqué, on est scandalisé et on avait mis en garde+. Si vraiment ils pensaient que c'était une opération criminelle, il fallait les arrêter», a estimé M. Chiche, dont l'association a renouvelé son «soutien au principe de l'opération» de l'Arche de Zoé.

    «On a considéré que s'il y avait une ONG, une instance internationale ou des individus capables d'évacuer des enfants d'une zone de guerre vers des lieux plus sûrs, sur le principe ça démarre bien», a-t-il expliqué.

    «Jusqu'à preuve du contraire on considère qu'ils sont de bonne foi», a affirmé Mahor Chiche, assurant avoir reçu des «garanties» de l'association mais «pas d'information sur l'organisation pratique des choses».

    «Quand vous voulez faire un trafic, vous n'alertez pas la presse entière et les pouvoirs publics, puisque je sais qu'ils ont eu plusieurs rencontres avec le ministère», a-t-il relevé.

    «Si aujourd'hui l'avion avait atterri comme prévu», affirme-t-il, «on dirait "vous voyez, une ONG humanitaire a mené une opération de secours, ce qui prouve que les politiques ont laissé tomber le Darfour, les grandes ONG aussi, et ça aurait fait un coup médiatique d'une autre teneur».

  • "Promesses et jeu de dupes"

    Nouvel Observateur, 01 Août 2007


    Etes-vous satisfait de l'adoption par l'Onu de la résolution 1769 ?

    - On ne peut que se féliciter de cette adoption, faite à l'unanimité, qui prévoit le déploiement d'environ 26.000 soldats de l'Onu et de l'Union Africaine. Mais le problème, c'est qu'il s'agit de la 16è résolution depuis le début du conflit. La dernière, qui date du 31 août 2006, prévoyait déjà l'envoi de 20.000 casques bleus.

    On est toujours dans ce jeu de charme entre l'Onu et le gouvernement soudanais. Des dizaines de missives ont été échangées entre Khartoum et les secrétaires de l'Onu Kofi Annan et Ban Ki-Moon. Mais sur place, la situation ne s'est pas améliorée, l'armée continue de bombarder des civils. Chaque fois, le Soudan affirme sa bonne volonté, prend acte des résolutions et s'engage à les respecter. Puis la pression médiatique retombe, d'autres sujets sont en tête de l'actualité internationale, et Khartoum revient sur sa décision.

    Ces derniers mois, un cessez-le-feu a été respecté quelque temps. Mais depuis un mois, l'armée soudanaise a repris les bombardements. Ce qui a poussé George W. Bush, Nicolas Sarkozy et Tony Blair à mettre une forte pression et à engager le processus d'adoption d'une nouvelle résolution.
    Dans cette dernière mouture, le recours au chapitre 7 de la Charte des Nations Unies, qui prévoit en gros le recours à la force en cas de non-respect de la résolution, est prévu seulement en cas d'attaques de travailleurs humanitaires. Contrairement à la résolution de 2006, qui elle était contraignante, mais n'a pas été respectée pour autant. La recherche et la poursuite de criminels de guerre n'est même pas évoquée.

    Il y a une semaine, l'Onu a utilisé le terme de "nettoyage ethnique" pour qualifier ce qui se passe au Darfour, ce qui devrait de fait entraîner une intervention internationale. Mais pour obtenir l'unanimité des membres permanents de l'Onu, les négociateurs ont choisi de proposer un texte adouci, dont l'entrée en vigueur est prévue dans six mois, au 1er janvier 2008. On reste dans le domaine des promesses et du jeu de dupes.
    A titre de comparaison, rappelons qu'on a déployé 15.000 soldats en 15 jours au Liban. Le conflit au Darfour a commencé il y a quatre ans.

    Comment se fait-il que la Chine, qui s'opposait jusqu'à présent à l'adoption d'une résolution, ait finalement donné son accord ?

    - La Chine bloque le déploiement d'une force parce qu'elle est le premier partenaire économique du régime soudanais. Deux tiers de la production pétrolière du Soudan sont vendus à la Chine, ce qui représente 8% des importations en pétrole des Chinois.
    Pourtant, la Chine n'a jamais mis son veto à l'adoption d'une résolution. Son objectif est de retarder au maximum le processus, en soutien à son allié soudanais.
    Quand 104 parlementaires américains ont menacé, en mai dernier, de boycotter les Jeux Olympiques de Pékin, en cas de poursuite du génocide, la Chine a alors fait pression sur Khartoum.
    Le gouvernement chinois a très peur du renversement du gouvernement d'Omar Béchir. Cela pourrait lui faire perdre ses accords pétroliers avec le pays, et la présence de soldats pourrait créer des troubles dans les zones pétrolifères.

    Que faire alors pour aboutir à la véritable mise en place d'un processus de paix au Soudan ?

    - Deux mesures permettraient de lancer le processus. La première passe par l'application de sanctions contre le régime de Khartoum. On sait que ce qui fonctionne aujourd'hui, comme le prouve l'exemple de la Corée du Nord, ce sont les sanctions économiques. Isoler le Soudan, renforcer le pouvoir de la Cour pénale internationale pour lui permettre d'envoyer des observateurs sur place. Avant d'annoncer un hypothétique déploiement de Casques bleus, il serait pertinent d'appliquer les résolutions précédentes de l'ONU ainsi que les deux résolutions adoptées par le Parlement européen. Par exemple en interdisant le survol du pays, ce qui empêcherait l'aviation soudanaise de bombarder les civils. Ce serait plus efficace que d'envoyer sur place des soldats qui ne pourront s'occuper que de la sécurité des habitants qui se trouvent dans les camps. Rappelons que lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy s'était engagé à prendre des sanctions unilatérales contre le Darfour. Une promesse qui n'a pas été tenue jusqu'alors.

    La deuxième mesure consiste à réunir les belligérants pour qu'ils trouvent un accord. Le principal chef des rebelles Al-Nur est actuellement à Paris. Si la France voulait organiser une telle conférence, elle le pourrait. De toute façon, la paix passe par une solution internationale. Au Darfour, la guerre est en quelque sorte déjà perdue. Entre 200.000 et 400.000 personnes sont mortes, 3 millions d'habitants ont été déplacés, 17 travailleurs humanitaires ont été tués depuis le début du conflit.

    www.sauverledarfour.org

  • Faut-il intervenir au Darfour?

    Par Dante Sanjurjo, Politis, 13 Avril 2007


    Les pressions pour une opération militaire au Darfour s’accentuent à l’occasion de la campagne présidentielle. Mais les ONG actives sur place n’y sont pas forcément favorables. Explications. Faut-il envoyer des troupes au Darfour ? Avec quels objectifs militaires, dans quel cadre politique et dans quel délai ? Les populations de cette province rebelle de l’ouest du Soudan sont victimes depuis 2003 de meurtres, de viols, de tortures, de pillages, de destructions de villages, de déplacements forcés. Les estimations font état de 300 000 à 400 000 morts et de plus de deux millions de déplacés.

    Le 20 mars, à l’occasion d’un meeting organisé par le comité Urgence Darfour à la Mutualité, à Paris, Ségolène Royal, François Bayrou, Nicole Guedj (pour Nicolas Sarkozy) et Dominique Voynet ont signé un Acte d’engagement pour le Darfour. Celui ou celle qui présidera la France dans quelques semaines promet ainsi d’exercer de fortes pressions sur le gouvernement de Khartoum pour qu’il cesse ses « crimes contre l’humanité », d’oeuvrer au sein de l’ONU pour l’envoi de Casques bleus déploiement que Khartoum refuse et de donner mission aux contingents français au Tchad et en République centrafricaine de protéger les réfugiés des raids menés par des milices soudanaises. Le futur Président s’engage aussi à « user de toute son influence pour rendre possible une action européenne de protection des populations civiles du Darfour ».Parallèlement, l’association lance une pétition auprès des chefs de gouvernement et des institutions de l’Union européenne, précisant les objectifs d’une telle force.

    « En quatre ans, rappelle le texte, dix résolutions ont été votées par les Nations unies sans aucun résultat concret sur le gouvernement de Khartoum. [...] En droite ligne avec la résolution 1706 du Conseil de sécurité de l’ONU, les États européens doivent envoyer immédiatement une force d’interposition ayant pour mandat de protéger effectivement les populations d’un massacre généralisé [et] de mettre en place des corridors humanitaires sécurisés permettant aux organisations d’accéder à l’ensemble des populations nécessitant une aide vitale. »

    Dans son reportage « Choses vues au Darfour », publié par le Monde le 12 mars, Bernard-Henri Lévy propose de son côté d’armer les rebelles : « Si nous sommes incapables d’arrêter le massacre, si nous n’avons ni le pouvoir ni surtout la volonté de sanctionner le régime terroriste du Soudan, si nous n’osons même pas faire pression sur la Chine, son alliée au Conseil de sécurité, pour qu’elle accepte le principe d’un envoi de Casques bleus, ne devrions-nous pas, au moins, aider ceux qui défendent ces gens et le font les armes à la main ? » La mobilisation du philosophe a cependant des ressorts surprenants. « J’ai vu, en fin de compte, peu de mosquées dans ce Darfour dévasté [...], écrit-il. Et l’idée me vient que c’est peut-être là, après tout, un autre trait de cette guerre et une autre raison, surtout, de se mobiliser : islam radical contre islam modéré [...] ; au coeur de l’Afrique, dans les ténèbres de ce qui peut devenir, si nous ne faisons rien, le premier génocide du XXI e siècle, un autre théâtre pour le seul choc des civilisations qui tienne, et qui est celui, nous le savons, des deux islams. »Par ailleurs, si l’envoi de troupes d’interposition prêtes à user de la force pour protéger les civils semble s’imposer, si les précédents de l’inaction de la communauté internationale au Rwanda et en Bosnie plaident pour une réaction rapide, les solutions efficaces sont complexes, selon les ONG qui travaillent sur place.

    Après avoir décrit « l’enfer » dans lequel agissent les acteurs humanitaires, « témoins d’une violence inouïe, parfois victimes dans leur chair de cette même violence » sur « les terres riches de la province du Darfour [qui] ont fait place à un désert vidé de ses paysans », Denis Metzger, président d’Action contre la faim, s’interroge. « Personne ne peut moralement se satisfaire des résolutions votées par les Nations unies et restées lettres mortes, ou de la mobilisation de quelque 7 000 soldats de l’Union africaine, cantonnés à un rôle humiliant de spectateurs. Mais, si le statu quo n’est pas acceptable face à pareille tragédie humanitaire, les mesures proposées ne doivent en aucun cas compromettre la sécurité des populations et les efforts d’assistance. Le sursaut d’intérêt manifesté ces dernières semaines en France est d’autant plus justifié que la situation s’aggrave au Darfour. Mais les appels répétés à un interventionnisme musclé pourraient s’avérer contre-productifs. Considérant les expériences passées en Somalie, en République démocratique du Congo ou plus récemment en Irak, on peut s’interroger sur l’efficacité d’une intervention militaire internationale sans cadre négocié et sans accord de paix préalable. »Dans un article intitulé De mauvaises réponses à de bonnes questions, Gabriel Trujillo, responsable adjoint des programmes de Médecins sans frontières dans l’ouest du Darfour, est plus virulent. « Les questions de protection et d’assistance des populations se posent de manière aiguë, affirme-t-il ; malheureusement, les réponses proposées par Urgence Darfour et un certain nombre de personnalités politiques sont mauvaises. Pour commencer, la description qu’ils font de la situation ne correspond pas à la réalité que j’ai observée sur le terrain. Et l’intervention armée, souvent présentée comme une solution miracle, pose en fait de nombreuses questions. Face au refus du régime soudanais, elle revient à lui déclarer la guerre. Intervenir militairement, au nom du bien-être des populations, se solde souvent par un très grand nombre de victimes parmi les civils et rend par ailleurs très difficile, voire impossible, la mise en oeuvre de secours comme en Afghanistan ou en Irak.

    Quant aux corridors humanitaires, c’est une proposition absurde : une aide massive existe déjà, mise en oeuvre par une dizaine de milliers de travailleurs humanitaires. Cette campagne, à l’instar de celle qui a été lancée aux États-Unis, intervient au moment d’une importante échéance électorale. Je crains que la cause du Darfour ne soit finalement qu’un faire-valoir dans la campagne présidentielle. » D’autant que, selon MSF, les massacres de grande ampleur et les risques d’épidémie et de famine ne sont plus d’actualité depuis 2004.

    Mahor Chiche, président du collectif Sauver Le Darfour, est favorable à une intervention militaire, ou plutôt à son principe. « C’est une question d’agenda, explique-t-il. La voie diplomatique n’a pas été épuisée, il faut d’abord la renforcer, en convoquant une conférence internationale intégrant la Chine dans le front de la communauté internationale, en lui proposant d’arrêter sa politique d’obstruction en échange du maintien de ses positions pétrolières au Soudan. Dans ce cas, garder la possibilité d’une intervention militaire est important pour que la pression diplomatique soit crédible. »
    Celle-ci pourrait aboutir car le régime de Khartoum est fragile : c’est un gouvernement islamiste soutenu par une petite minorité. « La question du Darfour est politique, c’est celle du partage des terres, des richesses et du pouvoir au Soudan, poursuit Mahor Chiche. Une question politique appelle une réponse politique. » D’où l’urgence de parvenir à mettre autour d’une table l’ensemble des parties prenantes du conflit.


  • Manifestation pour le Darfour

    Paris solidaire pour le Darfour

     

    5000 rollers vélos piétons en Casques bleus

     

    Vendredi 30 mars 2007

     

    21H30 :      Départ de la vague des rollers en Casque bleus devant la gare Montparnasse (entre la tour et l’entrée principale)

     

    22h30 :     Vélos et piétons sont invités à rejoindre les rollers lors de la pause des randonneurs, prévue à 23h00 (Place Vendôme, lieu confirmé le 28 mars sur le site www.pari-roller.com) pour marquer ensemble 1 minute de silence afin d’exprimer la solidarité des citoyens parisiens à l'égard des populations civiles massacrées au Darfour.

     

    Venez nombreux, tous avec du bleu en tête (bonnets, chapeaux, bandeaux bleus) en signe d’appel pour la paix au Darfour. 

     

    En silence, tout comme il y a douze ans au Rwanda, se déroule le premier génocide du 21ème siècle dans une région de l'Ouest du Soudan, le Darfour.

     

    Depuis l'hiver 2003, 300 000 hommes, femmes et enfants y sont morts de l'incurie médiatique et politique.

     

    Aujourd'hui, plus de 3 millions de personnes ont été déplacées de cette région et 500 000 personnes dépendent de l'aide humanitaire internationale entravée.

     

    10 000 personnes y meurent tous les mois.

     

    Faisons ensemble qu’une mobilisation massive soit rendue visible par les médias pour encourager la France à prendre une initiative dans le règlement de ce terrible conflit.                         Venez nombreux.

     

      

     

    www.sauverledarfour.org

     

     

     

     

     

    Julie Navarro, Coordinatrice générale   navarro_julie@hotmail.com     

    Mahor Chiche, Président Sauver Le Darfour      06 16 01 73 40   contact@sauverledarfour.org