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QUESTIONS INTERNATIONALES - Page 10

  • Maroc : entre despotisme et transition démocratique

    La dynamique des printemps arabes a atteint le Maroc, c’est le constat que la délégation de l’UEJF - organisation sioniste et pro-palestinienne - et de SOS Racisme a pu faire lors de son séjour à Marrakech, Rabat et Casablanca.

    Le Royaume du Maroc a pendant longtemps eu la réputation d’un régime stable avec pour seul foyer de tension le Sahara occidental. L’icône du Roi, comme Mohammed VI le réformateur, a fait de ce pays un temple du tourisme et de l’œcuménisme. La liberté religieuse y est une réalité ; le Royaume compte 25 000 chrétiens et deux diocèses à Rabat et Tanger.

    Plus de 3000 juifs vivent encore au Maroc, Casablanca dispose même d’un Musée du judaïsme. Dans le monde, le marocain André Azoulay est d’ailleurs le seul conseiller juif auprès d'un Souverain musulman. Aujourd’hui, la communauté juive marocaine est pour des raisons démographiques en voie d’extinction, mais cette histoire de coexistence pacifique a durablement marqué le Royaume.

    La décolonisation du Maroc s’est déroulée sans violence et le Roi Mohammed V a sauvé les Juifs du Maroc durant la seconde guerre mondiale en s’opposant aux mesures racistes du gouvernement de Vichy. Ces actes de bravoure marquent le patriotisme marocain.

    La question d’Israël, du sionisme, demeure malgré tout des sujets tabous et hautement sensibles.

    Le statut du « dimi » et celui de la femme marocaine, la reconnaissance de la langue Berbère, la condamnation de l’homosexualité et plus largement la question du respect des droits de l’homme demeure des sujets cruciaux pour la modernisation du régime.

    Le collectif du 20 février porte ces revendications de libertés individuelles, de justice sociale, de droit à un procès équitable, et de lutte contre la corruption. Pour la première fois, de grandes manifestations ont critiqué le pouvoir.

    Les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 et de Marrakech du 28 avril 2011 marquent une césure. Le terrorisme meurtrier a brisé l’image idyllique du Maroc, mais la devise du Royaume demeure intacte : « Allah, Alwatan, Alamalek » (« Dieu, Patrie et Roi »).

     

    La campagne « Touche pas à mon pays » que l’on aperçoit sur les routes marocaines et dans les centres villes renforce le patriotisme marocain autour de l’idée d’unité nationale autour du Monarque.

     

     

     

     

    Paradoxalement, le terrorisme a renforcé les atteintes aux libertés individuelles (harcèlement policier des opposants, censure de la presse…) mais également la prise de conscience de tous les acteurs de l’urgence à mettre en œuvre le changement démocratique.

     

     

     

    Un régime policier

    L’encadrement policier de notre groupe par la police touristique et la sureté nationale pour « notre sécurité » a eu le mérite d’illustrer l’Etat policier que constitue encore le Maroc. Le régime ressemble sur ce point à la Tunisie d’avant Révolution. Contrôles poussés dés le passage à la douane : « vous êtes de quelles origines ? Française. Non, de quelles origines sont vos parents ? ». Les pressions pour éviter la rencontre de certains acteurs marocains fut forte et les sorties nocturnes furent également déconseillées.

    La presse demeure sous influence, Rachid Nini, directeur de publication du quotidien arabophone Al Massae est ainsi emprisonné depuis le 28 avril 2011. La censure d’Internet est aussi une réalité.

    Les partisans du changement sont victimes d'harcèlement policier, de stigmatisation, et de répression. De l’avis de plusieurs opposants, le siège administratif de la Direction générale de surveillance du territoire national (DGST) disposerait d’un centre de détention secret à Témara où la torture serait encore pratiquée.

    Cette absence d’Etat de droit et de libertés est de plus en plus contestée au Maroc, la contagion des printemps arabes est assurément à l’œuvre. Elle inspire réformateurs, islamistes, et révolutionnaires.

    Grâce à plusieurs stratagèmes, nous avons pu malgré la pressante présence policière en civil (digne d‘un mauvais James Bond : camouflage basique, espionnage vidéo…) rencontrer au Café maure de Rabat des responsables du « Collectif du 20 février ».

     

     

     

    L’énergie, la détermination et le courage de ses militantes et militants du changement est incroyable. Des milliers de jeunes manifestent pacifiquement le dimanche (et non le Vendredi comme dans les autres pays en révolte) dans les rues de plusieurs villes du Maroc pour le respect de leur dignité et un changement constitutionnel visant l’instauration d’un Etat de droit restreignant les pouvoirs entre les mains du roi Mohammed VI. A Casablanca, certains manifestants osent même crier « Dehors le Makhzen. Non au despotisme ».

    Les Marocains sont aujourd’hui divisés entre ceux qui croient en la volonté et la possibilité des réformes annoncées dans le discours à la nation du Roi Mohammed VI le 9 mars 2011 et ceux qui pensent que « le Maroc sans le Roi souverain ce n’est déjà plus le Maroc ».

    Une société en ébullition

    La société marocaine est diverse ; une jeunesse dorée profite d’une certaine liberté (haut niveau d’éducation, possibilité d’entreprendre, liberté sexuelle…) tandis que le désespoir et la misère se retrouve dans de nombreux quartiers (absence de scolarisation de certains enfants, football de rue comme « tue le temps » et rêve d’ascension sociale…).

     

     

    A l’évidence, une majeure partie des Marocains attend sans trop y croire la fin de la corruption et la libéralisation du régime.

    De Marrakech à Casablanca, on trouve assez facilement de l’alcool, et en Boîtes de nuit la libération des mœurs est bien réelle. Chicha, alcool, gogo-danseurs, homosexualité s’affichent dans des Boîtes dignes des meilleurs clubs parisiens. Musique orientale ou occidentale selon le type d’établissement : les jeunes hommes et femmes se lâchent sur la piste sous le regard vigilant de videurs imposants.

    Sur la corniche à Casablanca, nous avons pu entendre un tube du chanteur israélien Kobi Peretz preuve de l’ouverture de la société marocaine et d’une certaine schizophrénie. Au souk, les DVD du spectacle de Gad Elmaleh cartonnent, juif marocain, il est comme Djamel Debbouze un symbole national.

    La jeunesse dorée marocaine trouve dans ces lieux un espace de respiration et de liberté, mais aux alentours la mendicité est criante. L’analphabétisme est également important.

    La société duale est le trait saillant de cette société marocaine.

     

    Vers la fin de la sacralité du roi

    Le Roi Mohammed VI s’est engagé par son discours du 17 juin 2011 sur la voie du changement en proposant une réforme constitutionnelle. Le 1er juillet 2011, 98 % des électeurs Marocains ont adopté celle-ci avec un taux de participation exceptionnel de 72,65 %.

    Mohammed VI a renoncé à la notion de sacralité du Roi mais la nouvelle Constitution dispose que "l'intégrité de la personne du roi ne peut être violée". La réforme accorde également plus de pouvoirs au Premier Ministre et au Parlement (les domaines de compétences du Parlement passent de neuf à plus de trente). De manière symbolique, la langue amazighe (berbère) est désormais considérée, avec l'arabe, comme langue officielle du Royaume. La réforme prévoit surtout la création d'une Cour constitutionnelle qui pourra être saisie par les citoyens (exception d’inconstitutionnalité).

    Les avancées dans le texte de la Constitution sont réelles, mais la celle-ci conserve malgré tout d’importantes prérogatives politiques au Roi. Mohammed VI conserve le contrôle des décisions sensibles dans des secteurs de la défense, de la sécurité intérieure et des affaires étrangères.

    L'islam demeure religion d'État mais « la liberté de croyance est garantie dans le cadre de la loi et sans que cela porte atteinte à l'ordre public ». Mohammed VI demeure Commandeur des croyants et continue d’apparaître comme un élément de stabilité du Royaume.

    Bien que signataire du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le Maroc est loin des standards internationaux. L’État démocratique moderne marocain et la séparation des pouvoirs restent à construire.

    La menace islamiste

    Le processus de transition démocratique marocain mis en place et les élections législatives de ce mois de novembre 2011 ont permis au Parti de la justice et du développement (PJD) d’enregistrer une large victoire électorale.

    Selon les résultats officiels, le PJD a obtenu 107 des 395 sièges de la nouvelle Assemblée. Il n’est pas étonnant qu’après des années de répressions des mouvements démocratiques et laïcs, les mouvances islamistes succèdent dans le monde arabe aux potentats en place (Tunisie, Egypte…).

     

     

    Certes, les islamistes du Parti Justice et Développement (PJD) ressemblent plus à des islamistes modérés, comme ceux de l’AKP en Turquie, qu’à des fondamentalistes ; il convient également de noter qu’ils ont également conquis le pouvoir démocratiquement et sans violence.

    Malheureusement, ce mouvement n’est en rien facteur d’ouverture à la modernité.

    Lors d’un meeting de la jeunesse du Parti Justice et Développement (PJD) tenu le 10 juin à Témara (Maroc), Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, a déclaré que son parti n’hésiterait pas à mener campagne pour voter contre la nouvelle Constitution si celle-ci consacrait les Libertés Individuelles, notamment la liberté de croyance et la liberté sexuelle.

    « Les laïques veulent répandre le vice parmi ceux qui ont la foi, ils veulent que dorénavant, les citoyens puissent proclamer le pêché. Que ceux qui veulent manger pendant le ramadan le fassent chez eux ! Leur a-t-on jamais reproché pareille chose? Mais ces gens-là veulent faire des pique-niques pour manger pendant le ramadan, pourquoi ? Pour que vos enfants les voient et osent violer les interdits de Dieu. Et ils veulent, probablement, du moins d’après ce que nous avons entendu, proclamer la liberté sexuelle. Ils veulent que la déviation sexuelle (l’homosexualité), qui certes, a toujours existé, devienne répandue et qu’elle se proclame publiquement. Cela, le PJD le refuse. Que celui qui porte en lui de tels immondices se cache, car s’il nous montre sa face, nous lui appliquerons les châtiments de Dieu ».

    Pendant trop longtemps, l’occident a préféré le soutien à des régimes despotiques et fermé les yeux sur les violations des droits de l’homme pour endiguer le risque islamiste. Aujourd’hui, les mouvements d’oppositions démocratiques sont trop souvent divisés et laminés tandis que les mouvances islamistes bénéficient de tolérance étatique, de financements extérieurs, de légitimité sur le terrain (de par leur accompagnement social et absence d’expérience ministérielle) et de soutiens populaires indéniables.

    Il faut nouer à l'échelle européenne une politique de soutiens ans failles aux démocrates.


    Le Maroc partenaire de l’Union européenne

    Comme nous l’a confirmé la jeune et dynamique Députée Mbarka Bouaida, le vent de liberté qui souffle sur la région d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient a atteint le Maroc et inspire la volonté de réformes démocratiques.

     

     

    L’Union européenne et ses exigences démocratiques (abolition de la torture, liberté de la presse et d’association…) pour faire du Maroc un Etat associé incite le Royaume a changé avant que l’ensemble du système marocain ne soit remis en cause.

    Régionalisation, règlement de la question du Sahara occidental, renforcement du parlementarisme et lutte contre la corruption voici les priorités.

    L’Union européenne doit mettre en œuvre une nouvelle politique de voisinage pour inscrire dans la durée l’exigence d’Etat de droit au sein de ses Etats partenaires.

    Si les révolutions arabes sont porteuses d’espoir ; les succès électoraux des islamistes qui en découlent doivent appeler à un plus grand soutien des forces démocratiques et laïques en lutte contre les pouvoirs en place.

    L’Union européenne a cette responsabilité.

  • 2 Nuits avec les migrants tunisiens : Quand la révolte atteint Paname


    Depuis plusieurs jours de jeunes hommes tunisiens (une centaine) se sont retrouvés dans le dix-neuvième arrondissement de Paris après un parcours du combattant.

    Depuis le 14 janvier 2011 et le départ du Président Ben Ali du pouvoir l’instabilité politique en Tunisie à conduit de nombreux tunisiens en particulier du Sud et de la ville de Sfax à quitter ce pays par bateau vers l’île de Lampedousa.

    L’itinéraire du migrant tunisien est alors difficile : Parme ou Genève, Nice, Marseille ou Lyon, puis Paris ; plusieurs jours sans manger, sans se laver, pour finalement atteindre la capitale parisienne. La déception est alors au rendez-vous : des capacités d’accueil limitées, un imbroglio juridique sur leur situation, et des conditions de propreté précaires.

    Le squatt du quai de Charente ne disposait que d’une douche pour une soixantaine d’occupants, celui de l’avenue Simon Bolivar a fait l’objet d’un arrêté de péril.

    La fatigue est là (beaucoup dorment), mais la bonne humeur est présente. On fume, on boit, on discute, car on a besoin de raconter son parcours, d’expliquer qu’on n’a pas d’avenir dans le Sud tunisien sous développé. En Tunisie, certains travaillaient parfois comme serveurs, livreurs, ou dans le bâtiment mais ils gagnaient peu d’argent.
    Ces jeunes rêvent de s’installer en France et de construire leur vie en homme digne et libre.

    Ben Ali est parti, Ben Laden est mort, les cartes géopolitiques sont redistribuées, mais les politiques européens continuent leurs politiques de répression des phénomènes migratoires comme si rien n’avait changé.
    L’évacuation du squatt ne fera que déplacer le problème.
    Il est temps de cesser d’instrumentaliser la question des flux migratoires est d’appréhender sereinement celle-ci pour trouver des solutions entre Etats égaux.

    Ces tunisiens en détresse ont besoin de solutions concrètes et efficaces, car une chose est certaine ils ne retourneront pas en Tunisie tant que la situation politique et économique là bas ne se sera pas améliorée.

    Publié sur streetpress

    http://www.streetpress.com/blog/2938-2-nuits-avec-les-migrants-tunisiens-quand-la-revolte-atteint-paname-par-mahor-chiche

  • COLLOQUE DE SOS RACISME : LES REVOLUTIONS ARABES, L'ENJEU DE LA DEMOCRATIE

    Les révolutions tunisiennes et égyptiennes ont ébranlé plusieurs régimes autocrates et servent d’exemples à d’autres peuples. L’aspiration à la liberté et à de meilleures conditions sociales sont les catalyseurs puissants de ces mouvements. La force de la révolution numérique et des manifestants a permis de vaincre la censure d’Etat, la répression policière et le refus de changement des hommes au pouvoir.
    Les Démocraties sont, elles aussi, longtemps restées aveugles aux souffrances des peuples arabes. La victoire de la dynamique des droits de l’homme et l’élan de solidarité spontané apparu dans les sociétés civiles européennes est notable, mais des craintes sur l’issue de ces Révolutions apparaissent.

    SOS Racisme, qui soutient ces mouvements de libération, a décidé d’organiser une première journée d’études sur ces révolutions afin de permettre à chacun de s’informer, de se former, et de trouver des modes de solidarité efficaces.

    VENEZ NOMBREUX SAMEDI 30 AVRIL 2011 AU COLLOQUE DE SOS RACISME :

    LES REVOLUTIONS ARABES : L'ENJEU DE LA DEMOCRATIE

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    Révolutions arabes : l’enjeu démocratique

    Samedi 30 avril 2011  9h00-19h00

    Mairie du 14ème arrondissement de Paris

    5, rue Durouchoux

    Metro : Mouton-Duvernet l.4 ou Denfert-Rochereau l.4,6 et RER : B

     

  • Tunisie : La Démocratie au cœur

    « Loin des yeux, près du cœur »


    Ben Ali, Action tunisienne, Mohammed Gaslti, Mohamed Dhaoui, Idir,Souad Massi,Duoud, Manu Codija, Dhafer Youssef, Djeli Moussa Diawara, Ihmed Alibi, Amel Methlouthi, MAM, Sarkozy, Barack Obama, milicien, départ, révolution, Tunisie, Sidi Bouzid, Tunis, Démocratie, Armée, Lotfi Abdelli, Rached Ghannouchi, UGT,RCD, police, manifestations, violences, Mohammed Bouazizi,arabie saoudite, iran, egypte, ONUCe lundi 31 janvier 2011, dans la salle de spectacle Elysée Montmartre, la toute jeune association « Action tunisienne » créée en solidarité avec le processus démocratique en Tunisie a organisé un Concert de soutien à la Tunisie libre.

    A peine 15 jours après le départ du président déchu Ben ALI, organiser un concert dans la capitale des droits de l’homme en présence d’artistes reconnus était un véritable challenge.

    L’envie de soutenir la Révolution et d’aider les familles des victimes de Sidi Bouzid d’où le mouvement est parti, a poussé de nombreux jeunes Tunisiens, Franco-Tunisiens de Paris, ou Français à se mobiliser pour faire de cet événement culturel un succès. 

    Le mouvement « Action tunisienne » prône l’instauration de la démocratie, le pluralisme, le civisme, l’éducation y compris pour les zones de Tunisie trop longtemps laissées à l’abandon par le gouvernement central. Apolitique, l’association regroupe des militants issus de secteurs d’activités différents (médias, universités, ONG ou encore milieux culturels).

    Mohamed Gastli, cofondateur de l’association, explique la raison de l’intitulé de la soirée ; celle-ci a pris le nom « Loin des yeux, près du cœur » car cette révolution était belle à voir, mais ce n’était pas évident pour les amis du peuple tunisien de la vivre à distance. Il fallait fêter l’événement et aider les victimes.

    Pour Mohamed Dhaoui, un des autres cofondateurs, explique le but principal de l’association est de promouvoir le débat social chez les tunisiens, qu’ils soient en Tunisie ou en dehors. Un mot d’ordre commun aux deux jeunes militants : l’association est apolitique et souhaite soutenir uniquement la construction de la société civile tunisienne.

    L’intégralité des bénéfices du concert seront versés au Croissant rouge tunisien. Militant(e)s, bénévoles, d'un soir tout le monde s'active pour assurer la bonne organisation du concert.

    Comme j’avais pu le constater lors de la manifestation du 15 janvier 2011 dans les rues de Paris l’aspiration à la liberté est forte. La jeunesse tunisienne et française mélangée ressent le besoin de réfléchir, de discuter des suites du mouvement démocratique, et tout simplement de se réunir pour fêter la Tunisie.

    L’ancien régime policier est honni, mais le drapeau tunisien rassemble, unit le peuple tunisien et ses amis. Les drapeaux tunisiens s’arrachent, la fierté est retrouvée.

    Pour beaucoup, le 14 janvier 2011 marque le premier jour de la véritable indépendance tunisienne.

    Cette manifestation n’avait laissé que très peu de place aux « barbus » et aucune violence n’avait été remarquée.

    Aucun prétexte ne justifiera l’appropriation, la récupération, de la révolte populaire. Cette certitude était clairement présente dans les rangs des participants à la soirée de l’Elysée Montmartre.

    Dés les répétitions, la joie est présente ; l’envie de réussir l’événement mobilise. Journalistes tunisiens ou français la presse relaye l’information, et les réseaux sociaux sont une aide précieuse. Même le twitter d’Arte relaye l’info.

    Tout le monde est conscient de l’enjeu, soutenir le vent d’espoir né en Tunisie. Les Tunisiens sont désormais libres et l’ont mérité. Les Tunisiens montrent la voie au Maghreb, au monde arabe, et au reste du monde tout court.

    La soirée prend dés 18h30 les formes d’un succès populaire. Les places à 27 €50 ont été en quelques jours achetés en masse sur le net et sur place la file ne désemplit pas.

    L’humoriste Lotfi Abdelli chauffe la salle avec une fameuse reprise du Dégage…

    Sur scène, la chanteuse pop algérienne Souad Massi, Duoud, Manu Codija, Dhafer Youssef, le joueur guinéen de kora Djeli Moussa Diawara, Ihmed Alibi et Amel Methlouthi se succèdent.

    De nombreux artistes tiennent à expliquer pourquoi ils sont présents, pourquoi ils soutiennent ce vent de révolte, né en Tunisie. Ils chantent pour la fin de l’oppression.

    L’ovation de la salle est là.

    Le chanteur kabyle Idir chante « Tunisie lève toi » et explique avoir tenu à être présent pour soutenir l’espoir qui est né et qui doit se répandre.

    Parmi les participants, les esprits bouillonnent, la parole est libre.

    La place des femmes, la laïcité, la place de la Chine dans la région… Le débat sur l’avenir est ouvert. 

    Pour certains, « la révolution n’est pas finie, les chiens de Ben Ali sont encore là », pour d’autres il est temps de stabiliser les choses. La situation en Egypte inquiète ; Là bas la répression risque d’être féroce.

    Les islamistes tunisiens ne font pas peur, mais rien n’est encore écrit. Un signe d’espoir, leur chef a indiqué « nous ne voulons pas imposer la charia, nous voulons seulement que notre identité islamique soit respectée ». De retour d’exil, Rached Ghannouchi, le chef du mouvement islamiste tunisien Ennahda, se réfère désormais plus de la formation islamiste élue en Turquie, l'AKP que du Soudan ou de l’Iran.

    Même les agents de sécurité discutent de la situation au Magreb, la Cote d’Ivoire, le rôle de l’Iran, la menace islamiste… Les images des biens de Ben ALI ont choqué. L’opulence dévoilée choque.

    Tunisiennes, franco-tunisiens ou français tout le monde est de bonne humeur, mobilisé pour préparer les prochains rendez-vous citoyens.

    La salle chante l’hymne national tunisien.

    Le vent de la liberté souffle, alors Dégage, Dégagez.

     Despotes de tous les pays Dégagez !