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Mahor CHICHE - Page 62

  • L'Europe fait face à une vaste campagne de prosélytisme de l'islamisme radical

    Repenser la lutte antiterroriste

    PAR

    Mahor CHICHE

    et Michaël CHETRIT *

    [Le Figaro, 25 juillet 2005]  

    En réaction aux attentats de Londres, Tony Blair a rappelé que la répression ne pouvait pas être la seule réponse au terrorisme. Cette volonté ne transparaît pas du plan de lutte contre le terrorisme élaboré par le Conseil des ministres de l'Union européenne le 13 juillet. «Il n'y a pas d'initiative vraiment nouvelle sur la table», indique-t-on à Bruxelles. Dès lors, de quels autres moyens de lutte les démocraties disposent-elles ? A quel arsenal le premier ministre britannique faisait-il donc allusion ? L'Europe fait face à une vaste campagne de prosélytisme de l'islamisme radical. En France, la participation de Français aux attentats du 11 septembre 2001, la constitution de filières afghanes ou irakiennes ou le fort rythme des conversions à l'islam politique, l'islam salafiste, mis en évidence dans un rapport de juin des renseignements généraux remis au ministre de l'Intérieur, établissent désormais sans ambiguïté le travail de sape de ces réseaux.

    Si ce phénomène demeure minoritaire, il n'en est pas moins inquiétant. Les terroristes ne sont plus des éléments extérieurs à nos Etats, ce sont des enfants de l'Europe. Ce sont de jeunes Européens instruits à l'école de la République ou du Royaume-Uni qui décident de s'engager dans la lutte armée. Le nombre de combattants étrangers en Afghanistan ou en Irak atteste de la réalité de cette «internationale djihadiste». On se souvient de Zacarias Moussaoui et des sept Français détenus dans la prison américaine de Guantanamo. Le djihadisme sème partout où existe de la frustration. Une frange de notre jeunesse européenne est en train de se laisser séduire par les sirènes du martyr au service d'une nouvelle ère de lutte contre l'Occident. Ces jeunes sont ainsi conditionnés par des recruteurs qui leur font miroiter un destin héroïque. Mais quel facteur nouveau explique la réceptivité de cette jeunesse élevée à l'humanisme européen ?

    La grande nouveauté au sein des populations immigrées depuis dix ans est l'essor des chaînes de télévision par satellite extra-européennes captées au moyen d'antennes paraboliques, implantées sur les toits et les balcons, et dont al-Jezira ou al-Manar sont les plus connues. Plus de 10 millions de personnes y ont accès en France, plus de 100 millions en Europe. Certaines populations immigrées ont ainsi trouvé un moyen de rester en contact avec leurs communautés d'origine, et en particulier de conserver des attaches linguistiques et culturelles. Néanmoins, au-delà de cet aspect positif, il s'avère qu'en pratique, certains programmes véhiculent des idées contraires aux idées démocratiques ou de tolérance, d'autant que certains, par rejet de la télévision «occidentale», voient leurs sources d'information réduites à ces seuls outils de propagande.

    Lorsqu'on sait que les Européens regardent la télévision «en moyenne» trois heures par jour, cela permet de saisir l'énorme pouvoir de propagande que peuvent avoir ces chaînes de télévision, mais également les sites Internet. En effet, la problématique posée par l'Internet n'est pas fondamentalement différente. S'affranchissant des frontières, l'Internet est devenu un vecteur de diffusion privilégié de matériels antidémocratiques, xénophobes, racistes et terroristes. Dès lors, si les échanges culturels et la liberté d'expression doivent certes être favorisés, il convient de limiter au maximum les abus qui pourraient en être faits. Il est plus qu'urgent d'agir. Le paysage audiovisuel européen, devenu irresponsable car laissé à l'abandon, est devenu un terreau majeur du terrorisme et de la défiance à l'encontre de l'Occident. Ce laisser-faire entretient un climat qui nuit aux processus d'intégration et fait le lit des réseaux salafistes.

    On sait quels effets délétères peut avoir une seule émission de télévision. Il appartient aux autorités de régulation de l'audiovisuel de contrôler le respect des droits fondamentaux des citoyens dans les contenus diffusés à la télévision. Mais ces autorités n'ont aujourd'hui qu'un champ d'intervention et des moyens limités au territoire national, ce qui s'avère être insuffisant pour réguler les télévisions en langues étrangères. En l'état actuel de la réglementation européenne, une directive européenne de 1997 «Télévisions sans frontières» prévoit un mécanisme long et complexe lorsqu'un Etat entend faire cesser la diffusion sur son territoire d'une chaîne ressortissant d'un autre Etat membre. Ce processus est une usine à gaz qui n'a d'ailleurs jamais été mobilisé par un Etat membre, pas même pour la télévision al-Manar, récemment interdite par la France, qui diffusait impunément ses programmes dans toute l'Europe depuis 2000.

    La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) attire depuis plusieurs années l'attention des autorités sur ces nouvelles formes de propagation du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie sur Internet. Afin de faire cesser la diffusion de chaînes étrangères appelant à la haine raciale et diffusant des images violentes, il convient d'instituer une Autorité européenne indépendante de régulation de l'audiovisuel (ARA). Cette autorité connaîtrait des contenus de programmes diffusés sur toute l'Europe, quel que soit le média utilisé, qu'il s'agisse de la télévision ou de l'Internet. La compétence d'attribution de l'ARA, en coopération avec les autorités nationales, serait bien évidemment limitée aux cas d'appel à la haine et à la violence, ou d'atteinte à la dignité humaine. Les autorités de régulation nationales de l'audiovisuel continueraient ainsi à être compétentes pour l'organisation et le contrôle de leur paysage audiovisuel national .

    L'ARA aurait également l'avantage de mettre en commun les moyens d'une veille télévisuelle, y compris dans des langues extra-communautaires, qui font aujourd'hui défaut à l'Europe. Cela permettrait de mettre au point des parades efficaces sur l'ensemble du territoire européen. Pour autant, une telle volonté de régulation pourrait ne pas être limitée à l'Europe. Les Etats-Unis avaient suivi l'exemple de la France en interdisant dans la foulée la chaîne al-Manar de la flotte américaine de satellites Intelsat. Aujourd'hui, la mise en place d'une autorité européenne de régulation de l'audiovisuel est une priorité pour défendre nos démocraties. Peut-être cette instance était-elle l'un des moyens alternatifs à l'action policière envisagé par Tony Blair. Elle constitue en tout cas un outil primordial pour ne pas abandonner des pans entiers de nos communautés nationales à la propagande et à l'exclusion.
     
    * Respectivement conseiller du XIXe arrondissement de Paris et membre du Bnai Brith, ONG représentée à l'ONU et au Conseil de l'Europe.         


  • Paix introuvable au Darfour,

     par Michaël Chetrit et Mahor Chiche

    Pour le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, le Darfour, cette province de l'ouest du Soudan où se déroulent depuis 2003 des massacres à grande échelle est "l'enfer sur terre".

    Au cours des vingt dernières années, la communauté internationale a assisté, impuissante, aux massacres massifs du sud Soudan, 2 millions de morts depuis 1983. Aujourd'hui, la communauté internationale doit faire cesser les crimes contre les populations civiles noires du Darfour. Les milices janjawids, alliées du régime islamiste de Khartoum, s'appuient sur les tribus musulmanes "arabes", pour massacrer les tribus musulmanes "africaines" contestataires de l'ouest du pays.

    Selon un rapport accablant du procureur général de la Cour pénale internationale présenté à l'ONU, le 14 juin, sur les 6 millions de Darfouriens, plus de 200 000 civils sont morts depuis 2003, au rythme de 10 000 victimes par mois. Aujourd'hui, 2,5 millions de réfugiés et de déplacés vivent dans des camps exsangues soutenus par une aide internationale entravée et terrorisée par le régime de Khartoum. Depuis juin 2004, 7 000 soldats de la mission de l'Union africaine, sous-équipés, sont cantonnés à un rôle difficile de simple observateur dans une région grande comme la France.

    En outre, l'Union africaine, qui n'est plus financée par la communauté internationale, n'a pas l'intention de poursuivre sa mission au-delà du 30 septembre. Ce départ risque de déclencher l'intensification des attaques, qui se poursuivent aujourd'hui en dépit d'un "deuxième" accord de paix de désarmement et de démocratisation, signé en mai à Abuja, au Nigeria, entre le gouvernement soudanais et la principale milice rebelle du Darfour, le Mouvement de libération du Soudan.

    Le 16 mai dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU a enfin pris une résolution autorisant le principe d'une opération des casques bleus au Darfour, en remplacement de la mission de l'Union africaine. Cette résolution a été prise en vertu du chapitre VII de la Charte des Nations unies prévoyant la possibilité de "mesures coercitives", économiques ou militaires. Mais cette éventualité reste théorique car la Russie et surtout la Chine demeurent très "réservées" sur tout emploi de la force. Le Soudan représente en effet 6 % des importations chinoises de pétrole.

    Les Nations unies tentent donc désespérément d'obtenir l'accord de Khartoum pour cette opération de maintien de la paix. Le Soudan a certes accepté une mission d'évaluation de l'ONU en territoire soudanais, s'attirant les foudres du numéro deux d'Al-Qaida, Ayman Al-Zawahiri, mais s'oppose toujours à l'entrée des casques bleus au Darfour. Le blocage est total. Le secrétaire général adjoint de l'ONU a, en effet, déclaré : "toutes les opérations de maintien de la paix en Afrique s'effectuent avec la coopération du pays d'accueil."

    L'ONU s'active sans relâche depuis le début du conflit et pourtant, sur le terrain, la situation ne s'améliore pas. Le gouvernement soudanais gagne du temps alors que les massacres continuent. Le régime de Khartoum, issu d'un coup d'Etat intervenu en 1989 alors que son parti, une émanation des Frères musulmans, n'avait recueilli que 15 % des voix lors des premières élections libres du pays, se distingue par sa brutalité depuis près de dix-sept ans, au sud Soudan d'abord, puis au Darfour. Face à cette dictature, il n'est plus concevable d'envisager une autre voie que sa mise à l'écart du pouvoir. Seul un front uni de la communauté internationale permettra d'arrêter les massacres et de restaurer la démocratie au Soudan.

    Pour surmonter le veto chinois, il n'y a donc qu'une possibilité : rallier la Chine à la mobilisation internationale, en la rassurant sur la continuité de ses exploitations pétrolières au Soudan. Il en va de la vie de la grande majorité du peuple soudanais, depuis trop longtemps opprimé.

    Michaël Chetrit et Mahor Chiche sont membres et vice-président d'Urgence Darfour France.

    www.sauverledarfour.org

    Article paru dans Le Monde, édition du 28.06.06

     
  • Liberation, Lundi 10 juillet 2006

    Rassemblement ce soir à  Paris pour le Darfour
    Urgence Darfour souhaite briser le silence entourant «le premier génocide du XXIe siècle».

    Urgence Darfour, un collectif comprenant notamment SOS Racisme et la Licra, mobilise lundi à Paris associations, écrivains, intellectuels, sportifs et artistes pour lutter contre le silence qui entoure "le premier génocide du 21ème siècle" dans cette région du Soudan.

     

    "En silence, chaque mois, des milliers d'innocents tombent au Darfour", souligne Mahor Chiche, vice-président de ce collectif crée début 2005 et comprenant aujourd'hui une centaine d'associations, dont plusieurs rwandaises.

     


    Car Urgence Darfour, présidée par Jacky Mamou (ancien dirigeant de Médecins du Monde), fait le parallèle et les associations rwandaises "voient tout de suite le lien", relève M. Chiche. "Pour le Rwanda les gens ont dit +çà s'est passé en quatre mois, on savait pas+", ajoute-t-il. "Au Darfour, il y a plein de gens, plein d'ONG qui y sont allés et qui ont essayé de raconter ce qu'ils ont vu. Mais çà ne passe pas, l'indifférence demeure".

     


    Pour lutter contre "le silence qui couvre la poursuite des massacres" et contre "l'inaction", Urgence Darfour organise lundi soir à 20H00 au Théatre de la Madeleine (8ème) un "meeting". Au programme, projections de clips et prises de paroles de personnalités signataires de son appel, de l'ancien ministre Jack Lang, à l'écrivain Bernard Henri-Lévy, en passant par le philosophe André Glucksmann, l'acteur Richard Berry, l'écrivain Marek Halter, le chanteur Youssou N'Dour. Des membres de l'équipe de France de football sont également attendus ainsi que beaucoup d'autres personnalités.

     


    Le collectif, qui fait partie d'un réseau européen inspiré de l'initiative américain Save Darfur, souhaite "peser sur le gouvernement français avec trois objectifs.
    Tout d'abord, l'augmentation "massive" de la contribution française au Programme alimentaire mondial (Pam) pour cette région de l'ouest du Soudan déchirée par une guerre civile opposant le régime islamiste de Khartoum allié à des milices arabes à des groupes rebelles issue de la population noire locale. Depuis février 2003, ce conflit "oublié" a fait de 180.000 à 300.000 morts, essentiellement des civils, et 2,5 millions de réfugiés et déplacés.
    Mais Urgence Darfour demande également que la France fasse voter en urgence au Conseil de sécurité une nouvelle résolution, et mette ses troupes stationnées en Afrique "au service de la protection des civils du Darfour" dans le cadre d'une "intervention sous l'égide de l'Onu", farouchement rejetée par Khartoum.

     


    Le vice-président du collectif estime que la communauté internationale doit passer outre le refus du régime "illégitime" de Khartoum (arrivé au pouvoir par un coup d'Etat) d'accueillir des Casques bleus et "cesser de se servir de la sémantique" (certains responsables notamment américains parlant de "génocide" d'autres récusant ce terme) comme "prétexte à la non-intervention".
    "Il suffirait que deux avions (de la communauté internationale) décollent pour que cela cesse", affirme-t-il.
    La mission de l'Union africaine (UA), qui doit se prolonger jusqu'à fin 2006, est "sous-payée", "sous équipée", et "dépourvue de mandat", estime Urgence Darfour, qui réclame également "des élections libres sous supervision de l'ONU".

     


    "Elles seules permettront", selon M. Chiche, "un arrêt définitif des massacres qui se poursuivent malgré la trève conclue en septembre 2003 et confirmée en avril 2004 et l'accord de paix" d'Abuja, en mai dernier.

     

    Il s'agit lundi pour Urgence Darfour de "briser le silence, pour ne pas être complice d'un autre génocide".

     

    Brigitte VITAL-DURAND



  • Fete d'arrondissement

     

    TOURNOI CONTRE LE RACISME ET LE COMMUNAUTARAISME 

    A l’initiative de l’association J2P et de l’association SOS Racisme 19ème est né le projet d’organiser un grand tournoi de football sportif, en direction d’un public large (à partir de 12ans), sur le territoire du 19ème arrondissement de Paris. Ce tournoi sera la 8ème étape du Tour de France des tournois de football pour la tolérance, mis en place par SOS Racisme dans le cadre de sa campagne de lutte contre le racisme dans le football tant au niveau professionnel, qu’amateur. A l’occasion de la Coupe du monde 2006, l’objectif est de mobiliser un grand nombre d’associations sportives et d’autres du 19ème arrondissement de Paris autour d’un événement sportif et culturel fort : le football.Les deux axes du projet sont d’une part la valorisation des associations locales qui œuvrent au quotidien avec les jeunes et les personnes en difficultés du 19ème.D’autres part, il s’agit de sensibiliser les amateurs de football – licenciés amateurs, spectateurs, supporters, entraîneurs, dirigeants – au fléau du racisme qui a envahi le football tant professionnel qu’amateur et de prouver que nous sommes définitivement majoritaires à vouloir « vibre et vivre tous ensemble ».

    En outre, il nous parait important d’organiser un tel événement festif au cœur du 19ème arrondissement de Paris.

    En effet, cet arrondissement populaire du Nord Est Parisien brasse des publics très divers.

    Or, malgré la forte mixité sociale et ethnique de l’arrondissement, l’on peut observer depuis quelques années le développement de frictions communautaires et une certaines communautarisation y compris des clubs de football amateurs ; un tel événement sera l’occasion de renouer le lien social et d’affirmer notre volonté de préserver la mixité.

     

    Le tournoi se déroulera les 8 et 9 juillet 2006 au Stade Jules Ladoumègue situé porte de Pantin, à partir de 10h jusqu’à 18h.Le 9 juillet de nombreux stands associatifs de l'arrondissement seront présents.

    Eléments pratiques : Tous les participants au tournoi devront s’être inscrits par équipe auprès du secrétariat de l’association J2P.L’âge minimal de participation à ce tournoi est fixé à 12 ans. Selon l’année de naissance des participants, ils évolueront autour de trois poules :12 / 14 ans ;15 / 17 ans ;18 ans et plus. Chaque équipe comportera 10 joueurs. 7 joueurs et 3 remplaçants. 

    Les inscriptions des équipes se dérouleront dans les locaux de l’association J2P au 28 rue Petit 75019 Paris à partir du 24 mai 2006 jusqu’au 30 juin 2006. A concurrence de 24 équipes participantes.

    Tous les mercredis de 10h à 12h et les vendredis de 17h à 19h.

    Comptant sur votre participation.