Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

david cameron

  • Nous refusons le silence face à l'Apartheid et au nettoyage ethnique en Birmanie

    Depuis 2010, la junte militaire s'est retirée de Birmanie. Les ex-généraux promettent l'ouverture avec la mise en place d'un gouvernement civil et la libération d'Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix, aujourd'hui élue au parlement.

    Le pays donne les signes d'une marche volontaire vers la démocratie, mais nous ne pouvons ignorer les graves injustices qui subsistent. La Birmanie abrite près de 140 ethnies dont chacune apporte une empreinte fondamentale, unique et complémentaire donnant son identité inclassable à ce pays bigarré de langues et religions multiples.

    Aujourd'hui la démocratie birmane ne peut être bâtie que sur le respect, la réconciliation, et l'inclusion de toutes les minorités. Or, cinquante ans d'isolement, de peurs, de divisions interethniques et de propagande en Birmanie auront eu des effets dévastateurs et profonds sur la population birmane, fondant une nouvelle société ségrégationniste et raciste.

    Les minorités sont exclues du renouveau démocratique et, pour beaucoup, le calvaire a empiré avec des offensives militaires au nord et à l'Est tandis qu'à l'Ouest des populations sont séquestrées sous un régime d'Apartheid.
    Une campagne de nettoyage ethnique, lancée en juin 2012, cible aujourd'hui même, plus d'un million de Birmans musulmans. Parmi eux les Rohingyas, le peuple le plus persécuté au monde, selon les Nations Unies. Un rapport de Human Rights Watch d'avril 2013 dénonce la complicité du gouvernement birman dans les exactions commises par des gangs extrémistes massacrant des musulmans en toute impunité.

    Cependant, la communauté internationale ferme les yeux, galvanisée par le fantasme de l'avènement d'une démocratie birmane. Depuis un an, ce sont des milliers de villages musulmans qui ont été brûlés ou rasés tandis que continuent d'être perpétrés immolations, viols collectifs et massacres de masse.

    Aujourd'hui, 700 000 autres Rohingyas vivent dans la terreur dans l'Arakan et plus d'une centaine de milliers d'entre eux sont parqués dans des camps. En vue du recensement, les autorités qui souhaitent entériner l'exclusion de la nation des déportés Rohingyas les forcent à signer des papiers les identifiant comme "Bengali", faisant d'eux des étrangers.

    Ailleurs dans le pays, des extrémistes, fanatiques et ultranationalistes perpétuent une campagne visant à anéantir les 4% de musulmans présents en Birmanie.

    Nous, signataires de ce texte, dénonçons :


    - Les pogroms de masse visant les civils musulmans ;
    - L'impunité totale des nationalistes extrémistes, des soldats, et des moines qui commettent des crimes de masses et, dans le cas de la force spéciale Nasaka : des viols collectifs ;
    - La ségrégation systématique, le racisme et la terreur subis par les communautés birmanes musulmanes et l'absence totale de protection ;
    - Une campagne de propagande et d'incitation à la haine menée notamment par des moines extrémistes, tels Ashin Wirathu le "Ben Laden" birman autoproclamé, qui appelle au boycott des échanges avec les birmans musulmans ;
    - Une justice inexistante pour les birmans musulmans, des arrestations arbitraires et des procès inéquitables ;
    - L'entrave à l'aide humanitaire par la menace et l'interdiction d'accès aux zones où les musulmans ne reçoivent ni les soins ni les rations nécessaires à leur survie ;
    - La Loi discriminatoire de 1982 qui a fait des Rohingyas des apatrides et nie leur appartenance à la Birmanie.

    Pendant que l'Union Européenne lève les sanctions économiques, que les échanges d'affaires avec la Birmanie s'intensifient, que le président Thein Sein est reçu à Washington, et qu'Aung San Suu Kyi ne manifeste guère d'intérêt pour la situation, deux millions de personnes sont otages de la haine d'une partie de l'ethnie majoritaire. Le silence coupable de la communauté internationale condamne chaque jour plus de vies chez les Rohingyas. La démocratie ne peut s 'épanouir sur le sacrifice d'une minorité.

    Nous appelons le Président de la République françaises, les dirigeants européens et les représentants des nations unies à :
    - Interpeller fermement le gouvernement birman afin de faire cesser immédiatement les violations des droits humains et le nettoyage ethnique en cours en Birmanie.
    - Exiger l'ouverture d'une commission d'enquête internationale indépendante disposant d'un accès libre sur le terrain, pour enquêter sur les crimes commis envers les minorités musulmanes de l'Arakan et particulièrement les Rohingyas.
    - Apporter une assistance humanitaire et une protection immédiate à ces peuples sans voix courant le danger de l'extermination totale.

    Martin Luther King disait "celui qui ignore le mal s'en fait complice", face au nettoyage ethnique des invisibles de la démocratie birmane nous ne nous tairons pas.

    SignatairesSophie Ansel, écrivain et réalisatrice ; Rokhaya Diallo, éditorialiste ; Mahor Chiche, Avocat ; Maung Zarni, chercheur et activiste, Birmanie ; Noam Chomsky, philosophe ; Joe Sacco, journaliste et auteur de BD ; Omar Sy, comédien ; Lilian Thuram, président de la Fondation éducation contre le racisme ; Jamel Debbouze, comédien ; Eva Joly, députée européenne ; Rama Yade, ancienne secrétaire d'Etat aux droits de l'homme ; William Schabas, ancien président de l'association international des experts du génocide et professeur de loi internationale, Université de Middlesex ; Geoffrey Nice, avocat et militant ; Patrick Boitet, rédacteur en chef TV ; Juan José Tamayo, théologien ; Duleep de Chickera, évêque anglican ; Sam Garcia, dessinateur de bandes dessinées, auteur de " lunes birmanes" ; Habiburahaman, auteur rohingya "nous les innommables, un tabou birman" ; Mireille Fanon-Mendès France, présidente de la Fondation Frantz Fanon ; Doudou Diène, ancien rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme, de xénophobie et de l'intolérance qui y est associée ; François Durpaire, historien ; Frédéric Debomy, auteur et militant ; John Pilger, journaliste et documentariste ; James C. Scott, politologue et anthropologue ; Benedict Anderson, auteur ; Sai Latt, doctorant et activiste birman, Université Simon Fraser ; Leila Nachawati Rego, activiste syrienne, espagnole et professeur en communication ; Babylon Circus, musiciens ; Abdennur Prado, écrivain et directrice du congrès international du féminisme islamique ; HK et les Saltimbanks, musiciens ; Benjamin Bejbaum, fondateur de Dailymotion ; Veronica Pedrosa, journaliste TV ; Suthep Kritsanavarin, photographe ; Zebda, musiciens ; Pavin Chachavalpongpun, politologue, chercheur et enseignant ; Lynn Lee, réalisateur, "le génocide caché" ; Laurent Jais, producteur réalisateur ; Albert Lecoanet, journaliste indépendant & réalisateur de documentaire ; Bertil Scali, éditeur, auteur ; Saiful Huq Omi, photographe, réalisateur et activiste ; Professeur Dr. Mohammad Redzuan Othman, doyen de la faculté des arts et sciences sociales, Université Malaya de Kuala Lumpur ; Jeff Mc Mullen, écrivain et réalisateur ; Amal de Chickera, activiste des droits de l'humain


    Le Monde, 26 juin 2013

  • Le déguisement nazi ou le nouvel humour british ?

    Peut-on rire de tout ? La législation française pose des limites à la liberté d’expression. A plusieurs reprises l’antisémite Dieudonné a ainsi été condamné par la justice française ; Aux Etats-Unis et en Angleterre la Loi est plus permissive, la liberté d’expression y étant sacrée.

    Un comportement immoral

    La frasque savoyarde du Député britannique Aidan Burley rappelle que si regarder Charlie Chaplin dans le Dictateur déguisé en nazi est une comédie sans égale ; se draper d’uniformes nazis entonner des chants à la gloire d’Himmler, Eichmann et Hitler est douteux et condamnable au regard de la législation française.

    Le 3 décembre 2011, lors d’une soirée d'enterrement de vie de garçon, à Val Thorens, en Savoie, le jeune député conservateur du Staffordshire Aidan Burley a participé à un diner avec des convives déguisés en nazis ; Uniformes, brassards avec croix gammée et chants nazis. Un comportement indigne d’un sujet de sa majesté.

     

     Un comportement susceptible de qualifications pénales en France

    En France, l’apologie de crime de guerre ou contre l’humanité est passible de cinq ans de prison et de 45 000 euros d’amende, et celui de « port d’uniforme et d’insigne d’une organisation criminelle contre l’humanité » de 1 500 euros.

    Le parquet d'Albertville a ouvert une enquête et SOS Racisme a porté plainte pour incitation à la haine raciale.

    Pour dégager sa responsabilité, le restaurant où s'est déroulée la scène a hypocritement lui aussi porté plainte.

    Des excuses de circonstances

    Face au tolé des images, Aidan Burley a fait part sur son compte Twitter, « de son profond regret de ce qui s'était passé" et a reconnu que le "comportement de ses invités était clairement inapproprié". "Je suis extrêmement désolé du tort que j'aurais pu causer ».

    Dans une lettre au journal Jewish Chronicle, il a présenté «sans réserve ses excuses » et indiqué « j’ai commis l’erreur de ne pas quitter cette fête ».

    Dans un message adressé aux habitants de sa circonscription, le Député écrit "Il n'y a pas d'excuses à mon comportement stupide, qui a causé ces deux dernières semaines beaucoup de peine à tant de gens", et reconnu avoir fait "une véritable erreur de jugement". Il a réaffirmé n'avoir "aucune sympathie d'aucune sorte pour le nazisme, le racisme ou le fascisme".

    Aidan Burley avait seulement omis de mentionner qu’il a passé la commande des déguisements nazis.

    La parodie nazie reste politiquement incorrecte au Royaume Uni

    Malgré plusieurs cas de sujets britanniques outrageant la mémoire des victimes du nazisme et déshonorant la résistance britannique au IIIème Reich le déguisement en officier nazi reste fortement condamné Outre Manche.

    En 2005, le prince Harry, fils cadet de la princesse Diana, avait lui aussi été à l'occasion d'une soirée costumée pris en photo déguisé en officier nazi.

    En 2008, Max Mosley, alors président de la fédération internationale d'automobile, se faisait filmer habillé en nazi.

    En 2009, le conseiller Lib Dem Sean Aspey a été suspendu après la découverte de photos qu'il avait postées sur Facebook sur lesquelles il était aussi déguisé en soldat nazi.

    Le Premier ministre David Cameron a d’ores et tiré les conséquences du comportement d'Aidan Burley en obtenant son retrait de sa fonction de chargé de mission auprès du Secrétaire aux Transports.

    Décidément, et fort heureusement, la parodie nazie ne fait pas recette.