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Mahor CHICHE - Page 46

  • Darfour: le bout du tunnel ou le fond de l'impasse ?

    «La guerre au Darfour est terminée»: c'est le président soudanais Omar al-Béchir qui le déclare. L'annonce ne manque pas de sel alors même que l'armée soudanaise vient de lancer une offensive dans le Jebel Marra, dernier sanctuaire de la rébellion au Darfour.La signature, mardi au Qatar, d'un cessez-le-feu entre le gouvernement soudanais et le Mouvement pour la justice et l'égalité (MJE), le plus puissant des mouvements rebelles, est en effet un développement majeur  dans cette guerre civile qui dure depuis 2003 et a causé quelque 250.000 morts et plus de 2 millions de déplacés dans l'ouest du Soudan.

    L'accord entre le MJE et Khartoum n'est pas une surprise. D'abord parce que le principal sponsor de ce mouvement rebelle, le président tchadien Idriss Déby, vient de se réconcilier avec son homologue soudanais Omar al-Béchir. Le MJE, qui avait réussi à atteindre la capitale soudanaise lors d'un raid audacieux en mai 2008 et avait plusieurs fois sauvé Déby menacé par des rebelles armés et soutenus par le Soudan, était le principal instrument de la guerre par procuration entre les deux pays.

    Le MJE est essentiellement composé de Zaghawas, une ethnie à cheval entre le Tchad et le Soudan et à laquelle appartient Déby. Or, les dirigeants tchadiens comme soudanais ont chacun besoin d'un répit pour organiser des élections et retrouver une certaine légitimité. En particulier le Soudanais Béchir, inculpé par la Cour pénale internationale de crimes contre l'humanité et crimes de guerre au Darfour et qui espère être largement réélu aux élections générales du 11 avril prochain.

    L'autre raison à cette soudaine volonté de “paix” de Khartoum, c'est que le pouvoir soudanais sait qu'il sera confronté, d'ici un an, à un problème plus grave encore que l'agitation au Darfour: la possible sécession du Sud-Soudan, riche en pétrole, qui doit se prononcer l'année prochaine par référendum sur son indépendance. Khartoum souhaite donc en finir avec le conflit au Darfour, pour éviter d'avoir à se battre sur deux fronts. D'ailleurs, Omar al-Béchir a annoncé au début de la campagne électorale, en janvier, avoir l'intention de parvenir à un accord de paix au Darfour dans les deux mois.

    Tout semble indiquer que l'accord entre le MJE et Khartoum - idéologiquement, rien ou presque n'oppose les dirigeants du MJE et le pouvoir soudanais, le chef rebelle Khalil Ibrahim ayant un fort “background” islamiste - ouvre la porte à un “nettoyage” des derniers bastions rebelles au Darfour, notamment le Jebel Marran, fief le Mouvement de libération du Soudan (MLS) d'Abdel Wahid al-Nour. Ce dernier, réfugié en France, refuse obstinément de participer à des négociations de paix tant que le pouvoir ne cesse pas les combats et que les déplacés ne rentrent pas dans leurs villages détruits. Des préconditions constamment refusées par Khartoum et qui agacent de plus en plus la communauté internationale et le médiateur du conflit, Djibril Bassolé, un Burkinabé nommé par l'Union africaine. Au point que c'est à
    se demander si l'offensive de l'armée soudanaise dans la région montagneuse du Jebel Marra – une première dans l'histoire de ce conflit - n'a pas l'assentiment tacite de la communauté internationale. Médecins du monde a en effet dû quitter la ville de Déribat, attaquée mercredi: selon l'ONG française le nombre de déplacés dans cette zone est désormais de 100 000. Pour le pouvoir soudanais, la “paix” au Darfour signifie surtout la “pacification” du Darfour.

     

    Liberation, 26/02/2010, Par Christophe Ayad

  • Un immense iceberg s'est détaché d'un glacier en Antarctique

     

    Un iceberg de la taille du Luxembourg s'est détaché d'un glacier du continent Antarctique après avoir été percuté par un autre iceberg géant, ont annoncé, vendredi 26 février des scientifiques. Ce nouvel iceberg de 2 500 km2 s'est détaché aux alentours du 20 février du glacier de Mertz, une langue de glace de 160 kilomètres de long qui plonge du continent vers l'océan.

    La collision, provoquée par un autre iceberg d'une centaine de kilomètres de long, nommé B-9B, a divisé par deux la longueur de cette péninsule glacée. "L'événement en lui-même n'a pas été directement lié au réchauffement climatique, mais il a un rapport avec les processus naturels qui se déroulent sur la banquise", a déclaré Rob Massom, spécialiste de l'Antarctique basé à Hobart, sur l'île australienne de Tasmanie.

    Les instituts de recherche auxquels il participe, ainsi qu'une équipe française, ont suivi le développement de fissures dans le glacier de Mertz ainsi que la rupture ayant suivi la collision. B-9B est ce qui reste d'un colossal iceberg de plus de 5 000 km2, qui s'était détaché du continent en 1987. Le nouvel iceberg est l'un des plus grands formés en Antarctique depuis plusieurs années.

    En 2002, un bloc de glace d'environ 200 kilomètres de long s'était détaché de la banquise de Ross. Un autre, d'une taille équivalente à Singapour, s'était séparé du glacier de Pine Island en 2007. Le cisaillement du glacier de Mertz et la présence de deux icebergs mobiles dans la zone pourraient désormais affecter la circulation des courants océaniques, estime Rob Massom. C'est en effet dans ce secteur que sont générés de denses courants d'eau salée, qui jouent un rôle important dans la formation des courants sur l'ensemble de la planète.

  • SAUVER LE DARFOUR DEPLORE LE DISCOURS D’AUTO-SATISFACTION DU MINISTRE KOUCHNER

    Le 28 janvier 2010, Monsieur Bernard KOUCHNER, Ministre des affaires étrangères, a paru une tribune dans le Point où il se félicite de l’action de la France sur le Darfour.

    Cette tribune masque en réalité l’abandon du Darfour par la diplomatie française et la communauté internationale dans son ensemble :

    - Le groupe de contact sur le Darfour convoqué en Conférence internationale de Paris en juin 2007 dont M.KOUCHNER se félicite, ne s’est plus jamais réuni. Cette conférence avait été décidée in extremis par l’Elysée sur une proposition de Sauver Le Darfour (Le Figaro du 28 mai 2007) suite à la levée de boucliers des organisations humanitaires (MSF, MDM) face à la proposition de M.KOUCHNER de mettre en place des « corridors humanitaires ».

    - M.KOUCHNER est dans la contradiction la plus totale : d’un côté il trouve « incompréhensible » l’attitude de « M. Abdulwahid Nur, chef rebelle en exil à Paris depuis 2006, [qui] refuse tout dialogue, en dépit de {ses] multiples tentatives pour le faire venir à la table des négociations », et de l’autre se félicite « de la délivrance d’un mandat d’arrêt contre le Président Béchir pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité » !

    Monsieur KOUCHNER fait-on la paix avec un dictateur-massacreur ?

    - M.KOUCHNER prétend que la conférence à permis « le déploiement sur place, au Darfour, d’une force de maintien de la paix des Nations unies de 20 000 hommes » alors que la force devait initialement compter 26 000 hommes et que la communauté internationale n’a toujours pas fourni les quelques hélicoptères indispensables que l’ONU réclame depuis maintenant près de trois ans !

    - Enfin, M.KOUCHNER se félicite du « dialogue - notamment avec la Chine » alors que c’est le pays qui bloque toute démocratisation et pacification du Soudan et alors que le Soudan est au bord de l’implosion avec la perspective de l’autonomie du Sud Soudan (référendum de janvier 2011).

    La France auraît pu : convoquer réguliérement le groupe de contacts, demander à la Chine et à la Russie de respecter l’embargo sur les armes, appeler le dictateur EL BECHIR a abandonné le pouvoir, et s’engager à ne pas reconnaître une inévitable « réélection » aux élections d’avril 2010.

    Sauver Le Darfour appelle donc la France à réunir ses partenaires pour une nouvelle conférence internationale sur le Darfour et à peser de tout son poids sur la Chine, pour parvenir à l’organisation d’élections libres et démocratiques au Soudan et la comparution du potentat El Bechir devant la Cour pénale internationale.

  • La politique du gouvernement déshumanise les étrangers

    À l’heure où le gouvernement agite le débat sur l’identité nationale au risque de figer une définition rétrograde du « bon Français », nous exprimons le souhait que la France de demain soit une France ouverte sur le monde, curieuse, respectueuse de l’autre et d’autant plus que nous avons la conviction que la richesse de notre société ne survivra pas à cette vision étriquée.

    La politique migratoire actuelle du gouvernement réduit les individus à des chiffres, déshumanise et criminalise les étrangers en situation d’irrégularité administrative.

    Pas une semaine ne se passe sans que la figure de l’étranger soit érigée par le Ministre de l’Identité nationale au rang de nuisible, de responsable de tous les maux dont souffre notre société.

    Loin de toucher les seuls « sans papiers », la suspicion est jetée sur tous les étrangers. Mariage blanc, mariage gris (et demain bleu ?), regroupement familial, travail, étudiants, toutes les situations sont exploitées pour stigmatiser la figure de l’autre.

    Cette vision atteint également les immigrés légaux car, dans la logique du bouc émissaire, la conséquence est la suspicion généralisée et la dégradation du vivre ensemble.
    En plus d’être indigne envers les étrangers qui résident sur notre territoire, cette politique a des conséquences graves sur les ressortissants français qui ne correspondent pas au « prototype du bon Français ». Pour expulser 30.000 personnes par an, les forces de l’ordre procèdent à des centaines de milliers d’interpellations et à un nombre encore plus important de contrôles d’identité qui, chiffre oblige, sont faits au faciès. En outre, demain, ce sont des Français qui désirent s’unir avec des étrangers qui connaîtront les pires difficultés à faire reconnaître ces unions. Alors, ne nous y trompons : accepter que les droits des étrangers soient en régression, c’est accepter que chacun puisse être touché dans sa vie citoyenne et publique par la même régression de la liberté de vivre, de se côtoyer, de s’aimer.

    Nous demandons à ce que les étrangers ne soient plus pris en otage par les visées électorales, qu’ils ne servent plus à détourner l’attention de bilans difficiles à justifier. Les apprentis sorciers qui jouent avec ces thématiques peuvent d’ores et déjà constater que les seuls fruits de cette politique de la peur sont une montée des idées d’extrême droite propres à fissurer le lien social.

    Ce que nous demandons, c’est de pouvoir vivre dans un pays qui respecte ses propres principes. Et pour cela, le gouvernement doit mettre fin à la politique du chiffre en matière d’expulsions d’étrangers. C’est l’honneur de la République de ne pas céder aux sirènes du populisme. Nos responsables politiques se montreront-ils honorables ?

    Premiers signataires : SOS Racisme, FIDL, UNEF, UNL, Confédération étudiante, UEJF, Jeunes Communistes, Jeunes radicaux