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EUROPE - Page 17

  • Darfour - Les massacres doivent cesser

    En solidarité avec les victimes, le jet d’eau de Genève sera illuminé en rouge

    Genève, le 16 juillet 2007 – À l’occasion de la journée de la justice internationale, le 17 juillet 2007, le jet d’eau de Genève sera illuminé en rouge. La Ville de Genève a ainsi répondu à une demande de l’association TRIAL (Track Impunity Always – association suisse contre l’impunité) visant à attirer l’attention de la population aux souffrances des populations civiles du Darfour et à exiger que justice soit rendue. Le Maire de Genève, Patrice Mugny, et le Président de l’association Sauver le Darfour, Mahor Chiche, se sont joints à cette action.

    Mardi soir 17 juillet 2007, le jet d’eau de Genève sera illuminé en rouge. Le Conseil administratif de la Ville de Genève l’a formellement sollicité auprès des Services industriels de Genève, qui ont accepté cette demande formulée à l’origine par l’association TRIAL. Durant quelques heures, le symbole le plus connu de Genève revêtira la couleur du sang qui coule encore au Darfour.

    Solidarité avec les victimes : le jet d’eau de Genève illuminé en rouge

    Pour Patrice Mugny, Maire de Genève, « l’illumination de cet important symbole de Genève, capitale des droits humains, est un geste fort pour marquer les consciences. Cette action doit permettre de briser le silence qui persiste autour du drame du Darfour. Il est à espérer que d’autres grandes villes européennes entreprendront des actions similaires ».

    Comme l’a en effet rappelé Mahor Chiche, Président de Sauver le Darfour, « les bombardements de l’armée soudanaise sur le Darfour ont tout récemment repris. Le respect du droit international par le Soudan est impératif. Celui-ci doit appliquer les résolutions du Conseil de sécurité. Il faut maintenant mettre en vigueur une zone d’interdiction de vols par les avions du gouvernement soudanais au dessus du Darfour. » Pour M. Chiche, le travail de la justice internationale doit également être renforcé, afin que les auteurs d’atrocités sachent qu’ils devront rendre des comptes.

    Mettre un terme à l’impunité : le Soudan doit coopérer avec la Cour pénale internationale

    L’association TRIAL, qui lutte contre l’impunité des auteurs de crimes internationaux (génocide, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, etc.) a saisi l’occasion de la proximité avec la journée de la justice internationale pour s’adresser au Comité des droits de l’homme des Nations Unies. Les 11 et 12 juillet 2007, le Comité des droits de l’homme examinait en effet le rapport périodique que lui a présenté le Soudan, sur la manière dont celui-ci met en œuvre le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (aussi dit Pacte II).

    Au début du mois de juillet, TRIAL a donc déposé auprès du Comité des droits de l’homme un mémorandum juridique priant ce dernier d’ordonner au Soudan de coopérer avec la Cour pénale internationale sur la base du Pacte II.

    Une telle recommandation serait porteuse d’espoir pour l’avenir. Il faut rappeler pour l’heure que c’est sur la base la résolution 1593 (2005) du Conseil de sécurité que la situation relative au Darfour a été déférée à la CPI. Or, le Soudan rejette cette résolution. Que le Comité des droits de l’homme souligne que le Soudan doit coopérer également sur la base d’un traité que cet Etat a lui-même ratifié serait donc d’une grande importance. Les recommandations du Comité des droits de l’homme sont attendues avant la fin du mois de juillet.

    Pour Me Philip Grant, Président de TRIAL, « l’exigence de justice est fondamentale. L’impunité est aujourd’hui encore la règle ». Certes, la Cour pénale internationale a lancé deux mandats d’arrêt contre des auteurs présumés de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre au Darfour (notamment pour meurtres, viols, tortures, pillage, etc.), Ali Kushayb et Ahmad Mohamed Harun. Mais ce dernier est actuellement le ministre en charge des affaires humanitaires. « Quel cynisme ! » a affirmé M. Grant. « L’action de la Cour pénale internationale doit absolument être soutenue et renforcée. A terme, plusieurs dizaines d’individus pourraient et devraient être inculpés. Ces inculpations sont nécessaires pour faire reculer le sentiment d’impunité et pour rendre justice aux victimes ».

    Informer les victimes vivant en Suisse de leurs droits

    Par ailleurs, TRIAL entreprendra prochainement un travail de sensibilisation à l’attention des victimes du conflit se trouvant en Suisse, afin d’expliquer les possibilités à leur disposition de s’adresser à la Cour pénale internationale, et de les aider dans leurs démarches.

    Les victimes de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide ont en effet non seulement la faculté de transmettre à la CPI des informations utiles aux enquêtes (preuves, témoignages) ; elles disposent également d’un droit de participer à la procédure, cas échéant de solliciter des réparations.

    Pour TRIAL, il n’est pas non plus exclu que des poursuites pénales puissent être lancées en Suisse, dans l’hypothèse où l’un des responsables des atrocités commises au Darfour devait se trouver sur sol helvétique.

  • Darfour

    Il est encore temps d’agir pour sauver les populations du Darfour

    « Seule une coalition énergique des démocraties occidentales

    permettra de libérer les populations du Soudan »

    Par Michaël Chetrit et Mahor Chiche * 

    Après huit années à la tête des Nation unies et à la veille de son départ, Kofi Annan a eu ces mots durs en évoquant le Darfour : « Soixante ans après la libération des camps de la mort nazis, trente ans après le Cambodge, la promesse du “ jamais plus” sonne creux » , avant de préciser, en visant le régime de Khartoum : « Ils pourront avoir à répondre collectivement et individuellement pour ce qui est en train de se passer au Darfour. »

    La régularité calculée des sévices commis par les milices Janjawids, issues des tribus musulmanes « arabes » , alliées du régime islamiste de Khartoum, à l’encontre des tribus musulmanes « africaines » contestataires de l’ouest du Soudan, a déjà provoqué une épuration ethnique qui a causé plus de 300 000 morts et 3 millions de déplacés.

    L’ONU a déjà voté six résolutions et qualifié les actes du régime soudanais de « crimes de guerre et de crimes contre l’humanité » . Cependant, les efforts des Nations unies pour obtenir l’accord de Khartoum pour le déploiement de 17 000 Casques bleus en remplacement des 7 000 soldats de l’Union africaine demeurent vains. La situation est bloquée, et l’ONU ne pourra intervenir, car la Russie et surtout la Chine, partenaires économiques privilégiés du Soudan, sont opposées à toute intervention militaire de l’ONU.

    Pour sortir la région de la crise, il faut comprendre la véritable nature du régime soudanais. Depuis dix-sept ans, la junte de Khartoum, issue d’un coup d’État en 1989 alors qu’elle ne recueillait que 10 % des voix aux élections sous la bannière des Frères musulmans, a attisé toutes les divisions, religieuses puis ethniques, pour écarter tour à tour les revendications des populations des régions périphériques délaissées du Soudan, qui réclamaient leur part des richesses du pays, et en particulier des dividendes de la manne pétrolière.

    Dès son accession au pouvoir, la dictature en poste à Khartoum a d’abord brandi le Djihad pour intensifier la guerre contre le Sud Soudan, animiste et chrétien, qui s’était révolté en 1983 suite à l’introduction de la charia et la suppression d’un statut d’autonomie obtenu par les armes en 1972 ; en jeu, les importants gisements de pétrole qui venaient d’être découverts dans le Sud. Cette première guerre causera près de 2 millions de morts en vingt ans.

    Un accord de Paix – factice – sera finalement signé en janvier 2005 avec le Sud-Soudan, censé organiser un partage des richesses et du pouvoir, et en 2010 un référendum sur l’autodétermination.

    Mais en 2003, les populations du Darfour qui avaient elles-mêmes été largement réquisitionnées dans la guerre contre le Sud, pressentant l’accord avantageux que Khartoum s’apprêtait à conclure sous la pression de la communauté internationale avec le Sud-Soudan, s’insurgèrent. Khartoum arma alors les nomades arabisés contre les cultivateurs noirs, en exploitant non seulement les dissensions pour le contrôle des terres – apparues entre nomades et cultivateurs suite aux terribles sécheresses des années 70 et 80 –, mais également le racisme antinoir.

    Le dénigrement dont sont victimes les ethnies africaines de la part des tribus arabisées est à replacer dans le contexte historique de la traite des Noirs transsaharienne menée  par les Arabes depuis le Xème siècle. Cette traite a réduit au moins huit millions d’Africains en esclavage.

    Surtout, ces clivages ethniques ont été dangereusement exacerbés par le régime libyen à partir du milieu des années 70, avec l’objectif de prendre le contrôle du Tchad et du Soudan. La Libye avait en effet choisi le Darfour comme base arrière de sa Légion islamique, milice issue des tribus nomades soudanaises et tchadiennes, en poursuivant un projet de « Grand Sahel Panarabe ». À partir de 1985, en échange du financement de la guerre contre le Sud-Soudan, Khartoum laissa même la Libye s’installer au Darfour pour lui permettre d’attaquer le Tchad.

    Pour arrêter l’épuration ethnique au Darfour, il n’y a plus d’autre voie que d’écarter le régime islamiste soudanais du pouvoir. Pour cela, il n’est ni envisageable de recourir à l’ONU, immobilisée par un double veto, ni pensable de continuer de se reposer sur la seule Union africaine, cantonnée au mieux à un rôle d’observateur. L’Union africaine, qui n’a jamais osé froisser Khartoum, ni condamner les massacres, est sous l’étroite dépendance des pays africains de la Ligue arabe.

    Pourtant, la convention internationale sur la prévention des crimes de génocide de 1948 engage nos démocraties à empêcher tout État d’infliger « délibérément à un groupe des conditions de vie calculées pour amener sa destruction en totalité ou en partie ».

    Aujourd’hui, le régime de Khartoum est honni de la très grande majorité de sa population, qu’il s’agisse des Africains ou des Arabes eux- mêmes. L’étroite classe dirigeante rebute à tel point qu’en juillet 2005, l’arrivée du leader sudiste John Garang au poste de vice premier ministre en application des accords de paix avec le Sud, avait été acclamée dans les rues de Khartoum. John Garang, mort dans un accident d’hélicoptère dans le mois qui a suivi son installation, luttait pour un nouveau Soudan, laïc, démocratique, et égalitaire.

    Il est temps de mettre fin à la dictature meurtrière de Khartoum. Il n’est possible de compter ni sur l’ONU, ni sur l’Union africaine. Seule une coalition énergique de nos démocraties permettra de libérer les populations du Soudan.

     

    * Respectivement secrétaire national et président de l’association Sauver le Darfour (SLD) www.sauverledarfour.org

     

    - « Il est encore temps d’agir pour sauver les populations du Darfour », Le Figaro, vendredi 22 décembre 2006.

  • L'Europe fait face à une vaste campagne de prosélytisme de l'islamisme radical

    Repenser la lutte antiterroriste

    PAR

    Mahor CHICHE

    et Michaël CHETRIT *

    [Le Figaro, 25 juillet 2005]  

    En réaction aux attentats de Londres, Tony Blair a rappelé que la répression ne pouvait pas être la seule réponse au terrorisme. Cette volonté ne transparaît pas du plan de lutte contre le terrorisme élaboré par le Conseil des ministres de l'Union européenne le 13 juillet. «Il n'y a pas d'initiative vraiment nouvelle sur la table», indique-t-on à Bruxelles. Dès lors, de quels autres moyens de lutte les démocraties disposent-elles ? A quel arsenal le premier ministre britannique faisait-il donc allusion ? L'Europe fait face à une vaste campagne de prosélytisme de l'islamisme radical. En France, la participation de Français aux attentats du 11 septembre 2001, la constitution de filières afghanes ou irakiennes ou le fort rythme des conversions à l'islam politique, l'islam salafiste, mis en évidence dans un rapport de juin des renseignements généraux remis au ministre de l'Intérieur, établissent désormais sans ambiguïté le travail de sape de ces réseaux.

    Si ce phénomène demeure minoritaire, il n'en est pas moins inquiétant. Les terroristes ne sont plus des éléments extérieurs à nos Etats, ce sont des enfants de l'Europe. Ce sont de jeunes Européens instruits à l'école de la République ou du Royaume-Uni qui décident de s'engager dans la lutte armée. Le nombre de combattants étrangers en Afghanistan ou en Irak atteste de la réalité de cette «internationale djihadiste». On se souvient de Zacarias Moussaoui et des sept Français détenus dans la prison américaine de Guantanamo. Le djihadisme sème partout où existe de la frustration. Une frange de notre jeunesse européenne est en train de se laisser séduire par les sirènes du martyr au service d'une nouvelle ère de lutte contre l'Occident. Ces jeunes sont ainsi conditionnés par des recruteurs qui leur font miroiter un destin héroïque. Mais quel facteur nouveau explique la réceptivité de cette jeunesse élevée à l'humanisme européen ?

    La grande nouveauté au sein des populations immigrées depuis dix ans est l'essor des chaînes de télévision par satellite extra-européennes captées au moyen d'antennes paraboliques, implantées sur les toits et les balcons, et dont al-Jezira ou al-Manar sont les plus connues. Plus de 10 millions de personnes y ont accès en France, plus de 100 millions en Europe. Certaines populations immigrées ont ainsi trouvé un moyen de rester en contact avec leurs communautés d'origine, et en particulier de conserver des attaches linguistiques et culturelles. Néanmoins, au-delà de cet aspect positif, il s'avère qu'en pratique, certains programmes véhiculent des idées contraires aux idées démocratiques ou de tolérance, d'autant que certains, par rejet de la télévision «occidentale», voient leurs sources d'information réduites à ces seuls outils de propagande.

    Lorsqu'on sait que les Européens regardent la télévision «en moyenne» trois heures par jour, cela permet de saisir l'énorme pouvoir de propagande que peuvent avoir ces chaînes de télévision, mais également les sites Internet. En effet, la problématique posée par l'Internet n'est pas fondamentalement différente. S'affranchissant des frontières, l'Internet est devenu un vecteur de diffusion privilégié de matériels antidémocratiques, xénophobes, racistes et terroristes. Dès lors, si les échanges culturels et la liberté d'expression doivent certes être favorisés, il convient de limiter au maximum les abus qui pourraient en être faits. Il est plus qu'urgent d'agir. Le paysage audiovisuel européen, devenu irresponsable car laissé à l'abandon, est devenu un terreau majeur du terrorisme et de la défiance à l'encontre de l'Occident. Ce laisser-faire entretient un climat qui nuit aux processus d'intégration et fait le lit des réseaux salafistes.

    On sait quels effets délétères peut avoir une seule émission de télévision. Il appartient aux autorités de régulation de l'audiovisuel de contrôler le respect des droits fondamentaux des citoyens dans les contenus diffusés à la télévision. Mais ces autorités n'ont aujourd'hui qu'un champ d'intervention et des moyens limités au territoire national, ce qui s'avère être insuffisant pour réguler les télévisions en langues étrangères. En l'état actuel de la réglementation européenne, une directive européenne de 1997 «Télévisions sans frontières» prévoit un mécanisme long et complexe lorsqu'un Etat entend faire cesser la diffusion sur son territoire d'une chaîne ressortissant d'un autre Etat membre. Ce processus est une usine à gaz qui n'a d'ailleurs jamais été mobilisé par un Etat membre, pas même pour la télévision al-Manar, récemment interdite par la France, qui diffusait impunément ses programmes dans toute l'Europe depuis 2000.

    La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) attire depuis plusieurs années l'attention des autorités sur ces nouvelles formes de propagation du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie sur Internet. Afin de faire cesser la diffusion de chaînes étrangères appelant à la haine raciale et diffusant des images violentes, il convient d'instituer une Autorité européenne indépendante de régulation de l'audiovisuel (ARA). Cette autorité connaîtrait des contenus de programmes diffusés sur toute l'Europe, quel que soit le média utilisé, qu'il s'agisse de la télévision ou de l'Internet. La compétence d'attribution de l'ARA, en coopération avec les autorités nationales, serait bien évidemment limitée aux cas d'appel à la haine et à la violence, ou d'atteinte à la dignité humaine. Les autorités de régulation nationales de l'audiovisuel continueraient ainsi à être compétentes pour l'organisation et le contrôle de leur paysage audiovisuel national .

    L'ARA aurait également l'avantage de mettre en commun les moyens d'une veille télévisuelle, y compris dans des langues extra-communautaires, qui font aujourd'hui défaut à l'Europe. Cela permettrait de mettre au point des parades efficaces sur l'ensemble du territoire européen. Pour autant, une telle volonté de régulation pourrait ne pas être limitée à l'Europe. Les Etats-Unis avaient suivi l'exemple de la France en interdisant dans la foulée la chaîne al-Manar de la flotte américaine de satellites Intelsat. Aujourd'hui, la mise en place d'une autorité européenne de régulation de l'audiovisuel est une priorité pour défendre nos démocraties. Peut-être cette instance était-elle l'un des moyens alternatifs à l'action policière envisagé par Tony Blair. Elle constitue en tout cas un outil primordial pour ne pas abandonner des pans entiers de nos communautés nationales à la propagande et à l'exclusion.
     
    * Respectivement conseiller du XIXe arrondissement de Paris et membre du Bnai Brith, ONG représentée à l'ONU et au Conseil de l'Europe.         


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