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Mahor CHICHE - Page 28

  • 52ème anniversaire du 12 mai 1962

    52ème anniversaire du 12 mai 1962 

    Discours de Mahor Chiche 

    Lundi 12 mai 2014 

     

    Madame la Maire, chère Catherine,

    Monsieur le Président de l’Association culturelle des Harkis d’Ile-de-France,

    Monsieur le représentant du CRIF FrancisKalifat,

    Monsieur le représentant de la Ligue des droits de l’Homme,

    Mesdames et Messieurs les représentants du monde combattant,

    Mesdames et Messieurs,

     

    Nous sommes réunis aujourd’hui ici, dans le Parc de la Butte du Chapeau Rouge, dans le 19e arrondissement de Paris, devant ce mémorial dédié aux victimes de la fin de la Guerre d’Algérie, pour nous souvenir de ce qu’a été le drame des Harkis après la signature du cessez-le-feu en Algérie en mars 1962.

    Le drame des Harkis constitue aujourd’hui une des mémoires issues de la fin de la Guerre d’Algérie.

    Comme la mémoire des appelés en Algérie ou de celles des français d’Algérie, la mémoire des Harkis, que portent aujourd’hui principalement leurs enfants, doit pouvoir trouver sa juste place dans l’histoire de France.

    Ainsi, en octobre 1999, après un débat de haute tenue, où le consensus et le devoir de mémoire ont prévalu, le Parlement unanime a voté la loi proposée par le Gouvernement de Lionel JOSPIN, reconnaissant pour la première fois la guerre d’Algérie. Aussi, je me félicite que le gouvernement de Jean-Marc AYRAULT ait répondu à la revendication légitime des associations d’anciens combattants en instituant dorénavant une « Journée Nationale du souvenir et de recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc". 

    C'est une première étape.

    Il faudra en franchir d'autres pour que soit reconnu l'abandon par la France des Harkis qui l’avaient pourtant défendue et choisie et dont plusieurs dizaines de milliers ont payé ce choix de leur vie.  

    Algérie, Harkis, France, Mémoire, Jospin, Paris19, Butte du chapeau rouge

    Depuis mars 2001, à l’initiative du Maire de Paris Bertrand DELANOE, la ville de Paris s’est engagée à prendre en considération toutes les mémoires issues de la fin de la Guerre d’Algérie.

    C’est ainsi qu’au cours des deux dernières mandatures, des initiatives ont été prises en faveur de la mémoire des Harkis, comme à l’égard des anciens appelés d’Algérie près de la Gare de Lyon, ou à l’égard des victimes de la terrible répression de Charonne du 17 octobre 1961.

    A l’égard de la mémoire des Harkis, le Maire de Paris a souhaité en 2006 qu’un geste fort soit fait à l’égard de la mémoire des Harkis dans la capitale. Ainsi depuis le 24 septembre 2006, sur décision conjointe du maire de Paris et du maire du XIXème arrondissement, le mémorial devant lequel nous sommes aujourd’hui présents, comporte désormais deux plaques commémoratives.

    Par ces plaques, la ville de Paris entend rendre solennellement un hommage aux victimes de la Guerre d’Algérie, notamment aux Harkis morts pour la France.

    Et c’est tout naturellement ce lieu, où nous sommes rassemblés aujourd’hui, que les Harkis d’Ile-de-France ont retenu en 2010 pour organiser la première commémoration du 12 mai 1962.

    D’année en année, cette commémoration est devenue progressivement un important rendez-vous de mémoire dans la capitale. On ne peut que s’en féliciter.

    Au cours de la présente mandature, l’actuelle Maire de Paris Anne HIDALGO et le Maire de Paris XIXe François DAGNAUD poursuivront l’action municipale de la ville de Paris en faveur de la connaissance et la préservation de cette mémoire du drame des Harkis.

    Je vous remercie.

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  • Réponse à Henri Guaino, Le Front National est toujours raciste et d'extrême droite

    Henri Guaino, député UMP des Yvelines, plume de Nicolas Sarkozy, et gaulliste a publié dans «Le Monde» du mardi 17 décembre 2013 une tribune intitulée «le FN, populiste et poujadiste». Il y défend l’idée que ce parti serait au regard des lois de la République « un parti comme les autres » puisqu’on ne l’interdit pas. Selon lui, le Front National ne serait pas, ne serait plus, raciste mais son idéologie demeurerait inhumaine.

    Le FN apparaît comme candidat au pouvoir

    Henri Guaino pose une analyse classique sur les causes de la poussée frontiste, le FN surf sur les peurs de la société française : mondialisation, Europe, laïcité, immigration, sécurité… L’électeur français cherche à être protégé par l’Etat Nation. Dans ce contexte les promesses du parti relooké de Marine Le Pen attirent. D’autant que Marine Le Pen apparaît plus respectable que son trublion de père et que tactiquement le FN se place désormais comme un parti partisan d’un retour d’un Etat protecteur (dans son programme le FN a renoncé à ses positions ultralibérales, il prône désormais la retraite à 60 ans).

    A ces peurs s’ajoutent deux idées celle que le peuple a déjà essayé toutes les solutions politiques classiques (la dénonciation systématique de « l’UMPS » reçoit un bon écho dans l’opinion publique) et que la moralité des responsables politiques est entachée.

    Selon lui, le FN d’aujourd’hui est dangereux car il aspire réellement au pouvoir.

    Les liens du FN et l’idéologie d’extrême droite sont patents

    Henri Guaino défend une thèse contestable celle que « le FN n’est pas d’extrême droite tout simplement parce qu’il ne présente pas les caractéristiques attribuées aux mouvements d’extrême droite dans l’histoire ». Manifestement, Henri Guaino oublie la particularité de l’histoire de l’extrême droite française et ses caractéristiques intrinsèquement distinctes de celle de l’Allemagne par exemple. En effet, l’extrême droite française n’a pas la même base racialisée que la plupart des autres extrêmes droites d’Europe ; mais cette spécificité s’explique par le fait que l’idée même de Nation et d’Etat diffèrent selon les Etats européens. Elle n’ôte rien à son positionnement antisémite, xénophobe, raciste, anti-immigré, et inégalitaire.

    L’histoire de la fondation du Front National (fondateurs et organisations regroupées issus de la collaboration et de l'extrême droite à la française) et ses alliances européennes (par exemple au Jobbik, parti hongrois antisémite, anti-roms et anti-Immigrés) démontrent l’enracinement à l’extrême droite du Front National. Comme l’a déclaré l’ancien Ministre UMP François Baroin « Les candidats du Front national aux prochaines municipales, ils peuvent s'appeler Rassemblement Bleu marine, Bleu de cobalt, Bleu azur ou Bleu délavé ou tout ce que vous voulez, ça reste le Front national ».

    Un collectif d’historiens et de politologues (Nicolas Lebourg, Joël Gombin, Stéphane François, Alexandre Dézé, Jean-Yves Camus et Gaël Brustier, "FN, un national-populisme", Le Monde, 7 octobre 2013) a inscrit le FN dans l’histoire du national populisme. « Le national-populisme est installé dans notre vie politique depuis 130 ans. Il participe du système politique français de façon structurante. Le FN a évolué, étant aujourd’hui empreint de néopopulisme ».

    Le FN continu à se chercher des ennemis - des prétendus « antipatriotes » - et à stigmatiser l’étranger. Au regard de son idéologie le FN reste un parti foncièrement raciste en ce qu’il défend toujours la priorité nationale (contre les étrangers) et le droit du sang pour l’acquisition de la nationalité et se fonde en réalité encore sur le principe d’inégalité. Le fondateur du parti Jean Marie Le Pen a d’ailleurs clairement affirmé son intime conviction : « Je crois à l'inégalité des races, oui, bien sûr, c'est évident. Toute l'histoire le démontre, elles n'ont pas la même capacité, ni le même niveau d'évolution historique » (août 1996).

    Les derniers dérapages de ses candidats vis-à-vis de la Garde des sceaux Christiane Taubira illustrent de surcroit racisme épidermique anti-noir, anti-métissage, anti-France 2013. De même, les attaques incessantes des dirigeants du FN quant à la composition de l’Equipe de France montrent leur difficulté avec le métissage à l’œuvre au sein de la société française.

    Ainsi, il n’y a pas de sens à détacher le FN de l’histoire de l’extrême droite française. Le FN est le parti d’un Chef, dynastique, mais surtout d’un clan celui des Le Pen.

    La non-interdiction du FN ne démontre pas sa respectabilité

    Pour Henri Guaino, «Si le FN est fasciste, nazi, raciste, il est inconséquent de ne pas demander son interdiction. Mais qui la demande ? Au regard des lois de la République, c'est donc un parti comme les autres. Au regard de l'idéologie, pas vraiment ». Cette formule indique clairement la difficulté de l’analyse de Monsieur Guaino.

    En définissant le FN comme parti républicain ou au moins comme un parti ayant accepté le principe de la compétition électorale Henri Guaino ouvre la possibilité d’alliances UMP – FN, en rappelant son idéologie il invite Marine Le Pen à finir sa mutation.

    En tout état de cause, Henri Guaino néglige le fait que le FN et ses dirigeants sont souvent judiciairement condamnés pour leurs propos haineux. Le FN reste enfermé dans sa doctrine de haine. Marine Le Pen a toujours refusé de condamner les propos de son père sur la Shoah ou ses propos terrifiant sur la tuerie d'Oslo et d'Utoya. Jean Marie Le Pen avait fustigé la "naïveté" du gouvernement norvégien face au "danger" du "terrorisme" et de "l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier".

    Il convient de même de rappeler que Marine Le Pen a lors de son premier meeting de la présidentielle à Metz le 11 décembre 2011, a fait siffler les noms de Georges-Marc Benamou et de Bernard-Henri Lévy, accusés de ne pas être patriotes.

    Surtout, et c’est sans doute sa première faute politique personnelle marquant l’échec de sa tentative dédiabolisation. Marine Le Pen s’est rendue à l'invitation du dirigeant du parti d'extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, à Vienne, à un bal organisé - le jour de la commémoration du 67e anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz- par des corporations d’extrêmes droites interdisant l’entrée aux juifs et aux femmes. Pris dans son corpus idéologique, Marine Le Pen n’a jamais réussi à expliquer pourquoi il était à ses yeux important de se rendre dans une telle soirée. Il faut dire racisme et antisémitisme sont rarement rationnels.

    Nous n’avons pas su interdire le FN à ses débuts. Sans doute nous manquait-il la conscience de son potentiel danger (beaucoup croyaient que la bête immonde était définitivement enterrée), privilégions nous la préférence de combattre front contre front, indiscutablement l’arsenal juridique manquait.

    Contrairement à l’Allemagne qui de par son histoire s’est donné une Cour constitutionnelle capable de protéger le caractère républicain des partis œuvrant à la vie démocratique du pays. L'article 21 alinéa 2 de la Loi Fondamentale allemande prévoit qu'un parti « affichant des idées, programmes ou des actes antirépublicains pourra être interdit, ses moyens financiers confisqués et ses dirigeants interdits d'entrée dans un parti politique ».

    Comme l’a montré la croissance et le succès électoral du parti grec ouvertement néo-nazi l’Aube doré (21 députés) ce débat n’est pas clos, puisqu’au final lorsque l’extrême droite franchi le stade de la violence ou du complot contre les institutions, le sursaut peut provenir de l’arrestation de ses membres voir un jour de la dissolution.

    La violence n’est jamais loin du FN. Dans une interview datée du 16 décembre 2013 donnée à Libération, Henri Guaino précise sa thèse en déclarant : « Il n’y a pas par exemple au FN la violence qu’on trouve dans le fascisme dès ses débuts ». Henri Guaino fait en l’espèce preuve de mauvaise foi. Historiquement violences, FN et nébuleuse d’extrême droite ont toujours eu des liens.

    Le service d’ordre - département protection sécurité (DPS) - du Front National et son caractère quasi militaire (composé d’anciens militaires, policiers avec casques et uniformes) témoigne de l’existence d’une tentation depuis l’origine du parti de ne pas trancher entre conquête du pouvoir par les urnes ou par la rue.

    Le 30 mai 1997, Jean Marie Le Pen a lui-même agressé physiquement la Maire socialiste de Mantes-la-Ville Annette Peulvast-Bergeal. Ibrahim Ali a été tué par des colleurs d’affiches membres du FN le 21 avril 1995, Brahim Bouaram a été jeté en marge du défilé FN à la seine le 1er mai 1995 l’histoire du mouvement F-Haine a toujours été lié à la myriade de la mouvance skinhead néonazie.

    Les membres des jeunesses identitaires, le mouvement de Serge Ayoub « Troisième Voie » (dissous en 2012), reste dans la grande famille de l’extrême droite et bizarrement jamais le FN ne condamne leurs existences ou dérives.

    Monsieur Guaino le Front National n’a pas changé, il peut donner des signes d’évolution tactiques pour glaner plus de voix ici où là et conquérir des postes, mais son logiciel raciste reste au cœur de son ADN.

  • Libérez Michel Atangana !

    Le matin du 12 mai 1997, Michel Atangana, citoyen français d'origine camerounaise, était arrêté de façon arbitraire à son domicile de Yaoundé par le régime de Paul Biya. Son crime ? Aucun. Sa malchance ? Avoir été considéré comme l'arme utile à l'élimination de l'ancien numéro 2 du régime qui avait eu l'outrecuidance, quelques jours plus tôt, d'annoncer sa candidature à l'élection présidentielle de l'automne 1997.

    Voici l'origine du calvaire enduré par Michel Atangana qui, depuis son arrestation, n'a plus connu un seul jour de liberté. Condamné à quinze ans de prison pour détournements de fonds publics à l'issue d'un procès ubuesque, tenu la nuit et sans avocat, il est de nouveau condamné à vingt-cinq ans de prison pour les mêmes faits en octobre 2012.

    Victime d'une véritable machine à broyer, Michel Atangana a eu à subir des procédures qui, en chacune de leurs étapes, ont constitué un monument de violation des droits de l'homme et plus particulièrement des droits de la défense.

    UNE MAGISTRATE MENACÉE DE MORT

    Que l'on en juge ! Michel Atangana, après une première condamnation prononcée à la va-vite, se trouve depuis 2012 condamné à deux reprises pour les mêmes faits, en vertu d'un procès que le tribunal n'avait pas compétence à mener sous les qualifications retenues.

    A l'ouverture du procès, on constata que les scellés avaient été volés, on découvra par la suite que l'accusation fit comparaître un prétendu expert  tandis que le procureur produisait des faux sans manquer d'exercer des pressions sur les témoins. A l'issue de cette procédure, une magistrate menacée de mort afin qu'elle rende la décision que le ministère de la justice lui intimait de prendre.

    Devant l'émotion légitime soulevée en France par ce scandale judiciaire, Paul Biya, le président camerounais, s'était engagé auprès de François Hollande à laisser la justice suivre librement son cours. Cette promesse fut prononcée le 30 janvier à l'Elysée et publiquement confirmée par son énonciateur devant la presse.

    Or, près de onze mois plus tard, que constate-t-on ? Michel Atangana, victime d'une nouvelle violation des délais procéduraux, a vu le pourvoi en cassation qu'il a formé il y a plus d'un an être finalement étudié ces deniers jours. Au regard des audiences qui se sont tenues à la Cour suprême à Yaoundé, c'est un nouvel acte d'arbitraire vers lequel on s'oriente, en raison des pressions exercées par le pouvoir politique camerounais sur sa propre justice.

    A l'occasion d'une audience tenue dans la nuit des 27 et 28 novembre entre 19 h 50 et 4 heures du matin, le rapporteur – juge censé éclairer l'avis de ses collègues lors de la décision finale – a demandé que soit confirmée la condamnation de Michel Atangana.

    FIERTÉ NATIONALE MAL PLACÉE

    Il se trouve que le rapport prononcé à cette occasion a selon toute vraisemblance été rédigé sur les instructions de Laurent Esso, ministre de la justice. Il se trouve donc que le pouvoir camerounais, bien loin des promesses faites par Paul Biya, pèse de tout son poids dans cette affaire afin que Michel Atangana soit maintenu en prison.

    Jalousie ? Peur de certains dignitaires de servir de fusibles suite au fiasco politique et diplomatique que représenterait la libération de Michel Atangana ? Fierté nationale mal placée et que réactiverait la position des autorités françaises dans ce dossier ? Quelles que soient les causes de cette attitude jusqu'au-boutiste des autorités camerounaises, elles ne sont pas acceptables.

    Elles ne le sont pas pour Michel Atangana, victime de l'arbitraire et privé de ses enfants depuis près de dix-sept ans. Elles ne le sont pas non plus pour les citoyens camerounais qui savent bien, même s'ils doivent trop souvent l'exprimer à voix base, que l'édification de l'Etat de droit constitue une condition sine qua non de la démocratie tout autant que du développement économique et social.

    Nous demandons donc à ce que François Hollande demande avec la plus grande fermeté auprès de son homologue camerounais que les poursuites contre Michel Atangana soient immédiatement abandonnées. Il nous semble que là est la seule voie pour que Michel Atangana soit lavé d'un jugement qui a sali son honneur. Il nous semble également que là est la seule voie pour qu'il soit libéré dans un pays dont le régime se trouve être incapable de laisser sa justice en paix et donc libre de dire le droit.

    La demande que nous formons de voir Michel Atangana enfin libéré ne nous intéresse pas simplement pour l'individu concerné. Attachés à l'Afrique et au triomphe de la justice, nous savons également que les droits de l'homme ne relèvent pas simplement des débats philosophiques. Ils relèvent toujours de cas concrets dont la résolution positive constitue l'espoir de nouvelles conquêtes.

    • Collectif Collectif (Collectif)

    Dominique Sopo, ancien président de SOS Racisme, président du comité de soutien à Michel Atangana en France ; Corinne Lepage, députée au Parlement européen, ancienne ministre ; Kofi Yamgnane, ancien ministre ; Pascal Blanchard, historien ; Greg Germain, comédien, président du festival Off d'Avignon ; Elie Chouraqui, cinéaste ; Josiane Balasko, comédienne ; Patrick Pelloux, médecin urgentiste ; Patrick Klugman, avocat au barreau de Paris, conseiller de Paris ; Mahor Chiche, avocat au barreau de Paris ; Dan Franck, écrivain; François Durpaire, historien ; Rost, rappeur ;Yves Simon,  chanteur et écrivain ; Jean-Michel Ribes, directeur du théâtre du Rond-Point ; Joël Didier Engo, président de l'association Nous pas bouger;  Jacques Martial, comédien, président du Parc de la Villette ; Malek Boutih, député de l'Essonne ; Claudine Lepage, sénatrice des Français établis hors de France ;  Firmine Richard, comédienne ; Lapiro de Mbanga, artiste; Pierre Bergé, homme d'affaires, président du Conseil de surveillance du "Monde" ; Fadela Amara, femme politique française

    Le Monde, 16 décembre 2013.

  • France ressaisis-toi !


    « C’est pour qui la banane ? C’est pour la guenon ». C’est par ces mots qu’une fillette de 12 ans a brandi il y a quelques jours à Angers une peau de banane à l’endroit de Christiane Taubira. Après la comparaison simiesque dont notre Ministre de la Justice fut la cible quelques jours plus tôt par une candidate du Front national, ce sont des mots qui ne peuvent être tenus pour des « dérapages » comme la presse les qualifie avec une pudeur de violette. Ils sont tout au contraire le signe qu’une gangrène purulente est en train, sous nos yeux, d’infecter le pacte républicain.


    Le mal semble tellement avancé que ce sont donc des parents qui, le temps d’une manifestation, montrent avec fierté à quel point leur fille a été élevée dans la haine. Le mal semble tellement avancé que c’est avec stupéfaction que nous constatâmes la quasi-absence de réactions face à des propos aussi violents qu’intolérables. Le mal semble tellement avancé que toutes les excuses sont trouvées aux expressions de racisme tandis que la lutte contre ce fléau est disséquée, vilipendée, critiquée, moquée. En dépit – ou en raison – de ce contexte, nous tenons à réaffirmer les valeurs de notre République, les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.


    Nous tenons également à réaffirmer notre attachement à ce que notre pays, ses habitants et son histoire ne soient pas insultés ainsi quotidiennement par des dealers de haine. Car ces propos sont autant d’insultes aux anciens combattants de toutes origines qui se sont battus pour que nous puissions vivre ensemble face à l’obscurantisme. Autant d’insultes aux grands Hommes qui ont contribué à la richesse et au rayonnement de la France. Il n’est qu’à penser, pour n’en citer que quelques-uns, à Alexandre Dumas, Raymond Kopa, Marie Curie, Yves Montand, Aimé Césaire, Samuel Beckett, Joséphine Beker, Léon Blum, Félix Eboué, Gaston Monnerville et plus récemment à Georges Charpak, Haroun Tazieff, Yannick Noah, Charles Aznavour, Omar Sy, Jacques Martial ou Zinedine Zidane. Noirs, Arabes, Juifs, étrangers ou fils d’immigrés : ils sont tous une partie constituante de la Nation. Une Nation dans laquelle il devrait pouvoir être affirmé comme la dernière des banalités que « nous sommes tous la France ».


    Cet appel est un appel républicain, car loin des querelles partisanes, chaque personne, soucieuse de la beauté et de l’avenir de notre pays, doit dire que le racisme, la xénophobie, le harcèlement et plus généralement la haine de l’Autre sont des fléaux qui mettent à mal notre socle commun. C'est donc le devoir de chaque citoyen de participer à un sur saut afin d’arrêter de trouver chez l'Autre la justification de nos fantasmes mauvais et de nos maux du moment. Signataires de cet appel, c’est par amour de notre pays que nous affirmons les positions suivantes : Nous refusons cette société qui se replie sur elle même !


    Nous refusons la normalisation de la parole raciste ! Nous refusons l'instrumentalisation de nos valeurs à des fins politiques ! Nous demandons que toutes formes de racisme soient fortement condamnées ! Nous demandons que la haine ne mutile plus le corps de la liberté, l'âme de l'égalité et le cœur de la fraternité. Au nom de nos valeurs, c’est au contraire dans l’union des citoyens que nous devons construire notre pays, préparer son avenir et retrouver la fierté d’une Nation qui ne saurait se nicher dans les ratiocinations, pas davantage que dans la glorification des mauvaises passions.


    Liberation, 1er novembre 2013


    Premiers signataires :
    Jeanne Moreau, Nolwenn Leroy, Hugh Aufray, François Durpaire, Kamel Ouali, Jacob Desvarieux, Jane Birkin, Tavernier Nils, Serge Moati, Akhenaton, Anne sophie Cayet, Michel Boujenah, Dominique Sopo, Pierre Henry, Josiane Balasko, Frangione Aisha, Paul Amar, Sonia Roland, Mokobé, Abd Al Malik, Youssoupha, Mélanie Page, Pierre Henry, Hadadi kaddour (HK), Bernie Bonvoisin, Yvan Le Bolloch, Élie Chouraqui, Firmine Richard, Stéphanie Loire, Stephanie Murat, Roland Courbis, Annabelle Milot, Cécile de Ménibus, Djamel Bensalah, Isabelle Sulpicy, Caroline Diamant, Elsa Fayer, Gilles Camouilly, Doudou Masta, Bernard Montiel, Malik Zidi, Ophelie Winter, Julie Bargeton, Eldiablo, Eglantine Emeyè, Jean Benguigui, Maouene Khaled, Gérald Dahan, Darwin Phil, José da Silva, Lionel Abelanski, Thierry Gustave, Anne Gaëlle Ricio, Magloire Delcros Varaud, Céline Balitran, Arno Santa Maria, Ramin Ayden, Laam, Serge Kalfon, Claude Leroy, Marianne James, Cartouch, Éric Antoine, Jordan Lazaro G, Katia Doris, Maia k, Pierre Marto, Yves El Baze, Dominique Coubs, Mahor Chiche, Olivier Lamontagne, Slimane Tirera, Abdoulaye Bathily, Bruno Salomone, Jerome Degey, Grace Young, Lucien Jean Baptiste, Bruce Ykanji, Mathilda May, Audrey Chauveau, Arnaud Gidoin, Lou Doillon, Charlotte Gainsbourg


    Pour signer http://franceressaisistoi.wesign.it/fr