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sarkozy - Page 2

  • Législatives : De l’utilité du Front républicain

    La vague Bleue marine n’aura pas eu lieu, mais quelques circonscriptions de France peuvent permettre au Front National dirigé par Marine Lepen de faire « roi » certains candidats voir d’obtenir quelques Députés.

    En effet, malgré les tentatives du Modem et du Front de gauche et malgré notre mode de scrutin le Front National est aujourd’hui incontestablement devenue la troisième force politique de notre pays.

    Ce constat oblige tous les républicains à rénover la réflexion et les modes d’actions.

    1- La mutation du discours du FN

    Incontestablement, Marien Lepen tente depuis son arrivée à la tête du FN de rompre avec les calembours et les dérapages verbaux de son père qui permettaient de classer automatiquement sa formation dans les ornières de l’histoire du fascisme.

    Malgré sa participation au Bal de Vienne - un rassemblement interdit aux femmes et aux Juifs - à l’invitation du parti d'extrême droite FPÖ d’Heinz-Christian Strache et quelques candidatures nauséabondes ; elle a réussi aux yeux des médias et des électeurs à gommer le racisme congénital de sa formation politique. L’image policée du « Front National version MLP » marque des points.

    A l’évidence Marine Lepen a changé de discours, elle cible moins les immigrés et les questions de sécurité pour parler plus du danger islamique et de la « passoire » Europe. Elle surfe sur les craintes des français : remise en cause de la laïcité, perte d’autorité, perte de puissance économique… A HENIN-BEAUMONT, la chef du parti frontiste obtient 42,36 % et se retrouver au second tour face au socialiste Philippe Kemel. Jean Luc Mélenchon a fait progresser le score du Front de gauche (21,48%), mais n’a pas réussi à dépasser le candidat socialiste.

    Dans ce contexte, où Marien Lepen n’assume pas les propos de Jean Marie Lepen et où elle vise à faire une OPA idéologique sur les élus et les cadres de l’UMP, voir à former des alliances de circonstances le Front National devient un parti hautement plus dangereux. Une trentaine de triangulaires auront lieu dimanche prochain.

    En Europe, la tendance lourde est à l’apparition ou résurgence de forces politiques structurées autour de trois idées simples : la renégociation des traités européens et le retour à la souveraineté, la sortie de l’Euro (pour ceux qui l’ont adopté), ainsi que le refus de l’islamisation de l’Europe et la défense des valeurs chrétiennes.

    La victoire du NON au traité de Constitution européenne illustre la première victoire des souverainistes français et en particulier du Front National. Indubitablement, le NON de 2005 a participé à la dédiabolisation du FN puisque l’image du danger du plombier polonais a été partagée et que le résultat a démontré que les élites pro-européennes n’étaient pas ne phase avec le peuple Français. Fort de ce succès, le FN a fais de son hostilité à l’Europe fédérale le cœur de son programme.

    Marine Lepen fait ainsi le pari d’une recomposition de la droite nationale sur ses idées ; et au nom du redressement de la France la tentation de l’alliance sera puissante.

    Comme l’ont montré les prises de positions violentes contre le droit de vote des étrangers aux élections locales ou l’accueil des réfugiés tunisiens, les ponts sont d’ores et déjà faits avec, une partie de l’UMP, les élus du groupe de la droite populaire. La députée UMP du Tarn-et-Garonne, Brigitte Barèges, membre de la droite populaire, a ainsi d’ores et déjà repris à son compte la notion de préférence nationale.

    En plus de la « lepénisation des esprits », la course aux voix du FN de l’entre deux tours a fait des ravages idéologiques au sein de la droite républicaine. Droite populaire ou droite sociale, les candidats UMP ne savent plus quelle stratégie suivre face à la progression de Marine Lepen. Nadine Morano drague les électeurs frontistes, tandis qu’ Alain Juppé rappelle qu'aucun accord électoral ne peut exister entre l'UMP et le FN. Dans ce fiasco, la campagne de Nicolas Sarkozy a une responsabilité qu’il faudra que les leaders de l’UMP osent examiner avec sincérité.

    La lutte antiraciste des associations reste essentielle, et il faudra veiller à chaque outrance, à chaque dérapage à le mettre en exergue y compris devant les Tribunaux pour que le Pacte républicain soit respecté. Racisme, antisémitisme, xénophobie, incitation à la discrimination, délits de presse chaque infraction devra être relevée. Mais ce combat associatif ne saurait être suffisant.

    Les partis républicains à commencer par les deux principaux (PS et UMP) doivent se saisir de cet enjeu. Le Parti Socialiste aurait tort de vouloir déléguer la lutte contre l’extrême droite au seul Parti de Gauche. Marine Lepen et le FN seront vaincus lorsque les majorités politiques élues mèneront les réformes promises aux Français.

    La réflexion sur ce nouveau positionnement du FN et sur les remèdes prendra du temps, mais d’ici dimanche prochain le sursaut républicain doit gagner les deux camps.

    2- La nécessité de restaurer un cordon sanitaire autour du FN

    Pendant longtemps la France a électoralement contenu le succès du FN grâce au système de scrutin et au cordon sanitaire républicain et la vigilance de nombreuses organisations antiracistes.

    Si Nicolas Sarkozy n’a jamais été Pétain, Laval ou Franco, il a légitimé une partie du programme du FN en chassant sur ses terres. En effet, l’affaiblissement des digues entre droite et extrêmes droites a pu se remarquer dans le refus de l’ancien Premier Ministre François Fillon d’appeler lors des dernières cantonales à faire barrage au Front National. Seuls Nathalie Kosciusko-Morizet, Gérard Larcher et quelques élus républicains de droite avaient alors osé contester la stratégie de Nicolas Sarkozy de refuser le front républicain.

    De ce précédant, c’est banalisé la rupture avec la pratique acceptée par le RPR de Jacques Chirac de désistement républicain réciproque en cas de triangulaire et de menace FN. Si des exceptions ont pu exister, le principe était intouchable. D’ailleurs, en 2002, les électeurs de gauche n’avaient pas hésité à voter Jacques Chirac pour faire barrage au Front National.

    L’efficacité du front républicain et l’absence de réciprocité a récemment conduit à des hésitations sur son application, voir à son rejet. Jusqu’à ses dernières déclarations, Martine Aubry ne s’y déclarait pas favorable.

    Avec la menace du FN dans une trentaine de triangulaires, et en particulier dans le Vaucluse, le Doubs, et le Gars et les Bouches du Rhône la question du désistement républicain se repose avec acuité. Si localement des alliances et refus de désistements peuvent exister, la règle nationale doit être sans ambigüité.

    Martine Aubry a ainsi déclaré ce dimanche 10 juin qu’elle appelait « au désistement républicain de manière claire, concernant l'UMP, partout où c'est nécessaire pour faire barrage au FN ». Répercussion immédiate ce matin, la candidate socialiste de la 3ème circonscription du Vaucluse Catherine Arkilovitch arrivée en troisième position derrière la FN Marion Maréchal-Le Pen (34,63%) et l’UMP Jean-Michel Ferrand (30,03%) s’est vu demandée par solférino avec force de se retirer.

    L’UMP refuse désormais la logique du front républicain au motif que le PS aurait pour allié le Front de gauche (qui ne vaudrait pas mieux…) ; l’UMP pourrait ainsi reconduire sa stratégie des dernières cantonales à savoir maintenir ses candidats en proposant comme stratégie le Ni-Ni (Ni FN, ni PS). D’autant que dans certaines circonscriptions, le retrait du candidat UMP pourrait paradoxalement renforcer les chances du candidat FN alors qu’en se maintenant le candidat socialiste pourrait l’emporter ; ainsi en est-il dans la 2e circonscription du Gard où Gilbert Collard arrive en tête avec 34,57%, tandis que la candidate socialiste Katy Guyot obtient 32,87% des voix et le Député sortant UMP Etienne Mourrut 23,89%.

    Le refus de tout front républicain constitue une attitude contraire à tout le travail antiraciste mené depuis des années car elle conduit de facto à renforcer l’idée que le Front National serait un parti comme un autre.

    A défaut de front républicain, aucune stratégie alternative n’est proposée. Sans doute que pour certains leaders politiques le 21 avril 2002 et la dangerosité du FN ou de ses futurs Députés sur le vivre ensemble semble avoir disparu. Sans doute font-ils le pari que « le pouvoir corrompt » et que les futurs élus frontistes se normaliseront et se diviseront comme en 1986.

    Ces triangulaires ou quadrangulaires risquent bien cependant de renforcer durablement la place du Front National dans le jeu politique français, le fait que le débat sur l’introduction d’une dose de proportionnelle ne se fasse plus avec le danger FN en arrière plan illustre cette évolution théorique.

    Eric Zemmour explique très bien qu’une fois débarrassé de son « corpus raciste », le FN pourrait apparaître fréquentable.

    Dans ce contexte, l’utilité du front républicain reste indéniable.

     

     

  • Juifs de France : n'ayez pas peur du changement et de la nouvelle France métissée

    La communauté juive de France a vécu de douloureux moments en cette année 2012 en particulier avec la mort de ses coreligionnaires lors de la tuerie de Toulouse. L’unité nationale apparue à ce moment là a réchauffé les cœurs, mais n’a pas réussi à effacer l’idée que le drame aurait pu être évité et que décidément être juif en France aujourd’hui n’est pas sans risque.

    Huit ans après la torture et l’assassinat d’Ilan Halimi les plaies de l’antisémitisme version deuxième Intifada importée ne se sont pas cicatrisées. Pire, la confiance dans les pouvoirs publics, dans leurs capacités et volonté à combattre l’antisémitisme verbal, écrit, ou physique n’est que relative. Si le diner du CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France) a fait salle pleine avec la présence des deux principaux candidats en lice, la communauté juive traditionnelle et celle qui aspire à l’assimilation a peur.

    Les Juifs de France ont peur, peur pour leur avenir, peur pour leurs enfants. Religieux, traditionalistes, ou hors-communauté, de trop nombreux Juifs de France sont victimes d’insultes verbales, de « blagues » douteuses, et d’agressions physiques. Dans son rapport 2011, le « Service de protection de la communauté juive » a recensé 389 menaces et actes antisémites contre 466 en 2010 avec une prévalence des « propos, geste menaçant et démonstration injurieuse » (29% des faits) et des « inscriptions » injurieuses (26%).

    Le développement des écoles confessionnelles juives privées sont devenues les symboles manifestes de cette peur ; leur succès est avant tout lié à un repli communautaire et à la crainte de l’insécurité et de l’antisémitisme dans les écoles publiques.

    Cette communauté éprise par nature de doutes - sommes nous Juifs ? Français ? Juifs-Français ? Français-Juifs ? Citoyens ? - doute aujourd'hui d’elle même. La communauté juive est arrivée à la croisée des chemins : défense communautaire ou universalisme.

    Contrairement à certaines idées reçues la communauté juive « organisée » n’est pas un lobby elle n’en a ni la volonté ni les moyens, mais elle cherche un mode de relation apaisé avec les pouvoirs publics pouvant garantir à ses membres la liberté de culte et la tranquillité publique.

    Indéniablement, une partie des Juifs de France voyaient en Nicolas Sarkozy son sauveur et protecteur. Il les rassurait.

    Le Président Nicolas Sarkozy a reconnu la réalité de l’antisémitisme, eu des mots justes devant la douleur des parents, trouvé les moyens de protéger par des cars de CRS ou patrouilles de police les lieux de cultes et écoles juives et est apparu à leurs yeux comme un Chef d’Etat protecteur.

    Malgré son discours sur le refus de la repentance, Nicolas Sarkozy a donné à la Shoah et la résistance française une place dans son quinquennat. Il s’était personnellement impliqué dans la libération du soldat franco-israélien Guilad Shalit. Ces positionnements lui ont permis de conserver un côté séducteur auprès des Juifs de France. La reconnaissance par la France de la Palestine à l’UNESCO ne suffit pas à provoquer le désamour. Ces dernières années, l'antisémitisme a statistiquement reculé, mais le sentiment de ne plus être des citoyens à part entière de la nation française s'est développé.

    A contrario, l’alliance PS-VERTS joue le rôle de repoussoir pour de nombreux électeurs juifs. L’antisionisme affiché de certains élus VERTS, le soutien des appels aux boycotts des produits d’Israël inquiète. François Hollande Président pourra-t’il assurer le statu-quo en continuant à protéger les lieux de cultes et écoles juives, faire baisser l’antisémitisme, surtout a-t'-il compris les peurs qui sévissent au sein de la communauté juive ? J'entends des membres de la communauté juive s 'interroger : "en cas d’attaques de l’Iran par Israël la France échappera-t-elle, à des émeutes, à des pogroms antijuifs ?"

    Les Juifs de France se demandent toujours comment la France a pu en 1941 les abandonner en les contraignant à se faire recenser ? Les Juifs séfarades chassés du Maghreb après le départ du colonisateur s’inquiètent du métissage de la France et du développement de l’Islam et de l’islamisme.

    Surtout, les juifs de France n’ont pas oublié que sous le gouvernement Jospin un nouvel antisémitisme s’est banalisé et que le Ministre de l’Intérieur de l’époque Daniel Vaillant n’avait pas su les rassurer ni les protéger.

    Ces nouvelles craintes et le lissage du discours de Marine Lepen qui préfère stigmatiser le bouc émissaire « musulman » en lieu et place du « juif » explique que certains français de confessions juives aient pu voter ou vouloir voter Front National au premier tour de cette élection présidentielle.

    En Israël, 3% des électeurs français ont voté pour le Front National.

    Preuve de la banalisation du discours FN, le grand rabbin de France Gilles Bernheim s’est senti le devoir de rappeler durant la campagne électorale que « les valeurs de la France et du judaïsme sont incompatibles avec celles du Front National ».

    Il faut dire que si les déclarations du Président du CRIF Richard Prasquier publiées dans le journal israélien « Haaretz » sur ses craintes en cas de victoire de François Hollande à l'élection présidentielle d’« hausse des manifestations antisionistes » reflète les peurs de nombreux juifs de France, on pouvait attendre d’un leader communautaire qu’il cherche à rassurer en proposant des solutions plutôt qu’à surfer sur la vague en s’alignant sur le discours de la frange la plus dure de sa communauté.

    Ces peurs fantasmées pour certaines reposent sur l’expérience de la période du gouvernement Jospin et des répercussions de la seconde Intifada sur les « territoires perdus » de la République et sur la difficulté du quotidien pour certains juifs vivant dans les quartiers populaires.

    Paradoxalement, la communauté juive a aujourd’hui une peur supérieure à celle qu’elle a pu ressentir au lendemain de la tuerie de Toulouse. Nicolas Sarkozy défait, les juifs de France craignent une libération de la parole antisémite et une insuffisante protection du nouveau Chef de l’Etat.

     Avec la gauche et l'extrême gauche, les points d’achoppement sont nombreux.

    François Hollande Président sera-t-il capable de trouver de nouveaux moyens de combattre l’antisémitisme ? Les enfants juifs pourront-ils retourner étudier dans les écoles publiques ? L’affaire Dreyfus, la Shoah, pourront-ils être enseignés partout sur le territoire de France ? L’abattage rituel casher pourra-t-’il perdurer ?

    La politique de la France vis-à-vis du conflit du Proche orient et en particulier pour une solution à deux Etats garantissant la sécurité d’Israël sera-t-’ elle maintenue ou rééquilibrée.

    L’antisionisme affiché de certains responsables de gauche (Hessel, élus VERTS…) conduira-t’- il à une évolution de la politique de la France sur le boycott de produits israéliens ? Évidement, ces craintes sont infondées, mais elles existent car la confiance n’existe plus.

    Les images de drapeaux syriens, palestiniens, algériens, et de nombreuses autres nations ont cristallisé la suspicion des juifs de France ; la France multiculturelle serait née, la binationalité érigée en modèle et ces drapeaux refléteraient la domination du champ politique de gauche par les forces « pro-arabes » et antisionistes.

    Ces mêmes critiques ont refusé de voir le peuple de gauche dans sa diversité chanter en masse la Marseillaise (plus que l'Internationale), que les drapeaux français et européens étaient nombreux. Que contrairement à 2002, il y'avait énormément de mixité, d’intergénérationnel, de français de toutes origines et cultures, et que des femmes voilées pouvaient librement danser sur les chansons de la chanteuse israélienne Yaël Naïm. Surtout, ils ont refusé de constater que ce rassemblement n’a donné lieu à aucun incident et que l'esprit républicain était bien présent. La France métissée éclatait sa joie de ne plus être invisible, contestée, stigmatisée, et humiliée.  Nicolas Sarkozy n’avait pas compris que la nouvelle France forte est la France métissée.

    Définitivement, les juifs de France de droite et de gauche doutent de la République, ils se demandent si François Hollande Président réussira à rassembler les Français autour d’une République retrouvée et à les rassurer.

    La nomination de Vincent Peillon à l'éducation nationale et de Manuel Valls au Ministère de l'Intérieur devrait rassurer les français et plus particulièrement les juifs de France sur la détermination du gouvernement de Jean Marc Ayrault de refonder l'école publique et de protéger tous les citoyens de la République de la stigmatisation et de l'insécurité.

     

     

     

     

     

     

  • L’impasse de Marine Lepen

     

    Marine Lepen est parvenue à être la troisième de cette course à la présidentielle 2012. Avec 17,9 % des suffrages, la candidate du Front national, a réalisé un score historique en dépassant celui de son père de 2002 de deux points.

    Le Front National devient ainsi la troisième force politique du pays, mais il convient d’en relativiser la portée.

    1-      L’extrême droite ne progresse pas

    Une fois la déception passée de voir le Front National toujours aussi fort dans les urnes qu’avant la campagne de 2007 où le FN avait fait son plus mauvais score ; il convient de constater avec lucidité que le score de Marine Lepen est égal à celui de Jean Marie Lepen et Bruno Mégret  de 2002 additionné.

    L’inquiétude réside dans le fait que malgré une participation importante le FN se situe à ce niveau électoral. Surtout, dans les régions françaises qui vont mal, le FN atteint des pics historiques.

    Dans les villes minières, à Florange, Gandrange ou Hayange, ainsi que dans les Alpes Maritimes (23.6%),  le vote FN est avant tout un vote sanction de Nicolas Sarkozy l’illusionniste.

    Ce vote FN de 2012 n’est pas un vote d’adhésion à l’idéologie raciste du parti, mais révèle le  souci de protection des millions de Français. Comme l’a expliqué Ramayade, « les français qui votent Marine Lepen en sont pas des racistes, ils veulent renverser la table ».

    Cette protestation de la France qui souffre a pris les couleurs de Marine Lepen elle aurait pu prendre celle du Front de gauche si jean Luc Mélenchon avait réussi à se libérer de l’image de candidat du « vieux » Parti Communiste Français.

    En France, le désespoir est si grand que les extrêmes sont à 30%.

     

    2-      La dédiabolisation du FN n’a pas fonctionné

    Marine Lepen voudrait être la « Gianfranco Fini » à la française la chef d’une formation d‘extrême droite capable de s’allier avec une partie de la droite républicaine et de gouverner.

    L’image policée du « Front National version MLP » est retombée ces derniers mois à plusieurs reprises.

    En premier lieu, de nombreux cadres et militants ont refusé cette mutation freinant ainsi l’élan voulu. L’extrême droite française ne s’est pas unie autour de Marine Lepen.

    En second lieu, Marine Lepen a refusé de condamner les propos terrifiant de son père sur la tuerie d'Oslo et d'Utoya. M. Le Pen avait fustigé la "naïveté" du gouvernement norvégien face au "danger" du "terrorisme" et de "l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier".

    Surtout, et c’est sans doute sa première faute politique personnelle, Marine Lepen s’est rendue à l'invitation du dirigeant du parti d'extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, à Vienne, à un bal organisé - le jour de la commémoration du 67ème  anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz-  par des corporations d’extrêmes droites interdisant l’entrée aux juifs et aux femmes.

    Ce couac de la campagne l’a déstabilisé dans sa tentative de dédiabolisation. Pris dans son corpus idéologique, Marine Lepen n’a jamais réussi à expliquer pourquoi il était à ses yeux important de se rendre dans une telle soirée.

    Durant cette campagne, Marine Lepen a éludé l’histoire de son parti, de son père, de ses liens avec des racistes ; or, le nouveau populisme moderne ne peut pas prospérer sans la rupture réelle avec les tenants du nazisme, de la collaboration, de la colonisation, et de la priorité nationale.

    La dédiabolisation a séduit, mais en ayant raté la dédiabolisation de son parti, Marine Lepen se retrouve dans la situation de son père, et de celle de François Bayrou à savoir un positionnement les rendant incapables de peser sur le gouvernement de la France.

    L’appel au vote blanc ou à ne pas choisir prive durablement Marine Lepen et son parti d’une capacité à influer.

    Si Marine Lepen avait réussi la bataille de la crédibilité sur sa politique économique et sa dédiabolisation, elle aurait pu être au second tour ; ses ratés de sa campagne électorale expliquent sa troisième place qui au regard de la dynamique européenne des populismes et de la crise économique est un échec.

    3-      L’enjeu est la restauration du Cordon sanitaire républicain

    Je l’avais écris avant le résultat de Marine Lepen, l’enjeu aujourd’hui est de recréer un cordon sanitaire autour de Front National et de ses idées.

    L’affaiblissement des digues entre droite et extrêmes droites a pu se remarquer dans le  débat sur l’identité nationale, dans le Discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy ainsi que dans le refus du Premier Ministre François Fillon d’appeler lors des dernières cantonales à faire barrage au Front National.

    Seuls Nathalie Kosciusko-Morizet, Gérard Larcher et quelques élus républicains de droite avaient osé contester la stratégie de Nicolas Sarkozy de refuser le front républicain.

    Les campagnes de François Hollande et Nicolas Sarkozy n’auront pas convaincu les électeurs frontistes de leurs capacités à protéger les français des défis du 21ème siècle ; il reste quelques jours pour proposer aux Français un chemin de rassemblement

     

    La gauche et la droite républicaine ont une responsabilité historique protéger les Français de la crise économique, des discours de division, des solutions de facilité stigmatisant telle ou telle catégorie de la population, et défendre l’idéal européen.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • La Grèce aura son référendum sur l'Euro

    La décision du Premier ministre grec Georges Papandréou d'organiser, en janvier 2012, un référendum sur le plan de sauvetage européen conclu à Bruxelles le 27 octobre dernier face à la crise de la dette met en lumière les avantages et dangers de l’organisation d’un référendum national.

    En juin dernier, Georges Papandréou avait déjà affiché son ambition d’organiser un référendum sur les grands changements que le gouvernement ambitionne pour le pays précisant que les réformes porteraient notamment « sur le fonctionnement du parlement, le système électoral ainsi qu'une refonte du système judiciaire ».

    Au regard de l’histoire constitutionnelle grecque, ces deux projets paraissent pourtant inédits.

    Un pays sans tradition référendaire

    Dans la Grèce antique, la vie démocratique était prolixe. Depuis, la Grèce a organisé de nombreux plébiscites, mais n’a jamais pratiqué le référendum national.

    Aujourd’hui, l’article 44-2 de la Constitution grecque du 9 juin 1975 autorise le Président de la République à décréter le recours au référendum sur « les questions nationales graves ». Les conditions de déclenchement sont assez strictes, puisque l’initiative appartient au Conseil des ministres, et qu’elle doit être approuvée par « la majorité absolue de la Chambre des Députés ».

    Le 29 juillet 1973, un plébiscite de transition démocratique a proclamé la République et assuré l’élection du dictateur Papadopoulous comme Président.

    Après la chute de la dictature militaire, le 8 décembre 1974 un référendum pour « la détermination de la forme du régime démocratique du pays par l’expression directe et libre de la volonté du peuple Hellénique ».

    Depuis 1975, aucun référendum national n’a eu lieu en Grèce. L’adhésion de la Grèce à la Communauté Économique Européenne et son entrée dans « la zone euro » avaient été ratifiées par voie parlementaire.

     

      

    Le recours au référendum le moyen de sortir de la crise politique

    La Grèce n’a jamais eu recours au référendum national pour trancher une question en lien avec la construction européenne.

    L’ampleur de la dette grecque, des manifestations populaires, et de l’absence de consensus politique grec rend le recours au référendum comme le seul moyen légitime d’imposer l’adoption du plan d’austérité ou son rejet et de sortir la Grèce de sa crise politique.

    Dix ans après son entrée dans "la zone Euro", la Grèce aura à postériori son référendum sur le bien fondé de ce choix.

    Le Premier ministre Georges Papandréou a justifié un tel recours en ces termes : les Grecs « veulent-ils l'adoption du nouvel accord ou le rejettent-ils ? Si les Grecs n'en veulent pas, il ne sera pas adopté. Nous faisons confiance aux citoyens. Nous croyons en leur jugement. Nous croyons en leur discernement (…) La volonté du peuple grec s'imposera à nous ».

    Ce recours critiqué par de nombreux responsables européens et suscitant l’anxiété de marchés financiers manifeste pourtant la gravité de la crise de confiance entre les peuples d’Europe et l’Union européenne.

    Les récents référendums nationaux en Europe (Luxembourg, Pays Bas, France) ont illustré la défiance des peuples vis à vis de l’Europe actuelle et des délégations de souveraineté.

    Il est temps de changer de méthode, il est temps de comprendre que l’Europe puissance ne peut pas se bâtir sans les peuples.

    Le référendum demeure l’instrument de la légitimité démocratique ; la consultation référendaire ne doit pas faire peur car elle rend en définitive la décision au peuple souverain. La légitimité qu’il porte a encouragé les exécutifs nationaux à l’utiliser pour obtenir de substantielles garanties lors des négociations entre partenaires européens.

    Que le résultat de la consultation populaire soit positif ou négatif, le référendum assure un contrôle par le pouvoir souverain des transferts de souveraineté.

    Il est toujours « l’arme suprême » y compris dans un système sui generis comme l’Union européenne.