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EUROPE - Page 12

  • La Motion 5 : la motion de confiance

    Ce congrès révèle un certain rapport à la notion de confiance.

     

    La Motion 1 se contente de nous dire : « Ayez confiance, ayez confiance , mais laissez nous gérer tout parce qu’on s’occupe de tout ». La situation est sous contrôle et laissez les importants faire les choses importantes : s’arranger, désigner et placer et ensuite « circulez il n’y a rien à voir ». Et partout le même refrain implicite. Si tu n’es pas dans le rassemblement imposé, alors gare à tes ambitions pour les instances locales, fédérales, nationales, voire municipales ou régionales. Curieuse façon de rassembler par la pression implicite. Tu veux un poste, alors attention, laisse faire les « posteurs » professionnels. C'est la pression de confiance ! 

    La Motion 2 nous explique elle qu’elle n’a pas confiance dans notre parti et qu’il faut se tourner vers un nouveau modèle, un nouveau paradigme : l’écologie. J’ai beau être sans doute plus écolo que bien des écolos en roulant notamment en vélo depuis 15 ans dans Paris, je trouve toujours bizarre que des socialistes nous expliquent que l’avenir du socialisme c’est l’écologie pure et simple. Si on doit devenir écologiste, il y a un parti qui a été créé pour cela non ?

    Les Motions 3 et 4, elles montrent qu’après 3 mois de gouvernement, elles n’ont pas vraiment confiance dans l’action engagée puisqu’elles proposent déjà des mesures alternatives, comme si après 3 mois de gouvernement, les 60 propositions étaient déjà caduques et qu’il fallait penser maintenant un autre programme. Quand on écoute notre télévangeliste économique qui est passé par toutes les couleurs de l’arc en ciel partisan de la gauche avec ses éternels graphiques, on se dit qu’on est vraiment trop con de n’y avoir pas pensé plus tôt. La solution mais c’est bien sûr et hop le chômage rayé de la carte comme une vulgaire courbe d’un graphique ! 

    La Motion 5 elle propose un rapport très positif à la notion de confiance. 

    Nous avons confiance dans nos valeurs

    du socialisme et de la République.

    Cette confiance dans nos valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité, mais aussi de laïcité nous rappelle que dans notre société de plus en plus fractionnée, la plus belle des appartenances et la seule qui vaille en République c’est la citoyenneté. Et qu’au delà de notre belle fête nationale, il reste bien des moments à inventer pour célébrer cette belle appartenance. 

    Nous avons confiance dans l’Europe.

    Parce que si bien des politiques ultra-libérales ont été conduite en son nom, l’Europe reste notre destin commun sur le plan économique d’abord mais aussi politique. Et c’est cette Europe politique que nous appelons de nos vœux pour sortir de nos frontières. Pour inventer l’Europe politique il faudra déjà renforcer notre Europe partisane et nous proposons de renforcer le PSE en organisant notamment des primaires européennes pour désigner qui sera le prochain candidat de l’Europe progressiste à la commission européenne. Nous faisons confiance en François Hollande pour orienter l’Europe dans la bonne direction avec les rapports de force qui sont ceux d’aujourd’hui et ceux que nous espérons demain. Voter contre le TSCG n’est pas du socialisme, c’est de l’onanisme. On se fait plaisir. Seul. Dans son coin. Sans lendemain. Et faire tout le congrès sur le TSCG c’est encore plus ridicule parce que dès Toulouse cette question sera derrière nous.

    Nous avons confiance dans le gouvernement

    que conduit Jean-Marc Ayrault.

    Donner des signes d’impatience au bout de trois mois est puéril et nous ne sommes pas là pour trépigner mais pour accompagner et expliquer. Le programme sera accompli et nous avons 5 ans devant nous et nous espérons tous que le cycle ouvert en mai 2012 pourra durer au moins 10 ans. D’ailleurs les initiatives médiatiques et les prises de position de députés impatients et trépigneurs viennent  tous de la Motion 1 ! Ces petits positionnements sont-ils utiles ? Je ne le pense pas ! François Hollande dans tous les congrès socialistes qu’il a gagné a toujours expliqué que nous devions penser notre action dans la durée. Il le pensait quand nous étions dans l’opposition. Il l’applique en étant aux manettes et cette nouvelle forme de gouvernance est effectivement une manière moderne de gouverner. Le sarkozysme n’aura été qu’un bougisme et vouloir singer l’ex-président n’a pas beaucoup d’intérêt. D’ailleurs Jean-Marc Ayrault en lançant un nouveau cycle de relations contractuelles basé sur un travail de long terme avec les partenaires sociaux est en train de réinventer la démocratie sociale et nous en verrons les effets sur le long terme pas dans des effets d’annonces qui ne servent à rien.

    Nous faisons confiance dans la jeunesse.

    Nous pensons que notre société vit un véritable crise de confiance avec sa jeunesse. François Hollande a eu cette intuition pendant la campagne des primaires et ensuite pendant la campagne présidentielle. La priorité donnée à l’éducation et le volontarisme de Vincent Peillon ou la création des emplois d’avenir vont dans ce sens mais il y a encore tant à faire. Il faut se rendre compte à quel point notre société a infantilisé toute une génération. Et je sais de quoi je parle. J’ai 44 ans et je milite depuis l’âge de 20 ans. Nombre de responsables politiques m'ont toujours parlé et me parlent encore comme si j’étais un jeune freluquet qui devait patienter pour prendre des responsabilités. Le groupe socialiste s’est renouvelé pour moitié de ses effectifs lors des dernières élections législatives. Et pourtant, moins de 10% de ses effectifs ont moins de 40 ans. En 1981, c’était un tiers du groupe socialiste qui avait moins de 40 ans. En Espagne, en Allemagne, en Hollande, au Royaume Uni, ce sont 30% à 50% des parlementaires qui ont moins de 40 ans. En 1977, un certain Jean-Marc Ayrault devenait maire d’une ville de plus de 30 000 habitants à 27 ans. Dans quelle fédération aujourd’hui notre parti serait prêt à faire un tel pari sur l’avenir ? Cette situation d’infantilisation de cette génération 68 qui tout en ayant 60 ans se considère encore comme éternellement porteur des valeurs de la jeunesse doit cesser.

     Faire confiance à la jeunesse, cela commence par traiter ce fléau du chômage des jeunes. Cela consiste à faire confiance à des 20/40 ans pour diriger des entreprises, des syndicats, des associations, des journaux, des institutions culturelles, des collectivités locales. Parce qu’au cœur de l’abstention très forte de ces catégories d’âge, il y a ce rapport insupportable d’une société politique, économique et médiatique qui est incapable d’avoir la moindre confiance dans la jeunesse. C’est parce que nous avons confiance dans cette jeunesse que nous avons fait le pari de faire conduire notre motion par la benjamine du Conseil National, Constance Blanchard.

    Nous avons confiance dans l’égalité Femmes/Hommes. 

    Sur cette question, nous voulons sortir d’une guerre des sexes basée sur la conflictualité tout en considérant que nous devons désormais accélérer ce qui aurait déjà du entrer en vigueur. La loi sur la parité a été votée en 2000. 3 législatures plus tard, nous venons tout juste de franchir le cap du quart de femmes élues au parlement. Et si l’effort du PS est conséquent et pèse lourd, en présentant 50% de candidates, il n’a cependant fait élire que 36% de députées.  Sur ce terrain là nous sommes là encore loin de tous les parlements européens. Très loin même. Et nous sommes loin derrière l’Assemblée tunisienne ou algérienne !

    Alors cessons avec cette comédie des amendes qui ne servent à rien et mettons en place un mode de scrutin bi-nominal pour les élections législatives comme pour les élections cantonales et en 2017, nous pourrons dire la parité c’est maintenant et c’est partout. 

    Nous avons confiance dans la vitalité intellectuelle, politique et militante de la grande famille des militants et sympathisants socialistes.

    Leur faire confiance c’est d’abord les associer à tout le travail d’élaboration politique. Jean-Louis Missika vient de présenter à Paris la méthode que compte utiliser Anne Hidalgo pour élaborer avec les parisiens son programme, notre programme. Jean-Louis a parlé de co-working qui utilise d’abord l’accès au numérique et qui permet à tous ceux qui ne pourront jamais perdre de temps dans des réunions à des horaires impossibles de partager points de vue, idées, remarques, suggestions. Parce que la politique est un monde très difficile d’accès à tout individu investi professionnellement ou familialement, à travers la formidable perte de temps en réunionites inutiles, penser la politique à travers l’usage d’internet est une source de rééquilibrage des investissements humains en politiques. Parce que l’intelligence n’est jamais aussi belle et puissante que quand elle est partagée, il y a tout à inventer en la matière et c’est peu dire que les mœurs verticaux d’élaboration collective de notre parti ont au moins un siècle de retard. Notre parti doit entrer dans le 21ème siècle en sortant de ces schémas ou une poignée de personnes travaillent en catimini pour balancer des textes, toujours les mêmes et les faire voter sans aucun intérêt car sans la moindre démarche d’alternative ou d’amendement. Notre parti a su avancer à tâtons sur la marche de la démocratie participative, des Etats Généraux de Michel Rocard, aux débats participatifs de Ségolène Royal. Il doit reprendre cette marche vers l’intelligence partagée, l’intelligence collective parce que notre parti recèle d’immenses talents totalement sous-utilisés, sous évalués. Avec cette méthode Jean-Louis Missika invite à Oser Paris pour faire gagner Anne Hidalgo. Et bien ayons l'audace de proposer d'Oser le Parti du 21ème siècle pour le faire gagner dans toutes les prochaines échéances. Les campagnes présidentielles de Ségolène Royal et de François Hollande ont ouvert le champs des possibles. Le PS 2.0 est devant nous. 

    Mais faire confiance aux adhérents et aux sympathisants, c’est aussi leur faire confiance pour faire ce à quoi sert un parti : sélectionner une élite politique et des candidats aux suffrage universel.

    Aujourd’hui nos candidats aux législatives, nos candidats aux têtes de listes pour les régionales et municipales, nos candidats pour être secrétaire de section, premier secrétaire fédéral, premier secrétaire national sont tous désignés directement par les militants. Notre candidat à la présidence de la République a même été choisi parce que notre parti a fait confiance dans les 3 millions de sympathisants. Alors cette façon de choisir nos candidats et responsables doit être généralisée et la cooptation clanique doit sortir de nos écrans radars. Tout responsable ou candidat doit être désigné directement par les adhérents ou les sympathisants. Plus jamais une désignation comme celle que nous venons de vivre à travers le triste match Camba-Désir ! Les militants ont toutes les clefs pour faire les bons choix alors désormais ils doivent désigner tous les membres des CA, des CF du CN et tous les candidats à nos élections. Il faut cesser ce rapport moyen-âgeux où les grands chefs désignent les sous chefs qui désignent les petits chefs. Le chef, ce doit être le militant qui doit toujours avoir le dernier mot pour désigner qui le représentera à l’intérieur comme à l’extérieur. Et cela peut se faire en respectant les notions de motions pour ceux qui tiennent tant à ce système au moment même où il n’a plus aucun sens si tout le monde est dans la même motion ! Parce que nous avons confiance aussi dans l'émergence de talents locaux, le parachutage doit désormais être proscrit.  

    Nous faisons confiance aux secrétaires de section.

    Ce sont eux qui sont les soutiers de notre parti. On leur doit bien de nos victoires. Ils gèrent temps, conflits, relations humaines, planning, organisation le tout bénévolement. C’est parce qu’ils sont les véritables piliers de notre parti que nous proposons qu’un tiers du CN leur soit réservé et que désormais des moyens financiers et humains soient mis à leur disposition pour les soutenir dans leur action, à l’échelon des circonscriptions. 

    Nous avons confiance dans les élus socialistes.

    Et c’est parce que nous voulons des élus efficaces, dynamiques, créatifs, investis pleinement dans leur mandat que nous plaidons pour le non cumul. Plaider le non cumul n’est pas de l’antiparlementarisme ou de la démagogie mais au contraire une immense confiance dans le travail que peut faire un élu. Parce qu’il y a tant à faire dans un parlement, il faut justement se consacrer à ce travail intense qui consiste à penser, à légiférer et à contrôler. Un tel travail est incompatible avec le papillonnage. Le cumul est un mal français et il est à l’origine des blocages sur la parité ou le non renouvellement générationnel. Mais être anti-cumul dans l’espace comme dans le temps, cela suppose des élus qui disposent de moyens supplémentaires, d’un statut et de portes de sorties pour que cette belle période de leur vie ne soit pas suivi d’un enfer professionnel. Etre élu ne doit ni être un métier, ni être réservé aux seuls fonctionnaire. Cela doit être une mission bornée dans le temps. Une mission au service de la République. Au service des autres.

    C’est parce que nous avons confiance dans le travail d’élu que nous proposons également un observatoire de nos politiques locales afin de théoriser, d’échanger et de valoriser nos laboratoires que sont toutes les collectivités locales. 

    Nous avons confiance dans la République, confiance dans l’Europe, confiance dans le gouvernement, confiance dans la jeunesse, confiance dans les militants, confiance dans les sympathisants, confiance dans nos responsables locaux, confiance dans nos élus territoriaux. Alors nous pensons que la meilleure façon non seulement d’accompagner le gouvernement, mais de préparer toutes les prochaines échéances locales comme nationales, c’est de faire confiance dans un parti qui débat, dans un parti qui co-produit, dans un parti qui vote, dans un parti qui choisit, dans un parti qui tranche, dans un parti qui travaille et pas seulement en haut mais à tous les niveaux. Le plus beau pari de la confiance, c’est d’oser le beau pari de la démocratie.

    Alors le 11 octobre, oubliez calculs, pressions et chantages en tout genre pour vous concentrer sur l’essentiel : quand vous serez seul dans l'isoloir, alors votez la Motion de confiance. Votez la Motion 5 pour que Toulouse soit vraiment ton congrès !

  • Quel avenir pour la liberté conditionnelle face au désir d’allongement de la période de sureté ?

    Actuellement, une importante polémique a lieu en Belgique avec la libération conditionnelle de Michelle Martin la complice et ex-épouse de l’assassin-pédophile Marc Dutroux. Elle n’est en réalité que l’illustration des nouveaux débats posés depuis l’abolition de la peine de mort sur l’emprisonnement à perpétuité. En effet, la dignité humaine du détenu, sa possible réinsertion, et la surpopulation carcérale renouvèlent les débats. Quelle fin de vie en prison ? Quels aménagements de peine possibles conciliant sécurité de l’ordre public et réinsertion ?

    Noyades, harcèlements, rackets, sévices, rapts, prostitution, viols ou encore assassinats d’enfants, chaque drame concernant la sécurité d’un enfant fait angoisser des milliers de parents et de citoyens.

    En France, de plus en plus souvent, grâce à, l’Alerte enlèvement (inspirée de l’alerte Amber née aux Etats Unis et mise en oeuvre par la Secrétaire d’Etat Nicole Guedj) permet d’éviter le pire. Ce système qui mobile les Médias et les Citoyens est à l’évidence utile ; A ce jour, elle a toujours était couronnée de succès.

    Actuellement, une importante polémique a lieu en Belgique avec la libération conditionnelle de Michelle Martin la complice et ex-épouse de l’assassin-pédophile Marc Dutroux. Elle n’est en réalité que l’illustration des nouveaux débats posés depuis l’abolition de la peine de mort sur l’emprisonnement à perpétuité. En effet, la dignité humaine du détenu, sa possible réinsertion, et la surpopulation carcérale renouvèlent les débats.

    . Quelle fin de vie en prison ?

    . Quels aménagements de peine possibles conciliant sécurité de l’ordre public et réinsertion ?

    . Quel contenu à la notion de peine de sureté ?

    . Quelles conditions pour la libération conditionnelle ?

    La libération conditionnelle nécessite la manifestation d’efforts sérieux de réadaptation sociale de la part du condamné ; elle correspond à la mise en liberté d’un condamné avant la date d’expiration normale de sa peine d’emprisonnement, sous condition de respect, pendant un délai d’épreuve, d’un certain nombre d’obligations.

    Michele Martin.jpg
    - Une libération conditionnelle qui dérange

    La libération conditionnelle anticipée de l’ex-femme de Marc Dutroux Michelle Martin interpelle. Marc Dutroux a été reconnu coupable de viols et d’assassinats de six jeunes filles ; deux d’entre elles sont mortes de faim après avoir été emmurées dans la cave de la maison du couple. En Belgique, cet aménagement de la peine est né en 1888 avec la Loi Le Jeune.

    Michelle Martin, institutrice, n’a rien fait pour les aider ; elle a été condamnée à trente ans de prison, notamment pour complicité dans l’assassinat de Melissa Russo et Julie Lejeune.

    Réinsertion, rédemption, « pardon » sont-ils possibles alors que la condamnée a réellement effectuée seulement 16 ans sur sa peine ?

    Le 31 juillet 2012, le Tribunal d’application des peines de Mons a accordé cette libération et le projet d’accueil et de réinsertion auprès des Soeurs Clarisses du Couvent de Malonne, près de Namur. « Le projet est très encadré :

    - Michelle Martin, qui n’intègre pas la communauté, y résidera et doit le justifier ;

    - elle doit participer aux tâches communes comme l’entretien du potager ou la cuisine ;

    - elle peut sortir du couvent, mais elle a interdiction de se rendre dans les deux régions où elle a vécu avec son ex-mari ;

    - elle doit répondre à toute convocation de la justice ;

    - elle doit poursuivre la thérapie entamée en prison ;

    - elle ne peut établir de contacts avec les médias ;

    - elle est obligée d’indemniser ses victimes.

    Tout manquement est susceptible de conduire à la réincarcération ».

    A l’évidence cette libération a perturbé l’ordre public belge et divisée la société, aussi une trentaine de policiers assureront la protection du Couvent le temps nécessaire au retour à l’ordre. Selon Vincent Gilles, président du syndicat policier SLFP, ce dispositif coûtera 120.000 euros par mois.


    - Une hospitalité chrétienne qui choque

    soeurs.JPGConformément à la règle de Saint Benoît, l’hôte doit être reçu comme s’il était le Christ, surtout s’il s’agit d’un exclu de la société civile. Soeur Christine, l’abbesse du couvent a expliqué : « Madame Martin est un être humain capable, comme pour nous tous, du pire et du meilleur. Nous croyons donc que tabler sur le meilleur d’elle-même n’est pas de l’inconscience de notre part ».

    La hiérarchie catholique, par la voix de l’Evêque de Liège, Monseigneur Aloys Jousten, a soutenu cette démarche : « Un être humain reste un être humain », et il a salué « le témoignage de miséricorde » transmis par les Soeurs.

    Aujourd’hui, cette décision de « l’Eglise » choque l’opinion publique pour quatre raisons : d’une part les crimes commis sont d’une horreur rare, cette protection assurée dans le secret n’est plus possible à l’ère de l’hyper-transparence, l’Eglise protège encore de trop nombreux ecclésiastes coupables de pédophilie, enfin de nombreux Belges restent persuadés que Marc Dutroux faisait partie d’un réseau et disposait de protections politico-judiciaires.

    L’Église a aidé de nombreux dignitaires nazis ou collaborateurs à fuir en Argentine. Ainsi, de nombreux couvents et monastères ont abrité l’ancien milicien lyonnais Paul Touvier (condamné à mort par contumace en 1946) dans sa cavale. En mai 1989, c’est au prieuré Saint-Joseph, à Nice (Alpes-Maritimes), qu’il a été arrêté.

    Entre 1945 et 1953, plusieurs institutions catholiques ont abrité deux enfants juifs, Gérard et Robert Finaly, que leur tutrice refusait de rendre à leur famille juive française.

    En avril 2008, aux Etats-Unis, le Pape Benoît XVI a demandé pardon pour les victimes de prêtres pédophiles (entre 4 000 et 5 000 prêtres seraient concernés pour 14 000 enfants victimes) ! La Sainte Eglise a toutefois décidé de ne pas délier ses serviteurs du secret.

    Cette institution, malgré la multiplication des révélations sur la frustration des prêtres et la multiplication des actes pédophiles est une des rares à résister à l’hyper-transparence et à conserver ses archives secrètes.


    - Vers une réforme de la conditionnelle en Europe :

    La Cour de Cassation belge ayant rejeté les recours déposés par les parties civiles et le parquet contre cette libération Jean-Denis Lejeune (le père de Julie Lejeune l’une des victimes), a demandé une réforme de la justice visant à durcir les périodes de sûreté pour les condamnations des crimes les plus graves, notamment contre des enfants. Le 19 août 2012, 5000 personnes ont manifesté à Bruxelles en ce sens.

    L’opinion belge redoute de voir Marc Dutroux, condamné à la perpétuité, ressortir un jour en conditionnel de prison ; aussi, le Premier ministre Elio Di Rupo a annoncé vouloir renforcer les conditions de libération conditionnelle notamment en obligeant les récidivistes à purger au moins les trois quarts d’une peine de trente ans avant de pouvoir espérer une libération conditionnelle. "Notre objectif doit être : non à l’impunité. Nous devons poursuivre toute une série de réformes entamées dans le domaine de la justice et les engagements dans le domaine de la police".

    Pour de nombreux juristes et la plupart des victimes, il n’est pas normal qu’une personne condamnée à une peine n’exécute que partiellement cette dernière.

    Dans de nombreux Etats européens, la période de sûreté - ce temps défini par la juridiction de jugement qui a prononcé la peine privative de liberté pendant lequel aucun aménagement de peine ne peut intervenir - risque de s’allonger.

    En France, l’Article 132-23 du Code pénal dispose que : « En cas de condamnation à une peine privative de liberté, non assortie du sursis, dont la durée est égale ou supérieure à dix ans, prononcée pour les infractions spécialement prévues par la loi, le condamné ne peut bénéficier, pendant une période de sûreté, des dispositions concernant la suspension ou le fractionnement de la peine, le placement à l’extérieur, les permissions de sortir, la semi-liberté et la libération conditionnelle. La durée de la période de sûreté est de la moitié de la peine ou, s’il s’agit d’une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, de dix-huit ans. La cour d’assises ou le tribunal peut toutefois, par décision spéciale, soit porter ces durées jusqu’aux deux tiers de la peine ou, s’il s’agit d’une condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité, jusqu’à vingt-deux ans, soit décider de réduire ces durées.

     

    Dans les autres cas, lorsqu’elle prononce une peine privative de liberté d’une durée supérieure à cinq ans, non assortie du sursis, la juridiction peut fixer une période de sûreté pendant laquelle le condamné ne peut bénéficier d’aucune des modalités d’exécution de la peine mentionnée au premier alinéa. La durée de cette période de sûreté ne peut excéder les deux tiers de la peine prononcée ou vingt-deux ans en cas de condamnation à la réclusion criminelle à perpétuité ».

    D’ores et déjà en Norvège, la libération conditionnelle d’Anders Behring Breivik ou sa remise en liberté après l’accomplissement de sa condamnation pose avec acuité la question de la révision de la période de sureté.

    En Espagne et en France, le motif médical devient un moyen efficace de bénéficier d’une liberté conditionnelle.

    En France, depuis la Loi relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé du 4 mars 2002, les condamnés peuvent être libérés s’ils souffrent d’une maladie incurable ou si leur incarcération met en danger leur santé. Maurice Papon et les condamnées d’Action Directe Nathalie Ménigon et Joëlle Aubron ont bénéficié de libérations conditionnelles pour des motifs médicaux.

    Ayant un projet professionnel sérieux, Jean-Marc Rouillan qui avait été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, notamment pour les assassinats de l’ingénieur général de l’armement René Audran et du PDG de Renault, Georges Besse a également bénéficié d’une libération conditionnelle.

    En Espagne, le prisonnier basque Iosu Uribetxeberria (qui souffre d’un cancer en phase terminale) a récemment obtenu sa libération par le juge principal de l’application des peines auprès de l’Audience nationale (le Parquet peut encore faire appel).

    La réflexion sur la réalité du temps de peine effectué, sur la période de sureté et les moyens de favoriser des libertés conditionnelles pour les condamnés en réinsertion est sans doute un des plus grands défis de cette époque où l’horreur des crimes commis rend tout débat et proposition de réforme soit suspecte d’atteintes aux droits et libertés soit sujette à l’idée de laxisme.

    La recherche d’un équilibre entre réinsertion des criminels et respect des victimes doit guider l’action publique.

  • Google et le fichage

    La révolution numérique permet aux citoyens de disposer de « l’information » qui en son temps faisait partie du pouvoir des tyrans. Historiquement, celui qui confisquait ou détenait le savoir était le Chef.

    La liberté de l’Internet contre les règles du droit positif en matière de droits d’auteurs, de racisme, antisémitisme… voila la nouvelle bataille engagée entre le droit et l’antiracisme.

    Aux Etats-Unis, la liberté d’expression est au dessus de tout ; car les tribunaux américains donnent une portée très générale à la garantie prévue par le premier amendement à la Constitution : « Le Congrès ne pourra faire aucune Loi (...) restreignant la liberté de parole ou de presse (...) ».

    C’est cette législation qui autorise les discours haineux et racistes du type de ceux du Klu Klux Klan ou du leader de la Nation de l'Islam Louis FARRAKHAN.

    En France, la liberté d’expression est bien plus encadrée. En effet, pour ne pas encourager les déviances et transgressions les Lois françaises et la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme CEDSH encadrent la liberté d’expression et condamnent les propos racistes, incitations à la haine raciale, et discriminations. Le racisme apparaissant comme un délit, il ne saurait en être fait l’apogée.

    L'article 226-19 du Code pénal dispose :

    "Le fait, hors les cas prévus par la loi, de mettre ou de conserver en mémoire informatisée, sans le consentement exprès de l'intéressé, des données à caractère personnel qui, directement ou indirectement, font apparaître les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, ou les appartenances syndicales des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à l'orientation sexuelle de celles-ci, est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 300.000 Euros d'amende".

    L’article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des Droits de l'Homme dispose :

    « Toute personne a droit à la liberté d'expression. Ce droit comprend la liberté d'opinion et la liberté de recevoir ou de communiquer des informations ou des idées sans qu'il puisse y avoir ingérence d'autorités publiques et sans considération de frontière. Le présent article n'empêche pas les États de soumettre les entreprises de radiodiffusion, de cinéma ou de télévision à un régime d'autorisations.

    L'exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la Loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l'intégrité territoriale ou à la sûreté publique, à la défense de l'ordre et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la morale, à la protection de la réputation ou des droits d'autrui, pour empêcher la divulgation d'informations confidentielles ou pour garantir l'autorité et l'impartialité du pouvoir judiciaire. »

    Les deux approches culturelles et juridiques sont diamétralement opposées ce qui explique la tension entre les exigences de la Loi française et celles de la société Google.

     

     

    Le moteur de recherche Google est à nouveau au cœur du débat, en effet lorsqu’un Internaute surf sur la toile il se voit guider dans ses recherches par des suggestions de mots-associés par Google Suggest.

    Bien que ces suggestions reposent sur les « requiest » les plus fréquentes, celles-ci posent un problème en droit français car elles lient un mot avec la religion réelle ou supposée des personnalités recherchées : « bhl juif », « hollande juif » « sarkozy juif »…

    Plusieurs associations françaises, J'accuse!-action internationale pour la justice (AIPJ), le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP), SOS Racisme et l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) considèrent que Google enfreint la Loi en proposant le mot "juif" dans la saisie semi-automatique et ont saisi la justice française de ce problème.

    Ce débat rappelle celui qui a prévalu lors de la création par Johann Levy de l’application « juif ou pas juif » qui répertoriait jusqu'à sa suppression (à la suite d’une médiation) les célébrités selon leur judéité.

    Aujourd’hui, l’enjeu est la question du fichage ethnique - volontaire ou non - de masse par Google ou ses concurrents ; ce fichage qui peut apparaitre aux yeux de certains comme ludiques pourrait bien dans certaines sociétés non démocratiques permettre les pires discriminations et violations des droits de l’homme.

    Google a d’ores et déjà exclu de Google Suggest "une catégorie restreinte correspondant à des termes pornographiques, violents, incitant à la haine et liés à la violation de droits d'auteur" ; il convient sans aucun doute d’élargir cette liste aux associations du mot « juif » aux patronymes des personnes physiques figurant dans les requêtes des Internautes.

    En effet, ce genre de liste ne peut que renforcer la haine du « Juif » via les théories du complot sur le pouvoir supposé des personnalités d’origines ou de culture juive qui seraient à la tête du Monde.

    Autoriser un tel fichage même volontaire c’est à l’évidence renforcer les préjugés les plus abjects et les plus répandus sur le net.

    Google doit comprendre qu’avoir un Internet propre passe par le respect de ces principes.

    La prochaine Audience aura lieu le 27 juin 2012 au Tribunal de Grande Instance de PARIS ; mais un accord avec le géant américain pourrait intervenir d’ici là pour qu’il modifie son système.

  • Les raisons de l'échec de la campagne de Marine Lepen

    Marine Lepen mène campagne, bat meeting, interpelle « l’UMPS », décrypte les failles du système financier et de la France et prône des solutions qui séduisent par leurs simplicités ou leurs apparentes remises en cause des règles de la mondialisation, de l’Europe, et de la Vème République.

    Outre sa mise en scène pour la défense du droit des petits candidats se présenter à l’élection présidentielle, Marine Lepen a publié un ouvrage « Pour que vive la France » afin de se positionner comme la nouvelle Chef du Front National. Marine Lepen fait son show devant des salles remplies.

    Mme Le Pen est créditée de 16 à 20 % d’intentions de votes pour le premier tour de l’élection présidentielle. L’hypothèse de sa présence au second tour est prise au sérieux, elle espère dépasser le score de 16,86% de suffrages exprimés en faveur de son père en 2002. La perspective d’un nouveau 21 avril n’est plus éludée. Depuis 2002, la situation de la France s’est aggravée et la crise de confiance entre le système politique et sa capacité à répondre aux préoccupations des citoyens est puissant.

    La multiplication des « petits candidats » de témoignage risque également de faire perdre des points précieux aux deux principaux candidats en lice. Le vote utile qui joue depuis le 21 avril 2002 en faveur des grandes formations n’est pas assuré tant le désespoir des français est grand.

    Durant cette campagne électorale, Marine Lepen a essayé de montrer qu’elle n’est pas l’héritière de son père ; elle a même intenté un procès à Eva Joly qui l’avait - en référence aux conditions de développement de la fortune de Jean Marie Lepen - accusée d'être « l'héritière de son père milliardaire par un détournement de succession ».

    L’image du père demeure omnipotente comme l’illustre la campagne de la Licra

     http://www.licra.org/fr/dans-salle-bain-marine-pen-vid%C3%A9o

    Pourtant, Marine Lepen demeure une candidate antisystème qui a réussi à surfer sur les peurs mais n’a pas réussi sa campagne de 2012.


    1-La quête de légitimité

    A la recherche de sa légitimité, Marine Lepen affiche un lissage qui, de première apparence, va au delà du simple marketing en montrant qu’elle n’est pas comme son père.

    Dans ses discours, Marine Lepen continue de défendre le retour à « l’ordre » et la lutte contre la corruption ; elle met la réhabilitation nationale au cœur de son programme (« restaurer la fierté de nos valeurs », « de notre mode de vie »).

    Elle se réapproprie en plus des symboles de l’histoire de France (le drapeau, la marseillaise, Jeanne d’arc) des sujets républicains : la laïcité, la défense du service public, et dépasse le populisme pour convaincre une frange plus large de l’électorat. Economiquement, elle fait de l’Etat un rempart tandis que son père prônait l’ultralibéralisme.

    Elle apparaît ainsi pseudo-ouverte sur l’IVG et le divorce et n’hésite pas à défendre le retour à la retraite à 60 ans.

    Le défilé du 1er mai sous Marine Lepen illustrait cette exigence de « gentlemen fascistes » en poussant les skinheads au relooking (obligation de porter des chemises longues pour cacher les tatouages).

    Marine Lepen a pris ses distances avec les déclarations négationnistes de Jean Marie Lepen, elle a ainsi déclaré « je dis ce que j'ai toujours dit : je ne partage pas sur ces événements la même vision que mon père ». « Je ne pense pas que cela (les chambre à gaz, ndlr) soit un détail de l'histoire ». Surtout, elle tente également de tisser des liens avec des représentants d’Israël et de la communauté juive pour gommer le racisme indélébile de sa formation.

    Elle a ainsi réussi à rencontrer l'ambassadeur d'Israël à l'ONU Ron Prosor et l’utiliser à son avantage en laissant croire qu’elle n’est plus ostracisée par Israël.

    Sa présence aux funérailles nationales des soldats assassinés par Mohammed Merah va également dans ce sens (une présence à Toulouse était inimaginable).

    La dédiabolisation passe par ce chemin.

    Elle n'a pas osé assister aux funérailles du résistant Raymond Aubrac.

     

    2- L’alliance Droite - FN possible ?

    Pendant longtemps la France a électoralement contenu le succès du FN grâce au système de scrutin et au cordon sanitaire républicain et la vigilance de nombreuses organisations antiracistes.

    Contrairement à Jean Marie Lepen, Marine Lepen aspire au pouvoir, elle se verrait bien dans une coalition gouvernementale ou réussir à faire une OPA sur l’UMP (après une éventuelle défaite de Nicolas Sarkozy). Le pari de Marine Lepen est d’être au second tour de la prochaine présidentielle ou de réussir à faire un score suffisamment important pour être incontournable dans l’échiquier politique de la période post-présidentielle.

    Marine Lepen doit laisse place à « Marine » la fille du peuple qui défend le peuple et gouvernera pour le peuple !

    En cas d’échec du candidat de l’UMP à la prochaine présidentielle, une recomposition de la droite nationale se réalisera ; et au nom du redressement de la France la tentation de l’alliance sera puissante.

    Comme l’ont montré les prises de positions violentes contre le droit de vote des étrangers aux élections locales ou l’accueil des réfugiés tunisiens, les ponts sont d’ores et déjà faits avec, une partie de l’UMP, les élus du groupe de la droite populaire. La députée UMP du Tarn-et-Garonne, Brigitte Barèges, membre de la droite populaire, a ainsi d’ores et déjà repris à son compte la notion de préférence nationale.

    Dans une question sur son Site Internet, l’UMP n’a pas hésité à faire preuves d’amalgames en interrogeant les Internautes en ces termes « pour lutter plus efficacement contre les actes de délinquance commis par une frange de la population qui a fait de la violation de la loi pénale son mode habituel de vie, doit-on expulser les étrangers auteurs de tels faits ? »

    La stigmatisation des étrangers est au cœur de la logique du FN et depuis le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy elle fait partie intégrante du discours sarkozyste. La recherche de boucs-émissaires dans la présence des étrangers reste le meilleur témoin de la jonction idéologique entre une partie de l’UMP et du FN.

    L’affaiblissement des digues entre droite et extrêmes droites a également pu se remarquer dans le refus du Premier Ministre François Fillon d’appeler lors des dernières cantonales à faire barrage au Front National. Seuls Nathalie Kosciusko-Morizet, Gérard Larcher et quelques élus républicains de droite avaient osé contester la stratégie de Nicolas Sarkozy de refuser le front républicain.

    Officiellement Marine Lepen n’est pas intéressée par des postes ministériels et tancent « l’UMPS », mais l’heure de l’unité du « camp patriotique » pourrait venir. Nicolas Dupont-Aignan, le Président de Debout la République, a démontré que l’on peut faire une belle campagne patriote et antiraciste.

    Eric Zemmour explique très bien que l’alliance droite-extrême droite « se fait (déjà) dans toute l’Europe ».

    Une fois débarrassé de son « corpus raciste », le FN pourrait apparaître fréquentable.


    3- Marine Lepen a raté la vague populiste européenne

    Dans de nombreux Etats européens, l'alliance électorale est désormais assumée entre des partis classiques et des partis d'extrême droite. Ces partis se présentent comme des partis populistes et patriotiques et non plus comme des partis d'extrêmes droites, Il faut dire que la vague populiste les rend souvent incontournables.

    Au Pays Bas, Geert Wilders et son parti de la liberté (PVV) ont obtenu 24 sièges sur 150, le 9 juin 2010. En Hongrie, le Jobbik (Mouvement pour une meilleure Hongrie) a fait 16,68% aux élections législatives en avril 2010. En Suède, les Démocrates suédois (SD) sont entrés pour la première fois au parlement en septembre 2010 avec une position de blocage ou d'arbitre, en revendiquant ouvertement une rhétorique anti-immigrés.

    En Italie, la Ligue du Nord travaille depuis longtemps à la résurgence du fascisme ; elle a obtenu 10,2% des suffrages aux élections européennes de 2009 et s'est allié au parti de Silvio Berlusconi (avant sa chute) dans le cadre d'une coalition (Peuple pour la liberté) pour les élections régionales de mars 2010. En Autriche, le Parti autrichien de la liberté dispose de 35 sièges au parlement et l'Alliance pour l'avenir de l'Autriche de 21 sièges.

    En Grèce, le LAOS (Alerte populaire orthodoxe) a bénéficié des effets de la crise et obtenu 15 sièges soit 5 de plus qu'en 2007 et sous le prétexte de l’union nationale deux ministres d’extrêmes droites (Makis Voridis, devenu ministre des Infrastructures et des Transports, et Adonis Georgiadis, ministre adjoint du Développement, de la Compétitivité et des Affaires maritimes) sont entrés au gouvernement (avant de démissionner).

    Ces alliances auront au final très peu choquées les élites et peuples d’Europe.

    Ce renouveau récent des extrêmes droites européennes profite de l’apparente impuissance de l’Union européenne et des Etats face à la crise économique et du discrédit des élites politiques. Surfant sur l’idée de choc des civilisations, sur le 11 septembre et les attentats de Madrid et Londres, ces partis dits « identitaires », régionalistes, axent désormais leurs discours sur un racisme antimusulman et la reconquête d‘une souveraineté fantasmée.

    Cette stratégie vise à restaurer les frontières et faire reculer l’égalité des droits entre nationaux et étrangers.

    Le constat est sans appel ; sous le prétexte de la défense de la souveraineté, l'internationale fasciste obtient des victoires électorales et une légitimité politique.

    La tendance lourde est par conséquent à l’apparition ou résurgence de forces politiques structurées autour de trois idées simples : la renégociation des traités européens et le retour à la souveraineté, la sortie de l’Euro (pour ceux qui l’ont adopté), ainsi que le refus de l’islamisation de l’Europe et la défense des valeurs chrétiennes.

    Pourtant, malgré la présence de Jean Marie Lepen au second tour de la présidentielle en 2002, malgré la forte poussée populiste en Europe, et le lifting opéré Marine Lepen n’arrive pas à convaincre. Marine Lepen a raté la vague populiste européenne.


    4- Trois raisons expliquent le plafonnement de Marine Lepen dans les sondages.


    4-1 L’échec de la dédiabolisation

    L’image policée du « Front National version MLP » est retombée ces derniers mois à plusieurs reprises.

    En premier lieu, de nombreux cadres et militants ont refusé cette mutation freinant ainsi l’élan voulu. La difficulté de Marine Lepen a collecté ses 500 signatures provient pour beaucoup de ce refus. L’extrême droite française ne s’est pas unie autour de Marine Lepen.

    En second lieu, Marine Lepen a refusé de condamner les propos terrifiant de son père sur la tuerie d'Oslo et d'Utoya. M. Le Pen avait fustigé la "naïveté" du gouvernement norvégien face au "danger" du "terrorisme" et de "l'immigration massive, qui est la cause principale, semble-t-il, dans l'esprit de ce fou meurtrier".

    Surtout, et c’est sans doute sa première faute politique personnelle, Marine Lepen s’est rendue à l'invitation du dirigeant du parti d'extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, à Vienne, à un bal organisé - le jour de la commémoration du 67e anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz- par des corporations d’extrêmes droites interdisant l’entrée aux juifs et aux femmes.

    Ce couac de la campagne l’a déstabilisé dans sa tentative de dédiabolisation. Pris dans son corpus idéologique, Marine Lepen n’a jamais réussi à expliquer pourquoi il était à ses yeux important de se rendre dans une telle soirée.

    La dédiabolisation a séduit, mais globalement la barrière morale perdure.

     

    4-2 Un programme économique peu convaincant

    La proposition de Marine Lepen de sortie de l’Euro et de retour au Franc qui de prime à bord a pu séduire une partie de l’électorat français avide de protection s’est vite retrouver sans crédibilité face aux arguments de ses contradicteurs et des économistes sérieux. L’antimondialisme ne tient pas.

    http://www.meltybuzz.fr/anne-sophie-lapix-marine-le-pen-clash-dans-actu91521.html

    Malgré la réalité des statistiques, et le constat désormais partagé (y compris par une partie de la droite Charles Pasqua, Alain Juppé) que l’immigration est un atout pour la France, Marine Lepen persiste à proclamer que l’immigration est la source des maux de la France et en particulier du déficit de nos Caisses de la sécurité sociale.

    L’immigration étant selon elle la cause tous nos maux, Marine Lepen tente de justifier ainsi une application de la priorité nationale, cette idée de l’inégalité entre les ressortissants français et étrangers qui demeure au cœur du programme du FN (anciennement dénommée préférence nationale).

    Mais cette fois si cette idée n’a pas réussi à mobiliser car comme l’a démontré l’interview de Marine Lepen par Anne-Sophie Lapix celle-ci n’a jamais réussi à expliquer les critères sur lesquels elle se baserait.

    Or, l’électorat se rend bien compte de l’impossibilité d’appliquer une telle mesure discriminatoire qui serait de toute façon jugée illégale. La prime de naissance mise en place par Catherine Mégret Maire de Vitrolles l’avait faite condamner à trois mois de prison avec sursis, 15 200 euros d'amende et deux ans d'inéligibilité pour discrimination et incitation à la discrimination.

     http://www.vidouf.com/video/marine-le-pen-face-journaliste-anne-sophie-lapix.html

     

    4-3 Une candidate brillante en meeting mais nulle en plateau

    Pour finir, il faut comprendre que Marine Lepen a eu une panne de régime.

    Une campagne politique c’est un marathon et un sprint final, et l’on a bien senti qu’elle a perdu pied entre janvier et avril 2012 ; son père lui-même notait des erreurs de stratégies. La victimisation et la quête des parrainages lui a fait perdre du temps et du crédit auprès des électeurs.

    Marine Lepen brillante en meeting ne résiste pas à la contradiction de ses interlocuteurs.

    En refusant le débat de France 2 avec Jean Luc Mélenchon elle a pris une posture hautaine qui est apparue comme un aveu de faiblesse. Dans l’émission de Laurent Ruquier, Marine Lepen a parlé d’instrumentalisation sur le « bal de Vienne » au lieu d’accepter de s’expliquer.

    Marine Lepen a éludé l’histoire de son parti, de son père, de ses liens avec des racistes ; or, le nouveau populisme moderne ne peut pas prospérer sans la rupture réelle avec les tenants du nazisme, de la collaboration, de la colonisation, et de la priorité nationale.

    Le risque Lepen demeure, car le désarroi des Français est profond, et que certains électeurs peuvent être tentés d’utiliser ce vote comme défouloir et repoussoir des politiques « classiques ». Voter FN apparaît encore comme un vote de protection.

    Les campagnes de François Hollande et Nicolas Sarkozy n’auront sans doute pas convaincu les électeurs frontistes de leurs capacités à protéger les français des défis du 21ème siècle ; pourtant, quelque soit les résultats du 22 avril 2012, Marine Lepen sortira affaibli de cette campagne.